Transat Jacques Vabre Jour 1 - Focus IMOCA : Apivia déjà devant

Premier à franchir la ligne de départ, premier à la bouée d’Etretat moins d’une heure après le coup de canon libérateur, Apivia est, après 24h de course, toujours en tête à quelques encablures de la pointe de la Bretagne. La route reste longue, 5 500 milles encore jusqu’à Fort de France en Martinique via Fernando de Noronha. Mais le duo de trentenaires, 37 ans pour Charlie, 39 pour Paul, a déjà marqué les esprits. Prendre en si peu de temps, 20 milles nautiques à toute la flotte extrêmement compétitive de la classe Imoca, n’est pas anodin. Confiant dans le potentiel de leur bateau, les deux marins ont su se jouer des forts courants contraires et du vent faiblissant pour, d’entrée, prendre les devants. Remis en état après un tour du monde éprouvant, leur 60 pieds n’a fait l’objet que de peu de modifications en dehors d’un cockpit encore plus fermé, d’un meilleur coussin pour dormir et d’une deuxième cuillère pour manger ! Que du « confort » en plus en quelque sorte, mais au service de la performance visiblement, car les deux compères sont partis pied, visiblement, pas du tout émoussés par leur semaine d’avant-course hyperactive.
Charlie Dalin, prophète en son pays
Car pendant 10 jours, le Havrais d’origine et son co-skipper ont été l’objet de toutes les attentions, y compris du célèbre maire de la ville. Ils ont même embarqué Edouard Philippe naviguer à bord de leur fusée noir-blanc-jaune. Vendredi encore, ils répondaient aux nombreuses questions des journalistes, aux côtés de représentants d’Apivia, comblés par ces deux premières années de partenariat. Charlie affichait une sérénité et surtout une confiance absolue dans son bateau. Oubliés les soucis de foil qui lui ont sans doute coûté la victoire dans le dernier Vendée Globe. Digérée cette deuxième place officielle, lui qui avait terminé premier sur la ligne aux Sables d’Olonne. Yannick Bestaven bénéficiant d’une compensation en temps pour avoir été porter secours à Kevin Escoffier, ce sera lui le premier. Charlie ne sourcille pas, félicite son rival, faisant la preuve d’une très grande classe dans un dénouement tellement cruel pour le compétiteur qu’il est.
En attendant Apivia 2…
Archétype du skipper moderne Charlie Dalin sait tout faire : compétences techniques, régatier hors-pair, communiquant convainquant, Apivia, filiale du groupe Macif a choisi le bon candidat pour révéler sa marque au grand public. Depuis la maison-mère a réduit la toile, obligeant François Gabart à trouver un nouvel armateur pour le trimaran géant pourtant commandé. Apivia continue et fait même construire un nouveau bateau. Parce qu’au départ du Vendée Globe 2024 la conception de l’actuel bateau aurait eu 6 ans, que les choses évoluent vite et qu’il veut y retourner pour faire mieux et donc gagner Charlie était convaincu qu’il fallait un nouveau bateau. Sous le charme rationnel du travail et des résultats engrangés depuis 2019 Apivia a suivi. Comme on ne change pas une équipe qui gagne, Apivia 2 sera dessiné par Guillaume Verdier et Mer Concept assurera la gestion technique. Charlie est plus que jamais impliqué. Il aime la compétence et la sobriété de l’équipe réunie. Il se méfie des options architecturales trop extrêmes. Impossible en revanche, d’en savoir beaucoup plus sur le futur bateau, s’il aura un nez un peu plus arrondi ou non. Quant à la question de savoir à qui sera vendu l’actuel Apivia, qu’elle soit posée en français ou en anglais, la réponse, très souriante au demeurant, est invariable : « Wait and see ». Mais il se dit que le bateau serait promis à Clarisse Cremer. Alors peut-être est-ce pour cela que le talentueux Paul Meilhat a préféré quitter la table quand ce sujet a été abordé ? Vainqueur de la dernière Route du Rhum en Imoca, celui que tout le monde s’arrache au moment de former un duo ne rêve que de Vendée Globe. Mais malgré son immense talent il peine à décrocher un partenaire à la hauteur de ses ambitions. Une victoire dans cette Transat Jacques Vabre ne pourrait qu’aider. Charlie, Paul et Apivia sont bien partis.
Pour plus d'articles sur la Transat Jacques Vabre, découvrez le dossier de la rédaction !