A l’époque de la marine à voile, le cap de Bonne Espérance était plus clément que le cap Horn pour les navigateurs : des abords plus faciles, des conditions de mer et météo en général plus favorables. Ils ont en commun une importante fréquentation avec de nombreux passages de navires avec une destinée fracassée par l’ouverture des nouveaux canaux de Suez pour l’un en 1856, et de Panama pour l’autre en 1914. Et chacun avait un havre de paix, escale incontournable pour les navires et les marins sur leur longue et périlleuse route vers l’Orient. Pour le cap Horn, c’était Buenos Aires vers l’Ouest et Valparaiso vers l’Est ; pour le Cap de Bonne Espérance, c’était Cape Town...
© © Michel Ulrich
Cape Town est le site de nombreuses et extraordinaires aventures, vécues dans leur chair par tous ces marins, tous ces commerçants, tous ces soldats, tous ces autochtones et que dire des aventures fruits de leur imagination - Cape Town est le siège de toutes les légendes dont voici certaines des plus contées :
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L’habitant du phare de Green Point. Ce phare construit en 1824 est le plus ancien d’Afrique du Sud. Des rumeurs circulent qu’il est habité par un esprit unijambiste appelé « Dady West » - peut être la réincarnation d’un ancien gardien du phare en 1901, qui s’appelait réellement W.S. West. En tout cas, l’actuelle Directrice du phare en est si effrayée qu’elle n’y sort pas la nuit. L’Organisation Officielle d’Investigation sur le paranormal de Cape Town y a enregistré en 2014 une voix désincarnée à vous glacer le sang.
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Le restaurant Kitima. Il est installé depuis le 19e siècle dans une vieille demeure où vivait une jeune hollandaise, qui semble toujours occuper les lieux depuis 160 ans. La pauvre jeune fille aimait un soldat anglais qui s’est pendu dans le parc du manoir, lorsque son père lui a interdit de le rencontrer. Elle est morte juste après d’une crise cardiaque. Depuis, les casseroles tombent de leur étagère dans la cuisine et les lumières s’éteignent sans raison. Des clients aperçoivent une étrange silhouette de femme se tenant à une fenêtre du manoir et un jeune homme rôdant dehors autour des chênes du parc. Le restaurant laisse chaque nuit une table dressée pour eux avec de la nourriture et du vin. Beaucoup diront qu’il est possible de voir le couple assis là pour souper.
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- Le bateau « Hollandais Volant » au Cape Point. Cape Town a sa propre version du « Flying Dutchman » et de nombreux navigateurs relatent l’apparition macabre d’un bateau voguant dans les eaux sauvages autour de la pointe du Cap de Bonne Espérance les nuits de tempête. Le navire met à la mer des chaloupes occupées par des passagers fantômes qui remettent aux bateaux des lettres à remettre à leurs proches. C’est la légende d’un navire baptisé « Hollandais Volant » qui avait été pris dans une tempête près du cap en route entre la Hollande et l’Indonésie en 1641. Le Capitaine n’avait pas voulu rebrousser chemin, jurant passer la pointe déchiquetée du Cap. Le navire a sombré et les marins perdus en mer, devenant des fantômes qui tourmentent les bateaux croisés dans les eaux du Cap, les jours de tempête.
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- Le château du Cap de Bonne Espérance. Construit au 17e siècle, l’ancien château de pierre à une riche histoire ensanglantée - beaucoup y ont perdu la vie avec violence. Par nuit de brume, des âmes tourmentées parcourent les sentiers par temps glacial et lancent un regard sur les remparts ; la plus ensanglantée des apparitions est celle du fantôme furieux et maudit du Gouverneur Van Noodt, mort d’une crise cardiaque en ordonnant la pendaison de nombreux soldats. Son âme est condamnée à ne jamais abandonner les murailles de la forteresse qu’il a dirigée si durement suite à une malédiction lancée par un soldat juste avant d’être exécuté. On conte aussi l’histoire d’un fantôme qui saute du haut de la muraille et d’un grand chien noir qui disparaît lorsqu’on s’approche. Et aussi, des sons de voix se mélangeant dans le trou noir (Dark Hole), espace souterrain sans lucarne autrefois utilisé comme cachot et salle de torture. Enfin, la cloche de la tour barricadée et condamnée sonne de temps en temps sans raison, probablement actionnée par la corde du soldat pendu, dont l’âme jamais en repos est à l’origine de cet étrange et inexplicable carillonnage.
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- Les habitants mystérieux de Rust en Vreugd. Ce lieu, parmi les plus hantés du Cap, a été la demeure d’un officier méprisable et corrompu de la Compagnie des Indes Orientales hollandaise. Aujourd’hui, ce bâtiment est une galerie d’art et des visiteurs ont senti une tape sur leur épaule sans voir quelqu’un derrière eux. D’autres ont aperçu une silhouette féminine virevoltant d’une pièce à l’autre, ou d’une autre femme baissant les yeux depuis une fenêtre, avec un lit d’enfant vide à ses côtés. Même les chiens ne sont pas à leur aise devant une peinture de Lord Charles Somerset (Gouverneur anglais du Cap qui a résidé à Rust en Vreugd).
Ce sont donc quelques légendes, histoires fantastiques, assez récentes, quelques-unes maritimes parmi bien d’autres, qui donnent une âme à Cape Town.