Les classes de voiliers qui dominent les courses au large : entre légendes et innovations

Course au large
Par Figaronautisme.com

Des IMOCA filant à plus de 30 nœuds aux Ultims défiant les lois de la gravité, les voiliers de course au large sont bien plus que de simples bateaux : ce sont des machines à rêves. Mais quelles sont ces classes qui électrisent les océans et passionnent les foules ? Voyage au cœur des flottes qui font vibrer les marins et leurs fans.

©Eloi Stichelbaut / Polaryse
Des IMOCA filant à plus de 30 nœuds aux Ultims défiant les lois de la gravité, les voiliers de course au large sont bien plus que de simples bateaux : ce sont des machines à rêves. Mais quelles sont ces classes qui électrisent les océans et passionnent les foules ? Voyage au cœur des flottes qui font vibrer les marins et leurs fans.

Les IMOCA : les stars du Vendée Globe

S’il fallait choisir une classe qui incarne l’essence même des courses au large, ce serait sans doute l’IMOCA. Ces monocoques de 60 pieds (environ 18,28 m) sont taillés pour les défis les plus fous, comme le mythique Vendée Globe, un tour du monde en solitaire sans escale ni assistance. Mais attention, derrière leur apparence élégante se cachent des engins redoutables.

Depuis l’apparition des foils, ces appendices qui permettent littéralement de « voler » au-dessus de l’eau, les IMOCA ont franchi un cap technologique impressionnant. En 2016, Armel Le Cléac’h a pulvérisé le record du Vendée Globe à bord de Banque Populaire VIII, bouclant le tour du monde en seulement 74 jours. « La première fois que j’ai vu mon bateau décoller à pleine vitesse, j’ai eu la chair de poule », raconte Thomas Ruyant, skipper de Vulnérable. « C’est grisant, mais aussi terriblement exigeant. À ces vitesses, la moindre erreur peut coûter cher. »

Les IMOCA, c’est aussi une histoire d’héroïsme. Qui peut oublier Jean Le Cam, sauvant Kevin Escoffier dans l’océan Austral en 2020, lorsque ce dernier a dû abandonner son bateau après un naufrage spectaculaire ? Ou encore les récits de démâtages spectaculaires, comme celui de Sam Davies cette même année, poursuivant son aventure hors compétition pour l’association Initiatives-Cœur. Ici, chaque course est une aventure humaine autant qu’une performance technique.


Les Ultims : les géants volants

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Dans le monde des multicoques, les Ultims règnent en maîtres. Ces trimarans gigantesques, qui mesurent jusqu’à 32 mètres, repoussent les limites de la vitesse. Capables de dépasser les 45 nœuds, ils incarnent la quête de l’extrême. « Quand tu es à la barre d’un Ultim, tu ne pilotes pas un bateau, tu pilotes un avion au ras de l’eau », résume François Gabart, vainqueur de la Route du Rhum 2014 à bord de Macif.

Ces monstres des mers brillent particulièrement lors de courses comme la Route du Rhum, où François Gabart a également établi un temps de référence impressionnant en 2018, ou encore le Trophée Jules Verne, un record autour du monde en équipage. En 2017, Francis Joyon et son équipage à bord de IDEC Sport ont établi un record encore inégalé en bouclant ce périple en seulement 40 jours. Mais cette puissance a un prix : les Ultims sont aussi fragiles qu’ils sont rapides. Armel Le Cléac’h a connu une avarie majeure en 2022, lors de la Route du Rhum, la dérive de son Ultim s’étant cassé en plusieurs morceaux. « On navigue toujours avec un pied sur l’accélérateur et l’autre sur le frein », avoue le skipper de Maxi Banque Populaire XI. Et si les exploits des Ultims impressionnent, ils nous rappellent aussi les risques de la course au large.


Les Class40 : la diversité et l’accessibilité

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© Alexis Courcoux


À mi-chemin entre la haute technologie et l’accessibilité, les Class40 séduisent de nombreux skippers. Ces monocoques de 12 mètres, moins coûteux que les IMOCA ou les Ultims, offrent une porte d’entrée idéale pour les marins qui rêvent de courses au large. « Avec un Class40, on peut vivre une aventure extraordinaire sans exploser son budget », explique Kévin Bloch, jeune navigateur en route pour la Transat Jacques Vabre. Les Class40 sont aussi le théâtre de batailles serrées. En 2022, Yoann Richomme a remporté la Route du Rhum dans cette catégorie après une lutte acharnée, démontrant une fois de plus que ces bateaux offrent un mélange parfait de vitesse et de tactique. « C’est comme une régate… mais sur 4 000 milles », plaisante Corentin Douguet, qui connaît bien cette classe. Les marins y apprennent l’endurance, la stratégie et la patience, des qualités qui leur serviront pour gravir les échelons.


Les Figaro 3 : la formation des champions

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S’il y a une classe qui fait l’unanimité pour sa capacité à révéler des talents, c’est bien celle des Figaro 3. Ces monotypes de 10 mètres, utilisés notamment pour la Solitaire du Figaro, mettent tous les skippers sur un pied d’égalité. Ici, pas de technologie ultra-sophistiquée : seule la maîtrise de la tactique et des réglages fait la différence. « Le Figaro, c’est la meilleure école de la voile de course », affirme Loïck Peyron, qui a lui-même brillé dans cette catégorie. Les meilleurs marins français, de Michel Desjoyeaux à Armel Le Cléac’h, sont passés par là. En 2023, Tom Dolan s’est illustré en remportant l’épreuve, confirmant la tradition de cette course comme creuset des futures stars, et en étant le 3ème vainqueur étranger sur les 55 éditions. « On dort à peine, on mange sur le pouce, mais quelle satisfaction de franchir la ligne ! », confie Alexis Loison, habitué des podiums.


Les Ocean Fifty : des multicoques agiles

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© Vincent Olivaud


À côté des impressionnants Ultims, les Ocean Fifty (anciennement Multi50) proposent une alternative plus modeste, mais tout aussi passionnante. Ces trimarans de 15 mètres offrent des performances impressionnantes et des duels spectaculaires. « On a l’impression d’être sur une Formule 1 des mers, mais avec un budget de moto », plaisante Quentin Vlamynck. Les Ocean Fifty brillent lors de courses comme la Route du Rhum ou la Transat Jacques Vabre, où ils rivalisent en vitesse et en stratégie. Leur agilité et leur polyvalence séduisent de nombreux skippers, attirés par une navigation dynamique mais moins coûteuse que celle des Ultims.


Les Mini 6.50 : les rêves commencent ici

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Enfin, impossible de parler de course au large sans évoquer les Mini 6.50, ces voiliers de poche qui, du haut de leurs 6,50 mètres, sont à l’origine de bien des vocations. Leurs skippers s’élancent pour des aventures démesurées, comme la Mini-Transat, une traversée de l’Atlantique en solitaire sans assistance. « C’est un peu le Far West de la voile », s’amuse Benoît Marie, vainqueur de la Mini-Transat 2013, lors de sa première transatlantique. « Tu pars avec peu de moyens, beaucoup de courage, et la certitude que tu vas en baver. Mais quelle fierté quand tu touches terre ! » Les Mini 6.50, c’est la classe où tout commence, mais où rien n’est facile. Un véritable rite de passage pour les marins.

Une diversité qui fait la richesse de la course au large

Des Ultims futuristes aux Mini rustiques, les classes de voiliers de course au large offrent une incroyable diversité. Chacune a son caractère, ses défis, et ses héros. Mais toutes partagent une même passion pour l’océan, l’aventure, et l’innovation. Comme le dit si bien Jean Le Cam : « Peu importe le bateau. Ce qui compte, c’est ce que tu ressens quand tu es seul face à la mer. »

Alors, quelle classe fera battre votre cœur ?

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…