Navires en fin de vie

Certains bateaux ont une vie dans l’au-delà, ce sont les bateaux fantômes : flying dutchman (Afrique du Sud), Yarmouth (Canada), Caleuche (Chili),… dont les silhouettes sont signalées de temps à autre, à ne pas confondre avec les épaves flottantes de bateaux disparus.
Pas seulement les marins, les habitants des côtes s’attachent aux navires. Les populations partout dans le monde portent une attention, voire un respect aux navires, surtout lorsqu’un jour, il ne peut plus naviguer pour ce qu’il a été conçu et fabriqué, souvent après une longue période de longues et valeureuses activités.
On envisage alors la fin de vie du navire : abandon, déconstruction, changement d’utilisation, exposition (musée, place publique), restauration, …
C’est le cas pour les bateaux de sauvetage après une très longue vie d’une quarantaine d’année. Dans le passé, le remplacement d’un bateau était la conséquence de la vétusté des coques en bois, et aussi de l’évolution technique (remplacement de la propulsion à rames par l’hélice), de l’arrivée de nouveaux matériaux plus faciles à entretenir et avec de meilleures performances (composite, aluminium).
C’est le cas à la station SNSM de l’Herbaudière (île de Noirmoutier) fondée en 1872, qui a vu se succéder plusieurs canots de sauvetage :
- Massilia - 27 ans en opération, vendu en épave non-navigable en 1899.
- Gabiou-Charron N°3 - 10 ans en opération, vendu avec son chariot en 1909.
- Arthur Viollette - 42 ans en opération, vendu en 1952, motorisé par son acheteur, marin-pêcheur et utilisé comme chaloupe de pêche.
- Georges Clemenceau N°1 - 39 ans en opération, cédé gratuitement en 1992 à la municipalité de Noirmoutier pour être exposé dans le cadre d’un musée maritime local. Stocké en épave, victime des intempéries.
- Georges Clemenceau N°2 - 32 ans en opération, a rejoint en 2024 la flotte de la SNSM à Boulogne-sur-mer en appui temporaire.
C’est avec une réelle amertume que l’équipage de la station a convoyé en mars 2024 le Georges Clémenceau II vers Saint Malo, lors d’une ultime traversée de 20 heures pour un trajet de 180 milles nautiques. Le navire a montré une remarquable vigueur, un de ses derniers soubresauts de sa vocation de navire de sauvetage.