Transat Paprec : le combat des chefs

Une situation météo complexe
Toutes les cartes météo montrent une longue bande de vent très faible qui s’est formée des Antilles jusqu’au coeur de l’Atlantique. Les alizés, ces vents porteurs, vont donc « s’écrouler » comme le confiait Yoann Richomme hier. Mais cette zone semble moins conséquente qu’il y a quelques jours. « Même si le vent y est plus faible et que les incertitudes demeurent, il y a encore un peu d’air à son passage », précise Francis Le Goff, le directeur de course. Les skippers pointent encore à plus de 800 milles nautiques (1480 km) de là mais tous réfléchissent déjà à la façon d’être le moins ralentis possible en la traversant.
La stratégie des skippers en question
Les marins ont donc deux priorités : parvenir à faire le bon choix en matière de trajectoire et surtout ne pas perdre le rythme actuel. En effet, la situation est tellement complexe dans les jours à venir qu’il convient de l’aborder avec le moins d’écart possible par rapport aux autres. « Tous savent qu’il est nécessaire de ne pas prendre de retard, ça peut se payer cher ensuite, précise Francis Le Goff. Ensuite, quelle trajectoire choisir ? « On voit qu’il y a beaucoup d'hésitations. Personne n’a envie de se tromper et de gâcher toute l’énergie déployée depuis le début de course en faisant un mauvais choix ». Résultat : « les grandes décisions sont toujours remises à plus tard ». « On a l’impression qu’ils les repoussent au maximum », sourit Francis. Les conditions du moment, avec un flux de 14 à 18 noeuds cet après-midi, sont d’ailleurs propices à continuer à progresser sans pour autant acter définitivement la route à adopter.
Un léger avantage pour le trio de tête
Les classements et la cartographie démontrent clairement qu’un trio de bâteaux se détache ces dernières heures. Wings of the Ocean (Alexis Thomas et Pauline Courtois), Skipper Macif (Charlotte Yven et Hugo Dhallenne) ainsi que Cap St Barth (Cindy Brin et Thomas André), les trois situés le plus au Nord, comptent plus d’une vingtaine de milles nautiques d’avance (37 km) sur leurs poursuivants.
Certes, le vent est légèrement plus fort que prévu aujourd’hui pour ceux qui sont plus au Sud, à une cinquantaine de milles nautiques (92 km) en latéral. Mais le trio de tête a pris un avantage qui n’est pas que stratégique. « Ils ont réussi à marquer les esprits, à démontrer qu’ils étaient dans le bon rythme de la météo, de la course, assure ainsi Francis. Ils font les bons enchaînements, ne ratent pas leurs coups... Il est important de ne pas sous-estimer la portée psychologique de leurs choix ». Ce petit ascendant a des conséquences très concrètes : cela donne un surplus de motivation pour faire preuve de clairvoyance, rester dans la course, ne pas céder à l’euphorie... Et continuer de rester aux avant-postes. Par ailleurs, le fait qu’ils soient aussi proches « crée de l’émulation et les poussent à donner toujours le meilleur », un autre léger avantage par rapport aux autres.
Un suspense encore très élevé
Malgré l’avance des trois premiers, qui s’établit donc autour de 30 milles nautiques (55 km), les écarts sont toujours faibles. Ainsi, seulement 40 milles nautiques (74 km) séparent la 4e place (Martin Le Pape et Mathilde Géron, DEMAIN) de la 12e place (Maël Garnier et Catherine Hunt, Selencia - Cerfrance). « Pour l’instant, rien n’est rédhibitoire », souligne Francis Le Goff. Un constat qui est aussi lié à l’aspect technique, tous les concurrents n’ayant pas forcément communiqué sur leurs problèmes techniques, ce qui pourrait avoir un impact d’ici l’arrivée.
Des arrivées "entre le 8 et le 10 mai prochain"
Au départ de la course, l’arrivée des premiers était prévue vers le mercredi 7 mai prochain. La situation complexe en fin de course avait poussé à considérer une première arrivée le dimanche 11 ou le lundi 12 mai. Mais depuis, « les routages ont gagné un petit peu » dixit Francis Le Goff. Le directeur de course évoque « une phase de stabilisation » avec des premières arrivées qui pourraient avoir lieu « entre le jeudi 8 en fin de journée et le samedi 10 en début de matinée ». D’ici là donc, tout reste encore à faire !
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