Sur son bateau à Saint-Martin, Laura explique : « nous avons pris le droit de naviguer ! »

Élodie voyage depuis cinq ans avec son conjoint à bord d'un monocoque.
« Nous avons fait notre première année de voyage dans les Caraïbes et les Antilles. Les mois derniers nous avions décidé de nous lancer dans le charter avec notre bateau. À l’annonce du confinement nous étions en voyage avec des amis et de la famille afin de nous entraîner à cette nouvelle pratique. Heureusement tous nos amis ont pu rentrer chez eux avant la fermeture des frontières. À ce moment précis, nous étions à Saint-Martin. Nous avons donc décidé de rester sur l’île dans le lagon, car nous avions quelques bricoles à faire sur le bateau et nous ne pouvions pas prendre le risque de naviguer en confinement. Saint-Martin est assez découvert donc nous sommes rentrés à l’intérieur de l’île dans le lagon et petit à petit, le confinement est devenu de plus en plus strict notamment du côté Français qui a pris la même tournure que celui de la métropole. Même si les premiers jours la côte hollandaise de Saint-Martin restait ouverte, nous avons décidé de nous soumettre à la loi française.
Nous sommes à égale distance de la partie hollandaise et française de l’île. Au début, nous nous déplacions en annexe pour rejoindre la côte hollandaise et trouver du matériel pour bricoler sur le bateau tout en faisant très attention. Nous ne sortions que par obligation. Sur la partie française de l’île, il est interdit de se baigner. Cette régularisation a engendré pas mal de polémiques auprès de la communauté de marins présents à Saint-Martin. Lorsqu’on vit sur un bateau il est normal de laver son bateau à l'eau de mer par exemple. À Saint-Martin, cela fait partie des interdictions, ce qui n’est pas le cas en Martinique et en Guadeloupe. De plus la navigation est également interdite. Nous avons pris contact avec les autorités de la Martinique car nous espérons nous y rendre avant notre transat retour, mais nous n’avons pas encore eu l'autorisation de naviguer alors nous attendons le 11 mai comme tout le monde. »
Il y a certaines personnes qui n’ont pas attendu la fin du confinement avant de naviguer, c’est le cas de Laura* et de son compagnon. Le couple était en République Dominicaine lorsque l’annonce du confinement est tombée. Malgré l’interdiction de naviguer du gouvernement, ils ont voyagé depuis la République Dominicaine vers les Îles Vierges britannique pour terminer leur escapade à Saint-Martin.
« Nous étions en République Dominicaine quand nous avons appris que les frontières des pays fermaient pour contrer le coronavirus. Nous désirions rester en République Dominicaine pour deux ou trois jours, comme nous voulions rester peu de temps nous n’avons pas régularisé notre venue car la procédure peut coûter chère. À cause des circonstances, nos 3 jours en République Dominicaine se sont transformés en 3 semaines. Le climat était assez tendu. Nous avons contacté les autorités locales qui nous ont dit que ce n’était plus possible de naviguer parce que les frontières étaient fermées. Malgré leur mise en garde ils ont été assez sympas avec nous et nous ont laissé faire le plein d’essence, d’eau et un peu de courses. Dès que l’on a remarqué que la situation devenait plus sérieuse et que le confinement ne faisait que se prolonger, nous avons pris le droit de naviguer. Nous sommes donc partis de République Dominicaine car nous voulions nous rapprocher de la Martinique.
Malgré ce que les autorités nous ont dit, nous avons eu beaucoup de chance et nous sommes arrivés le long des Îles Vierges britanniques où nous sommes restés 10 jours. Encore une fois le sort nous était favorable, car nous avions entendu des témoignages d’autres Français qui ont été interdit d'accès aux Îles Vierges britannique à leur arrivée, mais ça n’a pas été notre cas. Nous nous sommes baladés en bateau et nous n’avons croisé presque personne. Nous sommes aujourd’hui à Saint-Martin et nous souhaitons faire la transat retour en Europe, mais le projet est très compromis à cause des circonstances. Nous ne pouvons pas nous permettre de naviguer comme nous l’avions fait jusqu’alors. Ce n’est plus une histoire de quelques jours pour la transat retour mais un voyage de 3, 4 semaines en mer, le risque est trop grand. »
*le prénom a été modifié.