Clarisse Crémer (L'Occitane en Provence), une certaine idée de la persévérance

Course au large
Par Figaronautisme.com

Après un début de course rassurant, la navigatrice de L’Occitane en Provence a dû faire face à une avarie (fissure de cloison de J3) qui l’a obligé à s’arrêter aux Açores. Après cinq jours à réparer avec son équipe technique, Clarisse a repris la mer et pointe désormais à près de 660 milles de l’arrivée. Même si les conditions s’annoncent musclées sur sa route, elle aspire à terminer la course d’ici quatre jours, soit avant la fermeture de ligne le 20 mai prochain.

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Après un début de course rassurant, la navigatrice de L’Occitane en Provence a dû faire face à une avarie (fissure de cloison de J3) qui l’a obligé à s’arrêter aux Açores. Après cinq jours à réparer avec son équipe technique, Clarisse a repris la mer et pointe désormais à près de 660 milles de l’arrivée. Même si les conditions s’annoncent musclées sur sa route, elle aspire à terminer la course d’ici quatre jours, soit avant la fermeture de ligne le 20 mai prochain.

Elle a retrouvé les petits bonheurs simples de la navigation. S’élancer en course, être seul à bord, gérer sa météo, manœuvrer… Clarisse est repartie à nouveau en mer avec la concentration nécessaire, une pointe d’appréhension mais aussi la volonté de goûter à nouveau aux sensations uniques du large. Du bateau, rien que du bateau pour renouer le fil avec une aventure qu’elle aurait aimé uniquement sportive. « Mon principal objectif est d’avoir le sourire à l’arrivée et de ressentir à nouveau à quel point ces bateaux sont d’incroyables moyens de locomotion », expliquait-elle avant le départ.

« Sur le coup ça allait mais le lendemain, ça a été dur »

Ses premiers jours de course sont à la hauteur, Clarisse se rapproche même du ‘top 10’ dans la remontée vers l’Irlande. « Les premiers jours ont été conformes à mes attentes en matière de vitesse », confie-t-elle. Je n’étais pas trop malade en mer, j’arrivais à retrouver mes marques ». Elle assure à ce moment-là « ne pas se poser de question », ce qui peut être perçu entre les lignes, comme un soulagement qui fait tant de bien et qui rassure.

Et puis, parce que le large n’est jamais un long fleuve tranquille, nouvelle péripétie, technique cette fois. Au 4e jour de course, la skippeuse de L’Occitane en Provence effectue le tour du bateau pour tout vérifier après les deux fronts passés précédemment. C’est là qu’elle constate que la cloison avant du J3 avait été fortement fissurée sur près de 4 mètres. « J’ai réussi à être pragmatique, à échanger avec l’équipe et analyser la situation. Il fallait se résoudre à mettre la course entre parenthèses. Sur le coup ça allait mais le lendemain, ça a été dur ». Elle tourne une vidéo, la mine inquiète avant d’essuyer quelques larmes, épuisée. Il y a toutes les petites réparations qu’elle a effectué et puis la grandeur de la tâche qui l’attend, rallier les Açores, réparer, repartir, loin de l’effervescence de la course.

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Cinq jours d’escale et une réparation express

Clarisse met donc le cap à 500 miles plus au Sud, aux Açores. Elle s’amarre sur l’île de Faial, dans le port d’Horta. Là, c’est son équipe technique – huit personnes ont été mobilisées - qui débute une course contre-la-montre. « Ils ont réalisé un boulot de dingue en se relayant jour et nuit pour me permettre de repartir le plus vite possible ». Durant ces cinq jours sur place, Clarisse alterne entre « repos et suivi de chantier ». Un jour, elle s’autorise une balade « pour se changer les idées ». « C’est un endroit magnifique, j’aurai aimé le découvrir dans d’autres circonstances… Mais ça donne du baume au cœur ».

Vendredi dernier, ils sont 21 skippers IMOCA à avoir déjà bouclé la course dont le compagnon de Clarisse, Tanguy Le Turquais (Lazare, 11e), auteur d’une course exceptionnelle (1er bateau à dérives droites). C’est ce jour-là que Clarisse retrouve la mer. « L’escale aux Açores pouvait difficilement mieux se passer et puis je suis reparti dans des conditions presque idéales ». Il reste alors un peu plus de 1900 milles à parcourir jusqu’à l’arrivée.

Une fin de course haletante

Au lendemain de son nouveau départ, léger coup de moins bien. Psychologiquement, rien n’est facile. Il faut naviguer « en mode course et en mode safe », vivre avec l’angoisse de ne pas casser – « j’ai l’impression de ne pas avoir le courage d’affronter un nouveau pépin » - et puis elle se rend compte, aussi, qu’elle ne pourra faire l’aller-retour en Bretagne avant la course suivante et donc ne pas revoir sa fille. « Je n’avais pas prévu de la laisser aussi longtemps, ça fait mal au cœur ».

Fidèle à son tempérament quand les temps sont durs et les doutes s’amoncellent, Clarisse tient bon et fait face comme toujours. Hier, elle avait retrouvé la route empruntée par l’ensemble des concurrents en pointant à l’Ouest toute. Désormais, Clarisse a commencé à longer la zone de protection des cétacés située en son Nord et a composé avec les courants du Gulf Stream. Elle espère boucler la course d’ici quatre jours. « Clarisse tient des moyennes élevées et devrait donc arriver dans les temps (avant le 20 mai, fermeture de ligne) », assure Francis Le Goff, le directeur de course. Ça devrait lui permettre d’inscrire les milles nécessaires en vue de sa participation au Vendée Globe mais aussi de parvenir à bien se reposer et préparer son bateau avant la transatlantique retour.

Avant de pouvoir souffler, la fin de sa course s’annonce néanmoins copieuse. Au programme : l’avant d’une dépression à dépasser ce mardi, une phase de transition, du vent fort, une dorsale à négocier… « J’ai quasiment un nouveau système à traverser chaque jour d’ici l’arrivée », confie la navigatrice. Et elle conclut, en chassant les quelques doutes qui restent, par de l’optimisme : « j’arrive à avoir un bon rythme, à faire des manœuvres propres. Globalement ça va ! »

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LE POINT SUR LA COURSE. Cinq skippers encore en course !

Le prochain bateau attendu sur la ligne d’arrivée, c’est celui de Patrick Isoard, qui devrait ainsi s’imposer en catégorie Vintage. Uship pour Enfants du Mékong est à moins de 175 milles de la ligne. Actuellement dans une zone moins ventée, il devrait la franchir dans moins de 24 heures. L’autre engagé en catégorie Vintage, FAIAOAHE (Rémy Gerin), a dépassé la mi-course et progresse dans un flux constant de Sud qui va s’intensifier ce mardi.

Chez les IMOCA, en plus de Clarisse Crémer, Oliver Heer (Oliver Heer Ocean Racing, 25e) a bien progressé à près de 290 milles de la ligne. Il devrait néanmoins « buter dans une zone un peu moins venteuse en fin de journée », explique Francis Le Goff, le directeur de course. Enfin, dernier Class40 engagé, Anatole Facon (Good Morning Pouce) montrait une belle allure, parcourant près de 200 milles par jour. « S’il continue de bien travailler et de cravacher comme il le fait, Anatole peut arriver avant la fermeture de ligne même si ça s’annonce serré. »

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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