Plaisance rime avec fleuves de France

L’embarcation avance, paisible, au rythme du courant. Le film des berges défile devant les yeux des marins d’eau douce. N’en déplaise au capitaine Haddock, la plaisance fluviale s’est développée car elle présente d’indéniables atouts. « Les deux types de navigation sont très différents. Sur la mer on peut évoluer pendant dix heures dans les embruns. Le plaisir tient à la dimension sportive », observe Nicolas Delaporte, responsable du développement des activités de tourisme et de loisir au sein de VNF, Voies navigables de France. L’établissement de service public gère et anime 6 700 kilomètres sur les 8 500 que compte le réseau national. « En eaux intérieures c’est plus paisible. La navigation n’excède pas quatre heures par jour en général. Elle est souvent complétée par des activités terrestres, à vélo par exemple. » Voilà pourquoi on parle de tourisme fluvestre, qui mêle fluvial et terrestre. Si la pratique est culturellement beaucoup plus développée chez nos voisins anglo-saxons, le territoire français s’y prête particulièrement. « Il représente 16,5 millions de journées passagers par an (nombre de passagers x durée du séjour). »
Un permis et une vignette
Pour naviguer avec son propre bateau, le plaisancier doit répondre à quelques obligations. Il faut passer un permis fluvial, différent du maritime, si son moteur excède 6 cv de puissance. Le sésame s’obtient auprès de centres de formation. La navigation à voile est possible sans permis mais plus rare car le périmètre est limité. « La condition sine qua non pour franchir une écluse est de pouvoir avancer à son gré. La voile est par définition dépendante du vent. » Le plaisancier motorisé doit également s’acquitter d’une vignette. Plusieurs formules sont disponibles sur le site de VNF.
La location privilégiée
« La flotte fluviale s’est globalement stabilisée mais on observe une croissance de la location. C’est aussi vrai sur le domaine maritime d’ailleurs. » Ainsi, de nombreux sites en France accueillent des bateaux habitables sans permis. Le loueur assure une formation d’une heure et c’est parti !
Une nouvelle offre sera disponible sur la Sèvre niortaise entre Niort (79) et Marans (17) à l’été 2023. « Ici, l'offre de séjours touristiques fluviaux et fluvestres a existé jusque dans les années 1980, mais elle a fini par s’éteindre. Elle est relancée par ce projet », explique Céline Rovinski, chargée de mission au Parc du Marais poitevin. Deux pénichettes de 13 mètres, capables d’accueillir dix personnes, dont six couchages, seront conçues tout spécialement et proposeront des séjours modulables, du week-end à la semaine. Une dizaine de haltes seront aménagées tout au long du parcours qui traverse trois départements (Deux-Sèvres, Vendée et Charente-Maritime).
Comme de nombreuses collectivités, le Parc du Marais poitevin et ses partenaires y voient l’opportunité de développer un projet écotouristique dans l’ère du temps : des bateaux électriques, équipés de panneaux solaires, sans rejet d'eaux usées dans le milieu, des infrastructures discrètes et insérées au mieux dans le paysage… « L'esprit du projet est le développement d'un mode "doux" de découverte, dans le respect de cet environnement et en connexion avec l'ensemble des activités existantes ». Pas de bruit, pas d’odeur, pas de fumée, le plaisir de se fondre dans le décor sans déranger… « Nous, VNF on aide les structures à franchir le pas de l’écologique. Un dispositif aide financièrement les loueurs à transformer leur motorisation. L’Ademe et les Régions sont parties prenantes », souligne Nicolas Delaporte. Les prix dépendent de la saison, de la région. Il faut compter entre 1500 et 2500 € pour une pénichette standard de 4 à 7 personnes.
L’espace des possibles
Péniches, bateaux promenade ou même paquebots fluviaux, tout existe si l’on préfère se laisser porter sans piloter. C’est aussi une forme de plaisance. « Je pense aux bateaux-mouches parisiens qui constituent la première activité de tourisme fluvial au monde, au paquebot à aubes sur la Loire entre Nantes et l’Anjou qui peut accueillir jusqu’à 200 passagers ainsi qu’aux péniches-hôtels avec équipage dont raffolent les adeptes de l’œnotourisme en Bourgogne ou dans le sud-ouest. » Chaque région propose son offre de charme. « A Besançon, un parcours passe sous la citadelle, à Béziers on navigue sur le canal du Midi auprès des neuf écluses remarquables de Fonseranes. Je conseille aussi d’essayer la Seille via la Saône, du côté de Mâcon, en zone Natura 2000. Les écluses sont restées dans leur jus, il faut les manœuvrer manuellement. » Le fluvial, une autre façon de découvrir la France.