Hurtigruten « Nous avons la chance d'avoir des petits bateaux, ce qui va nous aider à une reprise plus rapide »
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Comment s'est déroulé le confinement pour la compagnie ? « L'arrêt a été brutal car les Norvégiens ont mis en place la quarantaine dès le 12 mars. Nos derniers clients ont quitté leur navire le 12 mars au matin et ont été rapatriés trois jours après. Les rapatriements en avion depuis la Norvège vers l'Europe ont été relativement faciles, mais nous avions aussi des croisières en Antarctique avec un retour depuis Buenos Aires qui a été fait juste à temps ainsi qu'un bateau qui devait débarquer les passagers à Punta Arenas mais un bateau avant nous a débarqué sans autorisation et les autorités ont tout fermé. Nos passagers, qui étaient partis depuis trois semaines, sont restés à bord neuf jours avant de débarquer aux Falklands (archipel de l'Atlantique sud, au large la Terre de Feu). Tout a donc été annulé, tous les bateaux ont rejoint la Norvège. »
L'activité a-t-elle pu reprendre ces dernières semaines ? « Hurtigruten est assimilé à une délégation de service public et à la demande du gouvernement, nous avons maintenu deux rotations entre Bodø et Kirkenes à la frontière russe, pour la marchandise essentiellement. Le 16 juin, un bateau a quitté le port de Bergen pour reprendre ses voyages vers Kirkenes. C'est notre itinéraire classique en Norvège et nous avons quatre bateaux qui vont faire cela, sur onze, car aujourd'hui, la Norvège n'a toujours pas rouvert ses frontières. Seuls les Norvégiens et les Danois sont autorisés. Pour l'instant, c'est la date du 20 août qui est annoncé pour l'ouverture des frontières aux autres pays européens, ce qui est dramatique pour nous car il n'y aura pas d'activité pour le marché européen. »
Quelle est la saison la plus importante pour Hurtigruten ? « L'été. C'est le plus gros de l'activité pour Hurtigruten avec le soleil de minuit et les journées de 24 heures, de mai à août. Puis ensuite à partir d'octobre jusqu'en mars vient la période des aurores boréales. »
A part l'Express Côtier, d'autres expéditions sont prévues ? « Nous avons deux nouveaux navires hybrides dont un qui devait prendre ses opérations le 1er avril, et l'autre qui est arrivé sur le marché l'année dernière, le Roald Amundsen. Ce dernier va faire des croisières cet été au départ de Tromsø, en Norvège et au Spitzberg, pour les Norvégiens et Danois exclusivement. Les Norvégiens sont encouragés, comme les Français, à rester chez eux pour les vacances et partir découvrir leur pays, ce qui est parfait pour nous, étant en plus une entreprise norvégienne. Généralement, les Norvégiens prennent le bateau sur des courts trajets, pour aller d'un port à un autre. On s'aperçoit que cette année ils ont réservé des croisières plus longues.
Quant à l'autre navire hybride, le Fridtjof Nansen, il sera au départ de l'Allemagne fin juin, uniquement pour la clientèle allemande, avec une navigation vers la Norvège, mais sans escale. Ce sera uniquement de la navigation, ainsi que des activités en mer, mais nous n'aurons pas l'autorisation de débarquer. »
Quel est l'impact économique de cette crise sanitaire ? « On estime une baisse de 70% sur l'année, en espérant que l'activité puisse reprendre pour les saisons boréales. Et même pour cet été, la fréquentation sera bien moins importante puisque l'on ne pourra remplir nos bateaux qu'à 50%, soit 200 à 205 passagers au lieu de 500. »
Quels protocoles avez-vous mis en place à bord de vos navires ? « Comme pour toutes les compagnies maritimes, nous avons déjà des protocoles en place. Nous avons adapté ce que nous faisions déjà. Par exemple, les menus sont dématérialisés grâce à un QR code, les repas sont servis à table et non plus en buffet, nous faisons plus de services de restauration, etc. Le premier départ le 16 juin s'est très bien passé avec un respect des règles. Le masque n'est pas obligatoire à bord, c'est au choix des passagers. La température est prise avant l'embarquement et régulièrement pendant la croisière, grâce à un scanner. L'équipage respecte le protocole de l'OMS et a été formé en interne. Toutes les conditions sont disponibles sur notre site et les clients devront remplir un formulaire de santé avant d'embarquer. Nous avons la chance d'avoir des petits bateaux, ce qui va nous aider à une reprise plus rapide, surtout lorsque le gouvernement rouvrira les frontières. D'autant que nous avons beaucoup de demandes de voyage... »
Vous avez beaucoup d'offres de remise sur votre site internet : est-ce pour relancer l'activité ? « Nous sommes dans la période classique « early booking » et nous aurions dû sortir notre brochure Norvège en mars, donc nous avons prolongé notre période d'offres anticipées. Notre clientèle allemande réserve toujours très en amont par exemple, donc c'est pour cela que nous avons ces offres actuellement sur le site, qui accompagne les sorties de brochures. »
Quelles sont vos actions de communication ? « Nous communiquons auprès de notre clientèle avec les brochures (Norvège en juillet et croisières d'expédition en août) et ensuite, nous aimerions commencer notre campagne dès septembre puis en octobre, une campagne sur les aurores boréales, selon la situation. »
Avez-vous des nouveautés l'année prochaine ? « L'année prochaine, nous avons un nouveau programme sur la Norvège. Actuellement, nous avons la ligne de l'Express Côtier avec des escales et un timing très précis, parfois seulement 30 minutes dans un port. Nous allons mettre en place un nouveau bateau au départ de Bergen qui fera une vraie croisière, avec des escales d'une demi-journée ou d'une journée complète, aux Lofoten par exemple. Ce ne sera plus de l'activité fret, il y aura du personnel français à bord. Ce type de produit s'adresse davantage à une clientèle française. »
Vous avez deux navires hybrides actuellement. Avez-vous prévu d'étendre cela au reste de la flotte ? « Une grosse partie de nos navires devait passer au gaz liquide en 2021 mais l'arrêt des activités pendant plusieurs mois a retardé ces projets. Hurtigruten met tout en place pour être une compagnie responsable et cela depuis des années. Tous les bateaux se rechargent à quai, nous n'utilisons plus de diesel. Le zéro plastique est également appliqué à bord depuis deux ans. 80% des produits servis à bord sont des produits frais et locaux également. »