
Le stress des grands jours était largement palpable, ce matin, sur le ponton du Vendée Globe. « On a tous pris rendez-vous pour ce départ il y a maintenant deux ans. Cette fois, on y est ! On rentre dans le vif du sujet et ça fait quelque-chose. Je ne sais d’ailleurs pas vraiment bien quoi. Le monde, le bruit, les encouragements… Les sentiments se bousculent. C’est, concrètement, le début d’une grande et belle aventure humaine. On s’est tous énormément préparé pour la course, mais la seule chose pour laquelle on n’a pas pu le faire, c’est pour l’émotion du départ. Ce qui est sûr, c’est que l’on a tous vraiment très envie d’y aller ! », a commenté Basile Bourgnon (975 – Edenred), peu avant de larguer les amarres. Un avis partagé par Léo Debiesse (966 – Les Alphas). « Il y a de l’excitation et un petit peu d’appréhension mais pour ma part, je suis globalement serein. Le bateau est prêt, la navigation aussi. Je sais où je vais. J’ai un plan très clair en tête. A présent, il va falloir s’amariner et se mettre dans le match le plus vite possible », a déclaré le marin originaire des Cévennes. De fait, les premières 72 heures de course s’annoncent relativement cruciales avec, dans l’ordre chronologique, un affaiblissement du vent dans la soirée, un virement important à placer la nuit prochaine en bordure de dorsale pour éviter de tomber dans la molle, un passage de front à négocier dans la nuit de mardi à mercredi, puis une bascule de vent à aller chercher pour se faufiler au mieux entre le cap Finisterre et le DTS (Disposition de Séparation de Trafic) éponyme.
Une traversée du golfe de Gascogne cruciale
« La traversée du golfe de Gascogne promet d’être assez compliquée en termes de stratégie. Il va falloir manœuvrer aux bons moments. Être rapide aussi. On va clairement avoir peu de temps pour se reposer jusqu’au passage de la pointe nord-ouest de la Galice, mais ça va être intéressant. Le jeu va très intéressant, mais surtout très ouvert. C’est d’autant plus vrai qu’après la latitude de Vigo, deux scénarii sont aujourd’hui possibles. Le premier pourrait nous faire descendre assez vite au portant jusqu’aux Canaries. Le second pourrait être un peu plus laborieux, avec beaucoup d’incertitudes. Il va donc falloir être dans la course tout de suite, et ne pas traîner pour rejoindre le cap Finisterre », a indiqué Pierre Le Roy (1019 – TeamWork), l’un des grands favoris de cette 23e édition dans la catégorie des prototypes. Ne pas rater son entrée en matière, tel est manifestement le mot d’ordre pour l’ensemble des 90 solitaires en lice, ce que confirme Tanguy Bouroullec (969 – Tollec MP/Pogo) : « Réussir à « dégolfer » rapidement sera assurément un point clé de cette première étape car après le cap Finisterre, la flotte risque de s’étirer par devant. Ce ne sera toutefois pas si simple de bien tirer son épingle du jeu. Il faudra notamment être prudent lors du passage du front annoncé dans la nuit de mardi. Celui-ci devrait être assez costaud, au près, avec des rafales à 30 nœuds, mais aussi et surtout beaucoup de mer. Il faudra faire attention à ne pas casser ».
Ne pas prendre trop de retard
Si mettre le curseur au bon endroit entre « préservation du matériel » et « vitesse » sera, comme toujours, l’une de clés de la réussite lors de cette Mini Transat EuroChef. Trouver le bon tempo en sera une autre. « Donner du rythme aux bons moments est clairement la consigne que je me suis donné cette année. C’est ce qui m’avait manqué il y a deux ans », a relaté Fabio Muzzolini (945 – Tartine sans Beurre), 6e en 2019, bien conscient de la nécessité d’être en phase avec les éléments et de placer les siestes dans les périodes les plus propices. « Si de petits écarts se créent avant le DST du cap Finisterre, il y a de grandes chances qu’ils s’agrandissent énormément dans les alizés portugais. Il va falloir être dans le bon wagon », a ajouté le marin franco-italien qui n’a pas raté son départ puisqu’il a enroulé la bouée de dégagement en deuxième position derrière Irina Gracheva (800 – Path) chez les Proto. « La Mini Transat est une course au temps. Au-delà de la place, ce qui va compter, c’est d’arriver aux Canaries avec peu ou pas de retard. On sait que gagner la première étape n’est jamais suffisant pour gagner l’épreuve, en revanche on sait que prendre du temps peut ensuite rendre les choses compliquées », a rappelé Léo Débiesse, actuellement lancé à la poursuite de la triplette Brieuc Lebec (914 – Velotrade) - Lennart Burke (943 – Vorpommern) – Julie Simon (963 – Dynamips), auteure d’un très joli début de course. Une course dont le dénouement est, à date, attendu dans la nuit de dimanche à lundi pour les premiers.