Le mouillage forain : une alternative à la saturation des ports ?

Il y a quelques dizaines d’années, le mouillage dit forain tolérait qu’un plaisancier mette lui-même un mouillage sur corps-mort. Cette pratique n’est plus possible : les mouillages sont réglementés et gérés le plus souvent par les municipalités qui reversent chaque année à l’État un montant de 66 euros par mouillage. Pour comprendre, nous avons interrogé les maires et les responsables de la gestion des mouillages de 10 communes situées sur l’estuaire de la Rance, où plus de 2000 bateaux y sont mouillés.

La loi sur les mouillages forains

Pratiquement tous les mouillages sont réglementés et gérés par les municipalités qui ont obtenu une A.O.T. (Autorisation d'Occupation du Territoire). Ceux-ci sont ensuite attribués aux plaisanciers qui peuvent être propriétaire de leur mouillage et responsable de son entretien, ce n’est pas une règle, mais en aucun cas ils ne sont propriétaires de l’emplacement qui reste attribué à la commune.

Les points communs à tous les mouillages :

  1. Renouvellement annuel de la demande en mairie, à l’exception de Saint-Jouan-des-Guérets. En l’absence de renouvellement, le demandeur est rayé de la liste d’attente.

  2. Lorsque l’on obtient un emplacement, on peut négocier le mouillage (corps-mort, chaîne et bouée) avec l’ancien propriétaire mais ce n’est pas une obligation. Dans le cas contraire, l’ancien propriétaire doit l’enlever à ses frais.

  3. On est propriétaire et responsable de son mouillage (exception Saint-Suliac et Saint-Samson) jamais de l’emplacement.

  4. Si on se sépare de son bateau, on doit le signaler à la mairie. En aucun cas, on ne peut le céder directement.

  5. Prêt gratuit du mouillage (durée à voir avec la mairie).

Pleurtuit : trois zones de mouillage

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Le mouillage de Montmarin à Pleurtuit : 170 mouillages.© Albert Brel

Cette commune gère trois zones de mouillage : Poriou (140 mouillages), Montmarin (170 mouillages) et Cancaval (30 mouillages). Actuellement, il y a 167 demandes en attente. A titre indicatif, le temps moyen pour obtenir un mouillage est de l’ordre de 4 ans. Pour un bateau de 9 à 10 m, il vous sera demandé annuellement 240 euros ainsi qu’un droit d’entrée de 119 euros (une seule fois). Sur aucune des trois zones, il n’y a de bouées d’attente. A Cancaval et à Poriou, on trouve un point d’eau et une borne électrique. La mairie a négocié avec le port des Sablons pour obtenir une réduction de 50% pour accéder à l’aire de carénage.

Saint-Jouan-des-Guérets : mouillages gérés par les associations

Cette commune dispose de deux zones de mouillage (A.O.T.), Saint-Helier et le Vallion qu’elle a délégué à des associations. Saint-Helier, géré par l’Association pour la Prévention et la Défense des Sites naturels de la Rance, dispose de 55 places pratiquement toutes en eau profonde. La liste d’attente est de 25 bateaux et le temps moyen de 5 à 6 ans. Le renouvèlement doit se faire annuellement (cotisation 5 euros/an), quant au prix annuel, il est de 85 euros quelle que soit la taille du bateau. La cale de la Passagère permet d’accéder au mouillage. Le mouillage du Vallion est géré par l’association C.U.M.V. Cette dernière ne nous a pas fourni d’informations.  

Langrolay : principalement des petits bateaux

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Environ 50% des mouillages sont en zone à échouage à Langroley.© Albert Brel

Langrolay dispose de deux zones : la grève du Roué (140 mouillages avec 2 places visiteurs) et la grève du Morlet (30 mouillages avec une visiteur). Environ 50% des mouillages sont en zone à échouage. A ce jour, la liste d’attente, consultable en mairie, est de 50 bateaux avec un temps moyen de 3 ans. Sur ces mouillages, il a principalement que des petits bateaux et 80% sortent de l’eau hors saison.

Minihic-sur-Rance : 3 chantiers à disposition

Le Minihic-sur-Rance dispose de deux mouillages l’un à la Landriais (89 places) et l’autre à Garel (150 places). La majorité des mouillages, à l’exception des premières lignes au fond des anses, sont en eau profonde. La demande pour obtenir un emplacement doit être faite à la mairie et renouvelée chaque année. La liste d’attente actuelle est de 50 bateaux et le temps pour obtenir une place de l’ordre de 3 à 4 ans. Lorsque l’on obtient une place, un droit d’entrée de 70 euros est demandé. La redevance annuelle est de 85 à 230 euros suivant la taille du bateau. On peut ou non négocier le mouillage avec l’ancien propriétaire mais ce n’est pas une obligation. Si on décide de mettre un nouveau mouillage, l’ancien propriétaire doit enlever le sien à ces frais. Cette commune dispose de 3 chantiers navals (La Landriais, le Grand Val et le Tanet) et un port à sec port Minic.    

Saint-Suliac : mouillage livré complet

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Le mouillage de Saint-Suliac dispose d'environ 110 places en eau profonde et quasi du même nombre à l'échouage.© Albert Brel

Le mouillage de Saint-Suliac dispose d’environ 110 places en eau profonde et quasi du même nombre à l’échouage. Ces places sont gérées par la municipalité qui prend en charge l’entretien des mouillages situés en eau profonde. A ce jour, il y a 40 demandes en attente. Quant au temps d’attente, il est variable car il dépend des départs. On peut estimer qu’il est au maximum de 5 ans mais cela peut être beaucoup plus rapide en fonction de la taille du bateau demandeur et de la place libérée. Il arrive même qu’il n’y ait pas d’attente. Lorsqu’une place est attribuée, il n’y a pas de corps-mort à racheter, elle est immédiatement opérationnelle. Quant à la redevance annuelle, elle est fonction de la taille du bateau. Pour un 10 m, comptez 750 euros. Le mouillage dispose de deux bouées d’attente visiteurs (renseignements à la mairie), de WC et d’eau sur le terre-plein. Pour l’hivernage, il est possible de faire tirer les bateaux au sec sur le terre-plein. Le stationnement est gratuit mais le grutage est à la charge du propriétaire. La liste d’attente est consultable en mairie. Bien que l’attribution se fasse par rapport à la date d’inscription, la taille du bateau a son importance en fonction de la place libérée.

La Ville-ès-Nonais : une surveillance des mouillages

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Port-Saint-Jean vu du pont à La Ville-ès-Nonais.© Albert Brel

Cette commune dispose de deux mouillages Vigneux (108 places) et Port-Saint-Jean (77 places), une partie de ces mouillages est à échouage, tous disposent de rack à annexes. La liste à ce jour est de 80 demandes et le temps d’attente moyen de 3 à 4 ans. Quant à la redevance annuelle, elle est de 182 euros pour un bateau de 6 à 10 m. Pour la saison estivale, la municipalité dispose de 4 mouillages qu’elle met en location pour un tarif unique de 500 euros pour cinq mois quel que soit le bateau. Tous les jours, le responsable de la municipalité (ancien marin) passe vérifier la présence des bateaux au mouillage. En cas de problème, il le signale au propriétaire. A notre connaissance, c’est la seule municipalité qui assure ce service.

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La Ville-ès-Nonais dispose de deux mouillages Vigneux (108 places) et Port-Saint-Jean (77 places), une partie de ces mouillages est à échouage.© Albert Brel

Plouër-sur-Rance : temps d’attente assez long

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A ce jour, la liste d'attente est de 90 bateaux et le temps est de l'ordre de 7 à 8 ans à Plouër-sur-Rance.© Albert Brel

La commune de Plouër-sur-Rance gère 3 mouillages : la zone portuaire (187 mouillages), le port Saint-Hubert (20 mouillages) et le Boixane (37 mouillages). Attention, tous ne sont pas en eau profonde. A ce jour, la liste d’attente est de 90 bateaux et le temps est de l’ordre de 7 à 8 ans. Il est demandé 15 euros annuellement pour le renouvellement de la demande. La zone portuaire dispose de sanitaire et d’eau ainsi que de trois bouées d’attente gratuites. La redevance annuelle pour un bateau de 6 à 8 m est de 116 euros et pour un de plus de 8 m de 140 euros.

Pleudihen-sur-Rance : envasement important

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Mordreuc à marée basse.© Albert Brel

La commune de Pleudihen dispose de 108 mouillages à Mordreuc. La liste d’attente à ce jour est de 40 bateaux et le temps moyen pour obtenir une place est de 3 à 4 ans. Une commission des mouillages ayant comme président le Maire a pour rôle d’examiner les demandes et d’attribuer les places en fonction de la date d’inscription. Cette commission examine également les demandes faites par les titulaires qui souhaitent changer d’emplacement. Ces demandes sont traitées prioritairement par rapport aux nouveaux entrants. Le Maire, que nous avons rencontré, nous informe qu’en aucun cas un mouillage ne peut être cédé sans passer par la commission. Cette obligation est-elle respectée ? Aux dires des plaisanciers ce n’est pas toujours le cas. Une cale (cote 10 m) permet en principe aux bateaux d’accoster mais des bateaux échoués sur la plage gênent l’accès. Mordreux est une zone qui s’envase d’année en année et, à la cote 6.5 m, la majorité des bateaux échoue. Côté commodités, il y a deux bouées d’accueil (bien souvent squattées), un point d’eau sur la cale et deux racks à annexes. A noter qu’un plaisancier doit occuper au minimum 3 mois par an son mouillage. Il vous en coûtera 204 euros par an pour un bateau de 10 m.

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La commune de Pleudihen dispose de 108 mouillages à Mordreuc. La liste d'attente à ce jour est de 40 bateaux et le temps moyen pour obtenir une place est de 3 à 4 ans.© Albert Brel

Saint-Samson-sur-Rance : une attente courte

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Le mouillage de Saint-Samson-sur-Rance est constitué de lignes de mouillage où les bateaux d?un tirant d?eau maximum de 1.50 m s?amarrent avant/arrière.© Albert Brel

Le mouillage de Saint-Samson dispose de 150 places et est situé sur la rive gauche de la Rance à la sortie de l’écluse du Chatelier en face du port du Lyvet. Il est constitué de lignes de mouillage où les bateaux d’un tirant d’eau maximum de 1.50 m s’amarrent avant/arrière. Il a l’avantage d’être abrité tout temps. Comme pour tous les ports, il y a une liste d’attente mais en règle générale le temps est relativement court (entre 6 mois et un an). Côté commodités, il dispose de sanitaires, de racks à annexe avec cale de débarquement. Pour les bateaux de passage, il est possible de faire une demande (en mairie) si l’on désire y séjourner un ou plusieurs jours. Quant au prix annuel, il est de 436 euros pour un bateau de 10 m.

Réaliser un mouillage

Il est constitué d’un bloc de béton (500 kg à 1000 kg), d’une chaîne mère (diamètre 22 à 27 mm), d’une chaine de mouillage (12 à 16 mm) dont les longueurs dépendent de l’emplacement et d’une bouée. Pour le mettre en place, on peut faire appel à une société spécialisée qui peut fournir l’intégralité du mouillage (corps-mort, chaine, bouée). A titre indicatif, avec le chantier TSM (Tanet Services Maritimes) du Minihic/Rance, un mouillage complet mis en place vous en coûtera environ 1200 euros. Ce chantier peut également effectuer tous les travaux (vérification, changement chaîne, etc.).

Notre avis

Un mouillage est une solution qui permet d’obtenir assez rapidement une place à un prix relativement intéressant. Mais, attention, il y a des contraintes. Il faut entretenir son mouillage, une chaîne a une durée de vie moyenne de 2 à 3 ans. De plus, tous les mouillages ne sont pas abrités tout temps et, bien souvent, il est conseillé d’hiverner son bateau à terre ou dans un port ; certains pratiquent des prix attractifs hors saison.

 

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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