Croisière américaine : Great Loop, la route 66 des navigateurs
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S’étendant sur plus de 11 degrés de latitude, du 25ème au 36ème parallèle, en toute saison, il y a toujours un endroit où il fait bon vivre sur la côte Est des Etats-Unis d’Amérique. Cette mi-décembre, à Boca Raton en Floride, il fait ainsi 24 degrés et le soleil est radieux. C’est d’ici que sont partis Debbie et Steve dont nous allons suivre l’itinéraire pour mieux comprendre le phénomène Great Loop. Ce sont des gens en or, et bien au fait des beautés de cet itinéraire qu’ils ont déjà réalisé deux fois. Ils sont donc ‘Gold Loopers’, car tout est parfaitement organisé de l’autre côté de l’Atlantique et nul ne saurait entreprendre un tel voyage sans adhérer à l’America’s Great Loop Cruisers Association (AGLCA), source inépuisable d’information, et de conseils, qui veille sur la communauté des ‘Loopers’. Beaucoup de plaisanciers Américains rêvent en effet d’effectuer au moins une fois dans leur vie cette boucle qui offre à voir et à vivre toute la diversité du pays, en tous cas de sa côte Est. Rendez-vous compte qu’on y parcourt l’Intercoastal Waterway, les canaux de l’état de New-York, les grands lacs, des fleuves mythiques et le Golfe du Mexique !
Le voyage d’une vie
Après une première ‘Great Loop’ à bord de leur Leopard 47 Steve et Debbie Russel sont donc repartis pour un deuxième tour, à nouveau à bord d’un catamaran moteur, mais un Endeavour 48 cette fois. De nombreux plaisanciers font l’itinéraire par tronçon d’une année sur l’autre, mais ayant vendu leur maison, ils ont pu enchaîner tout en prenant leur temps. Alors que la plupart des navigateurs prennent les fleuves pour des autoroutes les menant, d’écluse en écluse, le plus rapidement possible, vers des températures plus douces, eux ont pu profiter, fureter, explorer, des endroits insolites et peu fréquentés. La rivière Tennessee a ainsi visiblement été la grande et belle surprise de ce voyage. Libres de toute contrainte, ils ont pu profiter pleinement de la sérénité et de la beauté de la région en ne se déplaçant que quand ils en avaient envie. Magie de passer de la mer aux rivières, il n’y a plus à se soucier des bulletins météo ou du vent, et l’on peut jeter l'ancre dans de nombreuses baies sans se soucier de la marée ou du courant. Les tarifs des marinas sont également bien plus raisonnables que sur la côte et l’accueil dans les petites villes, plus chaleureux.
Dans les Honky Tonks aux racines de la musique country
Il y a tant d'endroits intéressants historiquement qu’il serait difficile d’en faire la liste complète mais juste quelques exemples relevés par l’équipage ‘Gypsies Palace’. Ils ont été à la rencontre de l'industrie du disque à Muscle Shoals, de la technologie spatiale au Rocket and Space Center de Huntsville, de la marche des Indiens Cherokee le long de la "Piste des larmes" vers l'Oklahoma. Ils ont voyagé jusqu'à Knoxville avec des vues magnifiques sur les Smoky Mountains, découvert les eaux cristallines du lac Tellico. Ils ont également parcouru la rivière Cumberland jusqu'à Nashville où ils ont accosté en centre-ville pour se rendre dans tous les Honky Tonks, temples originels de la musique country.
Mouillage au pied de la Statue de la Liberté
Steve et Debbie ont quitté la Floride débit juin car la plus grosse contrainte entre Golfe du Mexique et Mer des Caraïbes est la saison cyclonique qui, pour les assureurs, débute le 1er juin. Mais le 4 juin, sévissait ‘Cristobal’ avec un C comme la troisième lettre de l’alphabet et donc déjà, la troisième tempête tropicale de l’année ! Une fois à l’abri, au Nord du Cap Hatteras, ils ont pris énormément de plaisir à explorer la baie de Chesapeake, trouvant sans cesse de nouveaux mouillages et de nouvelles villes absolument délicieuses. Gypsies Palace a également sacrifié à la tradition en jetant l'ancre derrière la Statue de la Liberté. C'est une expérience magique que de voir la nuit, sa torche allumée, avec en toile de fond les lumières de la ville de New York. Et quand, au petit matin, le soleil se lève derrière la Statue, cela imprime votre rétine définitivement.
Nous reviendrons sur d’autres parties de cette ‘Great Loop’ dans de prochains épisodes, notamment la partie Nord-Est, dont une variante vous emmène jusqu’à St Pierre et Miquelon. En attendant, Steve et Debbie, neuf mois après avoir croisé leur sillage Floridien, ont décidé de prolonger la route vers les Bahamas pour passer deux mois d’hiver au chaud. Mais ils assurent que cette Great Loop a été le voyage le plus relaxant qu’ils aient jamais effectué. Ils ne rêvent que de le réaliser une troisième fois pour réaliser encore plus d'excursions et découvrir de nouveaux endroits !