Isolé sur son bateau à Madagascar « c'est un privilège de pouvoir vivre ce temps de confinement sur l'eau »
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Comment vous êtes-vous retrouvés en confinement sur votre bateau à Madagascar ?
« Il y a 3 ans nous sommes devenus les heureux propriétaires d’un catamaran et depuis le mois de novembre nous avons décidé de vivre à 100% sur notre bateau. Nous avions pour projet de naviguer à Madagascar et c’est ce que nous avons fait. Sur l’île, les permis autorisés ne sont que de 3 mois pour les étrangers, alors nous avions prévu de faire une navigation sur toute la côte ouest dans le canal de Mozambique. La crise sanitaire due au coronavirus a évidemment chamboulé nos plans. »
Étiez-vous conscient de l’ampleur de la crise liée au coronavirus ?
« En naviguant, nous n’avions pas toujours toutes les informations de ce qui se passait dans le monde. Sur la côte du canal de Mozambique la connexion internet est spécifiquement mauvaise, donc nous n’étions pas préparés à ce que la propagation du virus prenne une ampleur mondiale. La situation était devenue particulièrement sérieuse lorsque nous avons essayé de faire nos courses d’avitaillement sur Nosy Be et que nous avons entendu les locaux s’inquiéter à propos de la crise. Par précaution, nous avons décidé de rester autour de Nosy Be. Notre permis de navigation prenait fin mais à cause de la situation les autorités maritimes malgaches nous ont permis de rester un mois de plus. Depuis nous sommes bloqués à Madagascar. Nous ne pouvons pas partir alors nous vivons notre confinement de manière très agréable sur la côte du nord-ouest de l’île à Nosy Be. »
Comment faites-vous pour vous avitailler ?
« À Madagascar il n’y a pas vraiment de grands magasins alimentaires, tout est produit par des petits agriculteurs et ensuite distribué à l’aide de petites boutiques. Nous allons acheter de la nourriture là-bas et parfois ce sont eux qui viennent nous rencontrer sur l’eau avec leur pirogue. Nous leur achetons des bananes, des tomates… etc. Cependant à cause du coronavirus, la procédure d’achat se fait de manière très stricte, ils viennent à l’arrière de notre bateau où nous leurs tendons une épuisette afin de minimiser un maximum le contact humain. Pour tout ce qui est protéines, nous nous en occupons nous-même, en pêchant directement les poissons dans l’océan. »
Quel est votre quotidien sur votre bateau ?
« Nous avons beaucoup de chance, malgré la crise sanitaire nous pouvons encore nager dans l’océan. Donc nous passons le plus clair de notre temps dans l’eau à nager ou à pêcher. Ma femme aime bien faire du yoga le matin et l’après-midi nous prenons l’annexe pour sillonner entre quelques îles de Nosy Be. Nous avons un permis délivré par les autorités malgaches qui nous y autorise, c’est réellement un privilège de pouvoir vivre ce temps de confinement sur l’eau. Nous avons croisé d’autres bateaux qui naviguent entre les îles autour de Nosy Be. Nous n’avons pas beaucoup de restriction à part, bien sûr, ne pas se balader dans les villages et éviter le contact humain. Au début les Malgaches pouvaient être amenés à ressentir de l’inquiétude vis-à-vis de notre venue, car nous sommes français. Mais une fois que nous leur expliquons que nous ne venons pas de la métropole et que nous avons passé plusieurs semaines confinés sur notre bateau, la tension redescendait. »
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