Une nouvelle technologie pour Energy Observer : des ailes !
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Alors qu’il constitue une ressource inépuisable en mer, le vent reste encore difficile à exploiter pour le transport maritime à grande échelle. Energy Observer, en tant que navire expérimental, s’est fixé pour mission de tester toutes les solutions disponibles et prometteuses. Lors des premières campagnes de navigation, Energy Observer a testé 2 éoliennes à axe vertical pour la production d’énergie, et une aile de traction pour la réduction des dépenses énergétiques.
Le navire teste depuis le 18 avril un tout nouveau système combinant les avantages de l’un et de l’autre : un propulseur éolien. Les ailes Oceanwings vont permettre de réduire la consommation énergétique du navire, d’accélérer sa vitesse mais surtout de produire de l’énergie et de l’hydrogène tout en naviguant.
12 mètres d'envergure
Les Oceanwings sont le fruit d’un concept breveté par VPLP design co-développé en partenariat avec le Groupe CNIM. Energy Observer va ainsi permettre un retour d’expérience inédit pour le transport maritime du futur. Les ailes, d’une surface de 31,5 m² chacune, sont autoportées et rotatives à 360°.
VPLP Design puise son inspiration et son expérience des ailes rigides de l’America’s Cup dont l’efficacité aérodynamique est bien supérieure aux voiles traditionnelles. Une raison fondamentale a néanmoins limité leur développement : leur rigidité, justement. Il leur manquait jusqu’ici la capacité de réduction de surface, autrement dit l’arisage et l’affalage, comme sur un gréement classique.
Avec Oceanwings, VPLP Design ambitionne de proposer une solution simple pour franchir cet obstacle et démocratiser l’utilisation des ailes rigides. « Nous souhaitions proposer un système propulsif éolien sûr, simple et automatisable, raconte Marc Van Peteghem, architecte naval et co-fondateur du cabinet VPLP Design. Nous avons donc développé un concept de gréement affalable et arisable, basé sur l’aérodynamique des profils à éléments multiples de la Coupe. Avec Energy Observer, le projet Oceanwings passe au stade de démonstrateur. Pour nous, c’est la validation du process industriel mené avec le Groupe CNIM. C’est une phase intermédiaire entre le prototype - qui a marché au-delà de nos espérances - et la série. On va pouvoir aussi découvrir le fonctionnement des ailes couplées, cela va être intéressant à travailler. »
Elles seront, dans un premier temps, habillées d’Hydranet, un tissu résistant capable de recevoir une peinture ou un vernis. Les ingénieurs d’Energy Observer travaillent à la sélection des meilleures technologies de panneaux photovoltaïques souples pour les rendre solaires, donc capables de produire de l’énergie photo-électrique.
Un démultiplicateur de performances pour le mix énergétique d'Energy Observer
À bord d’Energy Observer, les Oceanwings ne vont pas seulement faire office de gréement, elles vont véritablement démultiplier les performances du navire. Leur installation sur les deux flotteurs du navire devrait en effet permettre de :
- Accélérer la vitesse, en complément des moteurs électriques,
- Réduire les dépenses énergétiques, lorsqu’elles viendront soulager les moteurs électriques,
- Augmenter la production d’énergie pendant les navigations grâce à la production d’énergie hydrolienne (inversion des moteurs électriques en hydrogénérateurs),
- Produire de l’hydrogène pendant les navigations par électrolyse de l’eau.
C’est là l’une des principales avancées pour Energy Observer. Alors que jusqu’à présent la production d’hydrogène était limitée aux escales, l’installation des Oceanwings ouvre la voie à la production d’hydrogène pendant les navigations. Seulement 1h à 2h par jour dans un premier temps mais en intégrant l’hydrogénération par la conversion des moteurs électriques, c’est un appoint d’énergie indispensable pour l’Europe du Nord où les conditions d’ensoleillement sont moins favorables.
Jusqu'à 42 % de dépenses énergétiques en moins pour le transport maritime mondial
L’installation des Oceanwings à bord d’Energy Observer constitue une première étape pour réduire l’impact environnemental du transport maritime mondial. D’après des simulations réalisées sur un panel très large de bateaux, les résultats sont extrêmement prometteurs : de 18 à 42 % de dépenses énergétiques en moins. Un chiffre significatif lorsque l’on sait que 90 % du commerce mondial transite par la mer. Le transport maritime est aussi responsable d’une forte pollution de l’air en rejetant dans l’atmosphère des polluants tels que les particules fines, les oxydes d’azote (NOx) et de soufre (SOx).
« Au-delà de la technologie pure, que nous commençons tout juste à tester à bord, je crois profondément que ces ailes peuvent constituer une véritable rupture technologique dans la réduction des dépenses énergétiques des navires de commerce. Associées à l’hydrogène, c’est le combo gagnant pour un transport maritime propre », s’enthousiasme Victorien Erussard, fondateur et capitaine.