Vendée Globe 2024-2025 : une édition plus internationale que jamais

Par Figaronautisme.com / Imoca Globes Series - Ed Gorman

L'édition 2024-2025 du Vendée Globe sera marquée par une participation record de navigateurs non-français. Cette course mythique en solitaire autour du monde, qui s'élancera des Sables d’Olonne le 10 novembre, verra 14 des 40 participants venir de l’étranger, une première depuis la création de l'épreuve en 1989.

Avec 14 des 40 concurrents venant de l’étranger, le Vendée Globe 2024-2025 s’annonce plus international que jamais. Des navigateurs de Suisse, Hongrie, Grande-Bretagne, Japon, Italie, Nouvelle-Zélande, États-Unis, Belgique et Allemagne seront présents, avec, pour la première fois dans l’histoire de la course, un concurrent chinois.

Certains des marins non-français se classent parmi les plus compétitifs à bord des bateaux à foils. On y retrouve notamment l’Allemand Boris Herrmann (Malizia-SeaExplorer), les Britanniques Sam Davies (Initiatives-Cœur) et Sam Goodchild (Vulnerable), tous en quête de devenir les premiers skippers étrangers à décrocher la victoire.

Antoine Mermod, président de la Classe IMOCA, souligne cette tendance grandissante vers une participation internationale. « Nous sommes ravis de voir autant de marins internationaux relever ce défi du Vendée Globe », déclare-t-il. « J'espère que les exploits de ces hommes et femmes cet hiver inspireront de nouveaux solitaires pour 2028. »

Parmi les concurrents étrangers, Szabolcs Weöres, deuxième Hongrois à participer au Vendée Globe, attire l’attention. Il marche dans les pas de Nándor Fa, pionnier hongrois de la course en solitaire, qui a participé à trois éditions, en en terminant deux. Weöres, qui considère Fa comme son mentor, s’inspire de son parcours. « Il m’a énormément aidé. Son expérience en IMOCA a été précieuse dès le début », explique-t-il.

Âgé de 51 ans, Szabi Weöres, athlète ayant participé à six Ironman, naviguera à bord de New Europe, un IMOCA conçu en 2012. Son objectif est clair : terminer la course, mais il ne cache pas son esprit de compétition. « Mon rêve est de terminer le Vendée Globe, mais je veux aussi me mesurer aux autres, même si ce sera sans doute dans la troisième partie de la flotte. Je veux exploiter pleinement le potentiel de mon bateau », confie-t-il.

La délégation suisse sera la plus importante parmi les non-français, avec trois skippers : Alan Roura (Hublot), Oliver Heer (Tut Gut.Sailing) et Justine Mettraux (Teamwork-Team SNEF). « C’est incroyable, c’est la première fois que la Suisse est représentée par trois navigateurs », se réjouit le skipper d'Hublot. À 31 ans, il se prépare pour son troisième Vendée Globe après deux participations où il s'est classé à la 12e et 17e place.

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© Jean-Louis Carli / IMOCA

La Suisse, un pays sans accès à la mer, s'est pourtant imposée comme une nation phare dans la course au large. Ce phénomène remonte aux années 1980 avec la participation de trois équipages suisses à la Whitbread Round-the-World Race, l’ancêtre de The Ocean Race. Ce passage des équipages aux courses en solitaire a donné naissance à des figures légendaires comme Dominique Wavre et Bernard Stamm.

« On est tombé amoureux de la course au large », confie Alan Roura. « Naviguer sur le lac Léman, c’est bien, mais petit. Quand on goûte à la navigation en solitaire, on veut toujours plus. Le Vendée Globe est devenu une véritable aspiration suisse. »

Les trois skippers helvétiques se connaissent bien. Alan Roura a fait la Mini Transat 2013 avec Justine Mettraux, et lorsqu’il a acheté l’ancien Hugo Boss d’Alex Thomson, Oliver Heer en était le boat captain. Bien que rivaux, ils restent amis. « Nous discutons souvent, on se connaît depuis longtemps », explique Alan Roura.

Comme d’autres navigateurs, Roura a apporté de nombreuses modifications à son IMOCA avant cette édition, ajustant la proue, la quille et la répartition des ballasts pour tenter d'améliorer les performances de son bateau. Il espère rivaliser avec des skippers comme Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence), Pip Hare (Medallia) ou Damien Seguin (Groupe APICIL).

Roura aborde cette édition avec un nouvel état d’esprit. « Pour mon premier Vendée Globe, je ne pensais pas à la performance, juste au plaisir. C’était incroyable. Pour le second, j’étais trop focalisé sur la compétition et j’ai perdu cet esprit. Cette fois, je veux retrouver cette joie de naviguer. C’est ainsi que je donnerai le meilleur de moi-même », explique-t-il. « J’ai appris que chaque heure peut être la dernière de la course, alors il faut profiter de chaque instant. »

Les navigateurs italiens, historiquement bien représentés dans le Vendée Globe avec six participations (dont 2024), n’auront cette fois encore qu’un seul représentant : Giancarlo Pedote, qui a terminé huitième il y a quatre ans à bord de Prysmian.

Giancarlo Pedote, bien qu’Italien, ne ressent plus aussi fortement la distinction liée à sa nationalité. Installé à Lorient en Bretagne, depuis 2012, où est basée la Classe IMOCA, il estime que cette différence s'est estompée. « Bien sûr, je suis Italien, je suis un étranger et je représente mon pays, mais cela n’est plus aussi évident qu’avant dans la Classe, surtout après avoir vécu ici si longtemps », confie-t-il.

Ce marin de 48 ans, originaire de Florence, bénéficie d’un large soutien en Italie et d’une couverture médiatique croissante. « Ma carrière a débuté avec le Mini 6.50 et, avec le Vendée Globe, ma base de fans ne cesse de grandir. Je m’efforce de communiquer chaque jour sur mon aventure, mon programme, la course et mes entraînements. Et je constate que les gens suivent, c’est gagnant-gagnant de participer à une course d’une telle ampleur », explique-t-il.

À l’instar d’Alan Roura, Giancarlo Pedote a apporté d’importantes modifications à son bateau, notamment avec une nouvelle proue et de nouveaux foils. Il espère que ces ajustements feront la différence dans les conditions difficiles de l’océan Austral. Toutefois, il se garde bien de fixer un objectif précis en termes de classement, préférant laisser le sort « entre les mains de Dieu ».

« Nous naviguons encore avec les bateaux de la génération 2015, mais je suis très content du refit. J’adore ce bateau, et je pense qu’il a un bon potentiel pour offrir de belles performances. Il est solide, nous avons renforcé plusieurs zones, et je crois avoir les clés pour faire mieux », souligne-t-il.

Cette édition 2024-2025 du Vendée Globe marque également un tournant avec une participation asiatique inédite. Le Japonais Kojiro Shiraishi s’alignera pour la troisième fois au départ avec son bateau DMG Mori Global One, tandis que Jingkun Xu, marin chinois originaire de Qingdao, tentera de devenir le premier Chinois à terminer la course, à bord de Singchain Team Haikou.

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Au fil des 10 éditions du Vendée Globe, les navigateurs internationaux représentent une part croissante de la flotte. Sur les 239 participants recensés à ce jour, 89 étaient des marins non-français, soit 37 %, tandis que 150 étaient français (63 %).

D'ici la fin de 2024, des skippers issus de 20 pays différents auront pris part à cette course légendaire. Les nationalités étrangères les plus fréquentes sur la ligne de départ sont les Britanniques, avec 27 inscriptions (11,2 % du total), suivis par les Suisses avec 14 inscrits. Les États-Unis et l’Italie comptent chacun six participations, tandis que l’Espagne en a enregistré cinq.

L’édition 2024-2025 sera la plus internationale de l’histoire avec 14 marins étrangers. Elle dépasse ainsi les 13 participants internationaux de 2008-2009, et les 12 marins étrangers présents lors des éditions 2000-2001 et 2020-2021. En termes de proportion, l'édition la plus cosmopolite reste celle de 2000-2001, où la moitié de la flotte, composée de 24 participants, était non-française. Elle est suivie de l'édition 2008-2009, où les navigateurs étrangers représentaient près de 45 % des inscrits. En 1992-1993, 43 % des participants étaient également internationaux, avec six marins non-français sur un total de 14.

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© Jean-Louis Carli / Alea

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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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