
1. Préparer sa visite comme un cahier des charges de chantierAvant même de réserver son billet de train ou d’hôtel, il faut structurer sa visite comme un chantier naval structurerait un programme de construction. Cela commence par une analyse précise de ce que vous venez chercher : êtes-vous en phase de pré-étude d’un achat ? En quête d’un équipement spécifique ? D’une solution énergétique pour l’autonomie à bord ? Ces réponses vont guider toute la stratégie de salon.À partir du plan des exposants (souvent disponible 2 à 3 semaines avant l’ouverture), identifiez les chantiers ou marques qui vous intéressent, et surtout les modèles réellement exposés sur place. De nombreux visiteurs perdent un temps précieux à chercher des bateaux qui ne sont tout simplement pas présents. La plupart des salons — comme celui de Cannes ou de La Grande-Motte — proposent en ligne une liste des unités visibles, souvent mise à jour quotidiennement en amont.Si vous êtes en phase d’achat, c’est ici que commence la sélection : dimension, tirant d’eau, volume de carène, motorisation, etc. Notez tous les critères importants pour vous, car ces éléments vont vous servir à comparer objectivement les modèles une fois sur place.
Retrouvez le calendrier des salons nautiques 2025, par ici.
2. Prendre rendez-vous pour des visites ou essais en mer avant l’ouverture du salonL’accès à certains bateaux est strictement réservé aux visiteurs ayant pris rendez-vous, et c’est particulièrement vrai sur les multicoques haut de gamme ou les unités à forte demande. Il est donc indispensable de contacter les chantiers ou distributeurs en amont (par e-mail ou via leur formulaire de salon) pour planifier une visite guidée ou, mieux encore, un essai en mer.Sur des salons comme l’International Multihull Show, certains constructeurs comme Outremer, Fountaine Pajot ou Windelo proposent des créneaux d’essai avant l’ouverture au public, parfois dès 8h30 le matin. Ces essais permettent de ressentir la carène, de tester la manœuvrabilité ou l’ergonomie du cockpit, des éléments impossibles à évaluer à quai. Et surtout, ces moments donnent souvent accès à un interlocuteur technique (chef de produit ou ingénieur chantier) beaucoup plus à même de répondre aux questions pointues qu’un simple agent commercial.

3. Élaborer une grille de questions techniques, personnalisée selon votre programme de navigationUne erreur fréquente des visiteurs est d’arriver en salon avec des questions floues ou trop générales. Or, les exposants sont souvent sur-sollicités, et ce sont les visiteurs précis et structurés qui obtiennent les réponses les plus complètes. Il est donc capital de préparer, en amont, une grille de questions techniques ciblées, en fonction de votre programme (cabotage, grande croisière, solo, transat, etc.).Par exemple, si vous comparez deux catamarans en vue d’une navigation longue durée :• Quel est le volume réel des réservoirs d’eau douce et de gasoil ?• Quelle est la consommation moyenne du dessalinisateur installé en standard ?• Le bateau est-il pré-équipé pour une éolienne ou des panneaux solaires ? Quelle est la capacité de la drosse de renvoi au cockpit ?• Quelle marge de personnalisation est possible sur le gréement courant ? Et à quel coût ?Préparez cette grille sous forme de tableau (papier ou tablette), cochez au fur et à mesure, et n’hésitez pas à photographier les éléments techniques pour croiser vos informations ensuite. Ce travail analytique vous permettra, à tête reposée, de prendre des décisions rationnelles et documentées.
4. Observer le détail des installations techniques à bord : là où tout se joueQuand on monte à bord d’un voilier exposé sur un salon, on est souvent happé par l’émotion — volume, design, finition. Pourtant, ce sont les détails techniques invisibles au premier coup d’œil qui font toute la différence sur le long terme. Là encore, il s’agit d’avoir le bon regard.Focalisez-vous sur l’accessibilité des systèmes (pompes, filtres, batteries), la qualité du câblage (repérage des fils, goulottes, fixations), l’ergonomie du tableau électrique ou encore la ventilation du compartiment moteur. Ce sont des postes où les économies de conception sont fréquentes… et rarement visibles à l’œil non averti.Un bon repère : si vous n’arrivez pas à accéder à un organe vital (pompe de cale, vannes, convertisseur), cela signifie que l’entretien sera compliqué en navigation réelle. Dans ce cas, demandez directement à l’équipe du chantier si des améliorations sont possibles ou si un aménagement sur-mesure est envisageable.

5. Explorer les zones techniques et les petits exposants En marge des grandes unités et des stands bien visibles, se trouvent souvent des exposants techniques moins médiatisés, mais porteurs de solutions très concrètes. Petits fabricants, fournisseurs spécialisés, artisans du semi-sur-mesure ou ingénieurs indépendants : ces acteurs proposent souvent des réponses ciblées à des problèmes que rencontrent réellement les plaisanciers expérimentés.À Saint-Malo, pour la première édition du salon, plusieurs entreprises bretonnes ont présenté des systèmes de chauffage marin autonomes adaptés aux petits voiliers, ou des solutions d’optimisation thermique pour les cabines aluminium. À Cannes, dans les zones secondaires du port Canto, ce sont des start-ups italiennes et néerlandaises qui ont exposé des batteries lithium compactes pour unités de moins de 30 pieds. Et au Grand Pavois de La Rochelle, on croise régulièrement des motoristes proposant des kits de conversion électrique conçus pour des coques existantes, et non pour des bateaux neufs.Ce sont ces zones — parfois moins spectaculaires mais beaucoup plus techniques — qui permettent de construire un projet réaliste et cohérent, en fonction de son propre bateau, de son budget, et de ses usages. Un plaisancier averti y trouvera non seulement des équipements adaptés, mais aussi des contacts clés pour un futur refit ou une grande traversée.
Le salon nautique n’est pas qu’un moment d’inspiration, c’est un moment de décision. Et plus la préparation est rigoureuse, plus l’expérience devient enrichissante. Une journée bien structurée dans un salon comme Cannes, La Grande-Motte ou Arcachon peut vous faire gagner des mois de réflexion… à condition d’y venir avec une stratégie claire, des outils de comparaison précis, et une capacité à aller au-delà du discours commercial.En maîtrisant ces cinq leviers, vous transformez votre visite en véritable acte d’expertise, que vous soyez plaisancier néophyte ou marin en projet de grande croisière. Car c’est bien cette posture rigoureuse, méthodique, mais curieuse, qui fera la différence entre une simple envie... et un projet concrétisé avec intelligence.
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