À deux mois du départ : un Vendée Globe qui s’annonce légendaire

Épreuve reine de la course au large, le Vendée Globe est reconnu pour son exigence inouïe. Depuis 25 ans, il a écrit certaines des plus belles pages de l’histoire de la voile, où se mêlent exploits de navigation, héroïsme, aventure et maîtrise technologique. Mais ce défi a également connu ses drames, rendant chaque édition d’autant plus marquante.
Le parcours de 24 300 milles nautiques autour de l'Antarctique, avec ses passages dans les mers les plus hostiles du globe, a vu naître de véritables légendes de la voile en solitaire. Des noms comme Alain Gautier, Michel Desjoyeaux, Vincent Riou, François Gabart et Armel Le Cléac'h, entre autres, restent à jamais gravés dans l’histoire de l’épreuve.
L'édition 2024-2025, la 10ème depuis la création de la course en 1989, s’annonce comme une édition historique. Elle rassemblera la plus grande flotte jamais vue, promettant un spectacle inégalé au départ des Sables d’Olonne.
Dans quelques semaines, les quais de la célèbre ville vendéenne vibreront sous les acclamations de milliers de passionnés, venus de toute la France et de l’étranger, impatients d’approcher leurs héros. Après une édition marquée par l’absence du public en raison de la pandémie, cette année sera celle des retrouvailles, promettant une ambiance d'autant plus exceptionnelle.
Parmi les skippers en lice, Yannick Bestaven, vainqueur en 2020-2021, et Charlie Dalin, qui avait franchi la ligne d'arrivée en tête avant de finir deuxième sur correction de temps, font figure de favoris. La flotte alignera également 13 nouveaux bateaux, dont la plupart sont équipés des tout derniers foils, et six femmes tenteront de se hisser sur le podium, parmi lesquelles Sam Davies et Justine Mettraux, deux sérieuses prétendantes.
Ce Vendée Globe marque une nouvelle étape dans l’histoire de la course, avec une ouverture géographique inédite. Pour la première fois, un marin chinois, Jingkun Xu, tentera de relever ce défi colossal. Il rejoindra des navigateurs venus de pays aussi divers que le Japon, la Hongrie, les États-Unis, la Suisse, l'Allemagne, la Belgique et l'Italie, renforçant ainsi la dimension internationale de l’épreuve
Une certitude : la bataille pour le podium sera féroce. Lors de la dernière édition, pas moins de huit skippers ont terminé à moins de 24 heures du vainqueur, après 80 jours en mer. Parmi les favoris pour cette édition, on retrouve plusieurs navigateurs français de renom tels que Charlie Dalin, Jérémie Beyou, Nicolas Lunven, Yoann Richomme et Thomas Ruyant, mais aussi l'Allemand Boris Herrmann, la Suissesse Justine Mettraux, ainsi que les Britanniques Sam Davies et Sam Goodchild.
Cette édition compte également 15 skippers novices, dont la plus jeune participante, la Française Violette Dorange, âgée de 23 ans. Trois vétérans feront leur quatrième apparition sur cette course légendaire : Sam Davies, Arnaud Boissières et Yannick Bestaven. Et, au sommet de l’expérience, Jean Le Cam, doyen de 65 ans, s'élancera pour la sixième fois.
Antoine Mermod, président de la Classe IMOCA, souligne que cette édition s’annonce extrêmement compétitive. « Le niveau de performance et de concurrence a considérablement augmenté depuis le dernier Vendée Globe. Au cours des quatre dernières années, nous avons vu de nombreux vainqueurs différents dans les autres courses », explique-t-il. « Les places dans le top 5 et le top 10 ont été âprement disputées. »
Antoine Mermod se dit impressionné par la qualité de la flotte, qui réunit les derniers modèles de foilers ainsi qu'un solide contingent de bateaux à dérives. « Cela reflète l'immense engagement de toute la communauté IMOCA – des designers aux skippers, en passant par les équipes techniques et les constructeurs – pour se préparer à ce Vendée Globe. À deux mois du départ, l'excitation est à son comble », conclut-il.
Le président de la Classe IMOCA anticipe un dépassement du record actuel du Vendée Globe, établi en 2016-2017 par Armel Le Cléac'h avec un temps de 74 jours, trois heures et 35 minutes. Selon lui, les foilers de tête, désormais dotés des dernières avancées en matière de conception et de technologie, sont bien positionnés pour battre ce record. Cependant, Mermod souligne que les skippers devront équilibrer vitesse et fiabilité pour éviter les pannes majeures tout en maximisant leurs performances.
« La vitesse est essentielle, mais il faut aussi qu'elle soit soutenue et fiable sur le long terme », précise Mermod. « Trouver cet équilibre est délicat : pousser les limites peut entraîner des défaillances, mais pour gagner, il est impératif de maintenir une pression constante. »
Mermod exprime son enthousiasme pour cette édition, soulignant l'aspect unique du Vendée Globe. « C'est l'essence même de cette course : une aventure de 70 à 100 jours, faite de succès et de défis, où chaque édition est comme un grand livre dont on commence à écrire l'histoire sans savoir où elle nous mènera », déclare-t-il.
Dans les semaines à venir, les skippers et leurs équipes s'engageront dans les derniers préparatifs. Avant de se rendre aux Sables d'Olonne pour le départ du Vendée Globe, beaucoup participeront au Défi Azimut-Lorient Agglomération, régate annuelle de la Classe IMOCA.
Ce rendez-vous, qui commence aujourd'hui, mêlera courses sérieuses et moments ludiques, incluant des runs de vitesse, une course autour de l’Île-de-Groix et un offshore en solitaire de 500 milles.