Exposition La Mer imaginaire : immergez-vous à la Fondation Carmignac sur l'île de Porquerolles
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La traversée de l'exposition
Conçue par le commissaire américain, Chris Sharp, elle puise son inspiration aussi bien dans l'architecture du lieu - les espaces immergés sous la villa et son plafond d'eau - que dans les oeuvres de la collection : la fresque sous-marine de Miquel Barceló ou encore le homard perché sur une chaise de Jeff Koons. Plusieurs prêts d'artistes français et internationaux comme Henri Matisse, Gilles Aillaud, Mathieu Mercier ou Gabriel Orozco viennent enrichir cet ensemble aux côtés de nouvelles productions de Bianca Bondi, Miquel Barceló, Lin May Saeed, Kate Newby et Hubert Duprat, créées pour l'occasion. L'exposition La Mer imaginaire se prolonge dans le Fort Sainte-Agathe et à la Villa Noailles, avec une commande photographique de Nicolas Floc'h sur les fonds marins de Porquerolles et de ses îles voisines, grâce à un partenariat avec le Parc National de Port-Cros. À travers des oeuvres aussi bien modernes que contemporaines, l'exposition entend célébrer la mer comme une ressource précieuse et évocatrice, grouillant de vie connue et inconnue, ouverte au merveilleux, à l'étrangeté, l'inattendu et dont l'immensité alimente depuis toujours notre imagination.
Cette exposition en véritable immersion est une constellation de micro-environnements subaquatiques, des surréalistes aux artistes pop et leurs héritiers, des représentations scientifiques à celles de l'imagination. Par contrastes ou similitudes, les oeuvres se lient et se délient en plusieurs regroupements qui se précisent et s'affirment au fil de la traversée. C'est à travers la figure « paternelle » de Jean Painlevé, choisie par Chris Sharp, que nous sommes guidés tout au long de l'exposition dans les profondeurs de la mer. En effet, un hippocampe majestueux photographié par le réalisateur et biologiste français inaugure la traversée poétique. Dans la première salle, baignée par les « couleurs de l'eau » de Porquerolles de l'artiste français Nicolas Floc'h, les visiteurs découvrent une oeuvre de l'artiste californienne Alex Olson. Représentant la flore ondulante d'un fond marin, cette dernière devient ici l'habitat d'une araignée de mer et d'un corail réalisés respectivement par les artistes Jean-Marie Appriou et Hubert Duprat. Cette première partie de La Mer imaginaire interroge plusieurs thèmes présents tout au long de l'exposition, notamment la notion d'artifice mais aussi notre regard sur la dichotomie entre nature et culture, héritée du siècle des Lumières et omniprésente dans les muséums d'histoire naturelle.
Un squelette géant de baleine nous accueille ensuite, survolant et habitant l'espace en forme de croix d'une présence à la fois merveilleuse et menaçante. A travers la transformation quasi alchimiste de la matière, où les os deviennent vibrants de vie sous le bassin d'eau, l'artiste sud-africaine Bianca Bondi évoque le cycle de mort et de renaissance de la nature. Les oeuvres de Michael E. Smith viennent approfondir les thèmes abordés au début de la traversée. Une petite photographie de poissons luisants (GloFish) aux couleurs variées, exemples des premiers animaux de compagnie génétiquement modifiés mis sur le marché au début des années 2000, est exposée entre une forêt de méduses multicolores de Micha Laury. Dans une autre salle, parmi d'autres photographies de Jochen Lempert et Jean Painlevé, des oeuvres de Henri Matisse, Gabriel Orozco et Yuji Agematsu dialoguent de façon toute aussi insolite et inattendue. Les Spume en lévitation de l'artiste mexicain Orozco des sculptures qui ressemblent autant à de pâles raies manta qu'à des oiseaux qui flottent devant une tapisserie de Matisse mêlant ostensiblement ciel et mer avec élégance et ambiguïté.
Ailleurs dans l'exposition, des artistes puisant dans le vocabulaire du pop art produisent un effet surprenant, si ce n'est éclatant. Du homard gonflable en équilibre de Jeff Koons à l'orque en peluche sur un banc d'écolier de Cosima von Bonin en passant par la baleine imaginaire d'Allison Katz ou la peinture monumentale de Leidy Churchman, il devient ici évident que la mer est à la fois une source d'inspiration et une métaphore parfois tragique de l'inconscient. Au moment de quitter les lieux, les visiteurs reçoivent de l'artiste californien David Horvitz, une discrète invitation, différente chaque jour, pour une pensée ou un comportement à adopter au contact de la mer, près de la Villa. Dans les jardins, longeant la prairie, Mathieu Mercier met en scène un couple de salamandres anthropomorphes évoluant entre un paysage de terre aride et un aquarium pendant que les requins de Jean-Marie Appriou dansent au milieu des cannes de Provence du jardin. Tous ces exemples ne sont que quelques-unes des nombreuses représentations qui nourrissent la réflexion derrière La Mer imaginaire et dont les juxtapositions génèrent autant de relations que de digressions.
Carte blanche pour Miquel Barceló
D'une île à l'autre, de Majorque à Porquerolles, de son atelier catalan à la Villa Carmignac, Miquel Barceló inscrit son travail dans une continuité méditerranéenne. En écho à La Mer imaginaire, une carte blanche lui est donnée pour métamorphoser toute la galerie voûtée de la Villa. Artiste profondément insulaire, il tire de la mer, du sable, du paysage marin même, la matière de son inspiration.
L'exposition temporaire du Fort Saint-Agathe
Cette année, la Fondation Carmignac a souhaité prolonger l'exposition en dehors de la Villa. En partenariat avec le Parc National de Port-Cros, la salle voûtée du Fort Sainte-Agathe, dont la terrasse à 360° surplombe toute l'île, a été rénovée et présente le travail de Nicolas Floc'h issu d'une commande photographique réalisée dans les eaux de Porquerolles. Plusieurs photographies des fonds sous-marins de l'île du Levant sont également présentées à la Villa Noailles (Hyères).
Le Poisson Ivre, berceau des sens
Après cette immersion unique, une dernière étape s'impose. « Le Poisson Ivre de la Courtade », réservé aux visiteurs, va donner la touche finale pour fixer le souvenir de cette expérience dépaysante, enrichissante, et permet l'échange convivial. Accueillis par un équipage de passionnés, le couple de restaurateurs Lise Lambert et Jean-Baptiste Battini, ainsi que le chef Hugo Mancel, c'est à l'ombre des pins odorants et aux chants des cigales dans une ambiance authentique et détendue, que la culture culinaire du chef s'exprime en totale cohérence avec l'esprit de liberté du lieu.
Préparer ma visite
Située dans le département du Var en région Provence-Alpes-Côte d'Azur, l'île de Porquerolles, longue de 7 km et large de 3 km, fait partie de la commune d'Hyères et du Parc national de Port-Cros. Elle est accessible en bateau (15 minutes de traversée) et les visiteurs y circulent à pied ou à vélo. Prévoir des chaussures souples pour visiter les jardins et de les enlever pour visiter le bâtiment. Les expositions se découvrent pieds nus.