Une mer débordante d'énergie

Par Eric Mas

Elles ont été exceptionnelles ces vagues qui, pour le passage à la nouvelle année, se sont illustrées en toquant violemment à la porte de l’Europe, tout le long de sa façade ouest, depuis l’Écosse jusqu’au Portugal. D’où venaient-elles ? Où allaient-elles ? Que voulaient-elles ? Que pouvaient-elles nous apporter ?
 

Bien sûr les vagues sont filles du vent, et initialement elles ne font que transporter le message de leur géniteur qui, pendant cette période, a soufflé en tempête au milieu de l’Atlantique. C’est que lui-même recevait le renfort du grand souffle de sud-ouest après qu’il ait longé la côte des États-Unis sans pouvoir y pénétrer. Interdit de séjour sur ce continent déjà sous blocus de l’air glacial (-40° historique).

 

Tempête très forte, très vaste et très durable. La mer n’a fait que transférer ce qu’elle recevait : une énergie hors du commun. Elle est ainsi passée, selon les expressions de l’échelle Douglas, qui est à la mer ce que Beaufort est au vent, d’agitée à forte, puis très forte, grosse, énorme. Énorme, c’est-à-dire des vagues de plus de 14m. Ce que l’on fait de plus colossal en Atlantique Nord. Mais l'énergie d'une vague n'est pas que dans sa hauteur. Elle est aussi dans sa longueur et dans sa vitesse de voyage. Une vague moyenne, propulsée par une telle tempête mesure 12m de haut, 400m de long et voyage à 70 km/h. A cette vitesse, elle arrive du milieu de l’Atlantique en à peine plus d’une journée. Chaque train de vagues qui arrive sur nos côtes apporte avec lui une quantité d’énergie d’autant plus importante que sa vitesse est élevée.


L’assaut a donc été à la mesure de la tempête qui sévissait au milieu de l'Atlantique, elle-même sous l’influence de l’air glacial américain. Autant dire qu’une vague de froid pétrifiante sur le nouveau continent a expédié une multitude de vagues marines explosives sur le vieux continent.


Les américains ont dû consommer beaucoup d’énergie pour lutter contre le froid, nous en avons reçu plus que nécessaire.
Mais notre faiblesse est de n’être pas prêt à la récupérer, cette énergie. Il y a pourtant de nombreux développements qui s'y essayent avec des moyens différents le long des côtes européennes.
 

Les Portugais exploitent à la surface de la mer le « Pelamis ». Nom latin pour dire serpent puisque cet engin est composé de plusieurs cylindres (3,5m de circonférence) reliés entre eux sur une longueur totale d’environ 150 mètres. Les vagues provoquent la montée et la descente de chaque tronçon du serpent métallique et c’est au niveau des articulations que des pompes à huile récupèrent l’énergie qui est convertie en électricité.
 

Les Français ont décidé de travailler cachés et d’installer, entre 8 et 20 mètres de profondeur à la pointe bretonne, des Waverollers. Ce seront d’immenses battants qui, animés par le passage des vagues, produiront chacun la même quantité d’électricité qu’une éolienne de puissance moyenne.


Quelque soit l’outil retenu, l’homme a décidé d’appeler ces lieux de captage « ferme à vagues ». J’aurais mieux vu « ranch à vagues » car il s’agit plus de dompter la vague sauvage que d’en faire un élevage. Apprivoiser la vague… presque un langage de surfeur.


Ces vagues sauvages ne sont pas sournoises, comme peuvent l’être les vagues scélérates dont nous avons déjà parlé, puisqu’elles annoncent longtemps à l’avance leur arrivée. Mais, furieuses, elles mettent à mal certains de nos ports aguerris et trouvent peu de résistance sur nos faibles plages. En ce début d’année, franchissant les barrières, elles ont cassé de l’habitat et emporté quelques vies.
 

Si les tempêtes savent s’exprimer directement avec des records de vents (Lothar et Martin en 1999), elles le font aussi en surélevant de façon exceptionnelle le niveau de la mer (Xynthia en 2010), ou en envoyant des vagues ambassadrices.

Toute forme de tempête est un rappel à l’ordre.
 

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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