
1. Négliger le gréement dormant : l’ennemi invisibleIl ne bouge pas, ne grince pas, ne fuit pas. C’est justement pour ça qu’on l’oublie. Le gréement dormant (haubans, étais, galhaubans) encaisse pourtant des charges considérables. Sous tension constante, exposé aux UV, à la corrosion et aux vibrations, il se dégrade lentement mais sûrement.Beaucoup de plaisanciers attendent que ça casse pour s’en préoccuper. Grave erreur. Une rupture en navigation peut avoir des conséquences désastreuses, notamment si le mât tombe.Un contrôle visuel deux fois par an est un strict minimum : cherchez les traces d’oxydation, les câbles effilochés, les fissures sur les embouts. Tous les cinq ans, faites appel à un professionnel pour une inspection complète, surtout si vous naviguez en conditions musclées ou si vous avez prévu une grande croisière.
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2. Reporter l’antifouling à la dernière minuteOn pense pouvoir gratter encore une sortie ou deux avant de s’en occuper. Et puis la météo change, les délais du chantier s’allongent, et la mise à l’eau approche plus vite que prévu. Résultat : une carène à moitié propre, un antifouling posé à la va-vite ou... pas posé du tout.Un voilier sans protection antifouling devient rapidement une petite île flottante : algues, coquillages, salissures ralentissent la vitesse, augmentent la consommation moteur et fatiguent le skipper à la voile.Mieux vaut anticiper : prévoyez une date de carénage bien en amont et choisissez un antifouling adapté à votre zone de navigation (et non le même produit chaque année “par habitude”). Et tant qu’à faire, vérifiez aussi les anodes : elles jouent un rôle crucial dans la protection contre l’électrolyse.

3. Oublier les passes-coques et vannes : petits détails, gros dégâtsOn les ouvre, on les ferme, et on les oublie. Pourtant, ce sont les points faibles du bateau. Un passe-coque mal entretenu ou une vanne bloquée peut rapidement se transformer en voie d’eau. Et sous l’eau, même une petite fuite devient un gros problème.Chaque année, toutes les vannes doivent être manipulées, nettoyées et lubrifiées. Les passes-coques en laiton vieillissent mal, surtout avec un courant électrique errant à bord. Un contrôle visuel ne suffit pas : testez l’ouverture et la fermeture, vérifiez les colliers de serrage et changez les flexibles craquelés. À noter que depuis quelques années, de nombreux chantiers préfèrent les matériaux composites ou l’inox marin, plus résistants à la corrosion.
4. Mal entretenir les batteries : le faux pas silencieuxAucun voyant rouge, aucune alarme… jusqu’au moment fatidique où le moteur refuse de démarrer, les feux s’éteignent ou le pilote automatique rend l’âme au pire moment. Les batteries, si elles ne sont pas surveillées, peuvent lâcher sans prévenir.Trop de bateaux naviguent avec des batteries partiellement mortes, mal chargées ou mal dimensionnées. Une batterie doit être testée régulièrement (tension à vide, capacité réelle) et maintenue propre et sèche. Des cosses oxydées, une mauvaise ventilation ou une décharge profonde peuvent suffire à la mettre KO.En hivernage, déconnectez-les ou utilisez un chargeur intelligent. Et au moment de les remplacer, évitez les modèles “bon marché” peu adaptés aux cycles de décharge répétés. Le prix d’une bonne batterie reste toujours inférieur à celui d’un remorquage.

5. Sous-estimer l’impact du sel : le corrodant omniprésentLa mer, c’est beau. Mais elle laisse partout un film de sel corrosif. Il s’insinue dans chaque recoin, attaque les winchs, les poulies, les taquets, les coulisseaux… et tout ce qui est métallique ou composite. Ne pas rincer son voilier à l’eau douce après chaque sortie, c’est accepter une lente dégradation du matériel.Certains équipements souffrent particulièrement : les fermetures éclair des capotes, les roulements de winch, les mousquetons d’écoute ou encore les moteurs de propulseur d’étrave. Un rinçage régulier, même rapide, prolonge leur durée de vie de plusieurs saisons. C’est aussi l’occasion de repérer une usure anormale ou un début de corrosion.
On aime son voilier pour ce qu’il permet : larguer les amarres, partir vers l’horizon, vivre des moments de liberté rares. Mais cette liberté a un prix : celui de l’entretien. Un bateau bien entretenu, c’est une navigation plus sûre, plus fluide, et moins de frais inattendus. En évitant ces cinq erreurs fréquentes, vous mettez toutes les chances de votre côté pour profiter pleinement de la saison, sans stress ni mauvaise surprise.