Route du Rhum – Destination Guadeloupe : Les skippers Guadeloupéens pas épargnés

Les trois jours de répit à la suite du départ décalé du dimanche 6 au mercredi 9 novembre avaient donné des ailes à l’un des grands espoirs de la voile ultra-marine, Keni Piperol. Sur son Class40 (Cap’tain Alternance) flambant neuf signé Marc Lombard et construit par son mentor Lalou Roucayrol il prend un départ prudent et passe la bouée du Cap Fréhel en milieu de flotte (24ème). Mais à la pointe Bretagne, alors que de nombreux concurrents tirent un contre-bord stratégique au Sud, le Mornalien persiste un peu plus au Nord sur l’orthodromie et se retrouve en tête des 55 concurrents 24 heures après le départ, une position qu’il tient jusqu’au petit matin du lendemain. Le recalage au Sud lui coûte bien quelques places, mais deux jours après le coup de canon libérateur il est encore septième, confirmant tous les espoirs mis en lui. Malheureusement, le 12 novembre au matin, victime d’une voie d’eau, décision était prise de mettre le cap sur La Corogne en Espagne. Ne s’avouant pas vaincu, à peine arrivé des réparations sont entamées par l’équipe de Lalou Multi, et le Guadeloupéen espère reparti demain mercredi 16 vers Pointe à Pitre. Affaire à suivre donc…
Le départ a été plus compliqué pour Rodolphe Sepho. Dès la première nuit, son Imoca heurte un Ofni détruisant son foil tribord et endommageant l’ancrage de haubans en extrémité d’outrigger sur le même bord. Aphone mais pas démoralisé, Rodolphe fait escale à Roscoff pour réparer ce qui peut être réparé et sept heures derrière ses camarades de jeu il reprend la mer. A l’échelle de ces monocoques de soixante pieds hyper-compétitifs, c’est un gouffre, mais Rodolphe ne lâche rien. Aujourd’hui 32ème, il pourrait profiter de sa position très Est toucher plus de vent que certains de ses concurrents et gagner quelques places avant d’arriver du côté de Basse-Terre, lui le natif de Goyave. Juste dans son sillage, à l’approche de l’île de Madère, le doyen des Guadeloupéens, Willy Bissainte (Tradisyon Gwadloup) réalise quant à lui une superbe course dans la catégorie Rhum Mono. Sur son vieux (2002) 50 pieds dessiné par Berret-Racoupeau, il est sur le podium de sa catégorie (Rhum Mono), derrière les intouchables Jean-Pierre Dick et Catherine Chabaud qui naviguent sur des bateaux autrement plus performants. Bien positionné, avec une relativement confortable avance sur ses poursuivants, cette quatrième participation pourrait être synonyme de très bon classement pour celui qui avait déjà terminé 6ème en Class40 en 2016.
Mais les candidats les plus malheureux à cette Route du Rhum sont sans conteste David Ducosson et Sacha Daunar. Ce dernier a dû faire demi-tour peu après le départ, victime d’une violent otite qui l’a contraint à se faire soigner sur Saint-Malo. S’il n’a pas encore officiellement signifié son abandon à la Direction de Course, la présence du bateau encore ce jour dans la Cité Corsaire laisse à penser que cette première tentative ne sera pas la bonne pour le champion Caribéen sur son Pogo 40 S2. Quant à David Ducosson, après un premier arrêt à Brest, son trimaran Trilogik – Dys de Cœur (Rhum Multi) est toujours en escale à Lorient. Il guette une fenêtre météo favorable pour repartir, probablement pas avant jeudi, maintenant que son problème de pilote semble réglé. Les Guadeloupéens d’adoption ou de cœur n’ont pas été plus fortunés, entre le chavirage de Thibaut Vauchel-Camus et le démâtage de Damien Seguin.