Nous avons testé pour vous : une semaine de navigation sur la Saône avec Le Boat
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En France, il y a 6 700 km de voies navigables et pourtant, la découverte de l'Hexagone à travers ses fleuves et ses canaux reste une activité encore méconnue alors qu'elle est très populaire pour d'autres européens comme les Allemands et les Hollandais qui viennent tout au long de l'année découvrir la France par les eaux intérieures. Cette année, les vacances d'été s'étant déroulées dans un contexte particulier, il a fallu revoir les plans de voyage : compliqué d'envisager des vacances à l'étranger, mieux valait rester en France. Mais là aussi, difficile de choisir la destination : où aller pour éviter la foule tout en s'évadant le temps d'une semaine ? C'est alors que la navigation fluviale est apparue comme évidente. Le projet d'une semaine de navigation en Bourgogne-Franche-Comté s'est très rapidement mis en place avec Le Boat.
Qu'est-ce que Le Boat ? Le Boat est le leader des croisières fluviales et locations de péniches en Europe et au Canada. On retrouve en Europe les péniches Le Boat aux quatre coins de la France, en Italie, en Angleterre, aux Pays-Bas, en Irlande, en Belgique, en Ecosse et en Allemagne. Du côté des bateaux à louer, il y en a de toutes les tailles, pour des vacances en couple, en famille ou entre amis, de 2 à 12 personnes.
Pour notre semaine en Bourgogne-Franche-Comté, nous sommes partis du 1er au 8 août à six personnes et au départ de la base de Saint-Jean-de-Losne pour une navigation sur la Saône. Voici le journal de bord de notre semaine de navigation, en pleine nature et au calme !
Jour 1 : Le rendez-vous était fixé entre midi et 14h à la base de Saint-Jean-de-Losne. Nous arrivons à 13h sous une très forte chaleur. Malgré les restrictions dues au Covid-19 qui interdisent la présence de plus de deux clients à l'accueil, nous n'attendons pas longtemps pour valider notre arrivée et nous partons ensuite faire des courses, afin d'être opérationnels pour le départ. A 16h, c'est l'heure du briefing à bord pendant 30 minutes, suivi d'un tour du port afin de tester le bateau et de réaliser des manoeuvres. Notre bateau est un Horizon 4, il mesure 13,50 mètres : il faut bien anticiper les manoeuvres avec cette taille imposante !
A 17h, nous quittons le port direction le port de Seurre à 2h de navigation sous une pluie battante. L'occasion de tester le cockpit intérieur ! La visibilité n'est pas optimale, alors nous retournons dans le cockpit extérieur sur le pont supérieur. A 19h, nous franchissons notre première écluse : léger stress de la première fois mais tout se déroule sans accroc, nous arrivons à Seurre à 19h30. L'amarrage se fait sans encombre mais nous nous rendons compte une fois à terre que nous avons amarré dans le mauvais sens : la borne électrique est trop éloignée, nous ne pourrons pas recharger cette nuit : erreur de débutant.
Jour 2 : Après une première nuit très confortable, direction Verdun-sur-le-Doubs en 3h30 dont 1 heure au passage d'écluse. Lors d'une écluse automatique avec éclusier, la manoeuvre est relativement simple : des feux vert et rouge indiquent si l'écluse est occupée, fermée ou accessible. Si elle est occupée, il suffit de s'amarrer au ponton d'attente.
Une fois dans l'écluse, qu'elle soit montante ou descendante, il faut correctement se placer, mettre le moteur au point mort puis amarrer le bateau aux bollards à l'avant et à l'arrière sans faire de noeud et tenir fermement l'amarre après l'avoir enroulée autour du taquet.
Jours 3+4 : navigation facile de 2h30 jusqu'à Châlon-sur-Saône, pas d'écluse. L'accueil au port est parfait et très agréable : on nous aide à nous amarrer au ponton, et on nous donne plein d'informations pratiques sur la ville et les commerces à la capitainerie. Bon à savoir : il y a un panneau sens interdit qui régule le sens de circulation dans le port qui est très peu visible car dissimulé par les arbres : beaucoup de bateaux ont dû faire demi-tour ! Mais en regardant scrupuleusement la carte founie lors du départ, il n'y a pas de problème. Nous décidons de passer deux nuits à Châlon afin d'aller découvrir le village de Rully et ses caves à vélo. A la base Le Boat, on nous avait annoncé une balade d'une heure, c'était optimiste : nous avons mis plus de 2h à l'aller, mais la balade en valait la peine, même si à l'arrivée nous n'avons pas pu déguster les vins de Rully : Covid-19 oblige !
Jour 5 : Après deux jours en ville, nous avons des envies de nature et de tranquillité : nous remontons la Saône vers Verdun-sur-le-Doubs pour naviguer sur le Doubs, un affluent, en 3h de navigation. Après une observation attentive des deux rives, nous trouvons un espace dégagé et facile pour amarrer le bateau pour la nuit. Une après-midi 100% détente entre baignade, bronzette, jeux de société et observation des étoiles une fois la nuit tombée, un splendide spectacle loin des lumières de la ville.
Jour 6 : Nous sommes réveillés à 6h30 par les cris d'une personne sur la berge : il s'agit d'un pêcheur et visiblement, nous nous sommes amarrés sur sa berge. Il nous informe gentiment que dès qu'une berge est légèrement aménagée (à savoir quelques bouts de bois) elle est utilisée par un pêcheur. Il nous laisse finir notre nuit et à 8h30, nous larguons les amarres direction Auxonne à 8h de navigation d'ici. Nous nous relayons à la barre, le temps est au beau fixe. Nous découvrons au fil de l'eau des paysages verdoyants et nous en profitons pour observer toutes sortes d'oiseaux.
Avant d'arriver à Auxonne, il y a trois écluses : deux automatiques et une écluse à déclenchement manuel. Nous n'avons pas eu de formation particulière pour ce type d'écluse si ce n'est la vidéo obligatoire avant l'embarquement. Le principe : un câble traverse le canal à quelques mètres de l'écluse avec au milieu une perche. Il faut tourner cette perche d'un quart de tour pour indiquer notre présence et enclencher l'écluse. Une fois les portes ouvertes, le principe à l'intérieur reste le même sauf que la fermeture des portes est manuelle : une tige bleue est à soulever lorsque le bateau est bien amarré. Nous avons trouvé ces informations dans le manuel donné lors du départ, et en cherchant sur internet : nous avons réussi à passer cette écluse avec stress mais avec succès !
Le soir, nous nous apercevons que le frigo et le congélateur ne fonctionnent plus : il y a une panne de courant dans la cuisine uniquement ! Il est trop tard pour appeler la base. Le lendemain matin, nous avons un conseiller au téléphone très efficace : il suffit de désactiver tous les coupe-circuits puis de les rallumer un par un.
Jour 7 : Dernier jour, il est temps de retourner à Saint-Jean-de-Losne. Le bateau doit être rendu samedi matin à 9h, nous décidons alors qu'il est plus prudent d'être à la base la veille au soir, surtout avec le passage de cette même écluse à déclenchement manuel qui nous a causé quelques soucis.
Lors du passage de l'écluse, comme nous nous sentions expérimentés, c'est sereins que nous activons la perche, puis rentrons dans l'écluse. Nous sommes en train de nous amarrer côté bâbord lorsqu'un autre bateau Le Boat de la même taille que le nôtre rentre dans l'écluse. Cette dernière n'est pas très longue, le bateau rentre tout juste en s'amarrant du côté tribord. Avec un bateau de cette taille, la répartition des rôles lors du passage d'écluse est primordial : la personne à l'avant du bateau ne peut pas voir ce qu'il se passe à l'arrière et inversement. Il faut impérativement une personne sur le pont supérieur qui donne les directives. Alors que le second bateau était toujours en train de s'amarrer, un des membres de notre équipage placé à l'avant active la fermeture des portes sans prévenir. Elles se ferment rapidement et l'eau commence à monter. Panique à bord de l'autre bateau, il n'est pas amarré à l'avant ! Ils réussissent in extremis à passer l'amarre autour du second bollard. C'est alors que nous nous apercevons que dans un moment de panique, la même personne de notre équipage a fait un noeud de 8 au niveau du taquet. Le bateau continue de descendre, impossible de défaire le noeud, seule solution : couper l'amarre ! Ce que nous faisons rapidement puis nous replaçons l'amarre restante, tout se termine bien malgré deux belles frayeurs ! Moralité : ne jamais prendre de décision sans consulter le reste de l'équipage et ne jamais faire de noeud dans une écluse. Le risque ? Pendre le bateau.
Les +
- Le confort à bord : quatre cabines avec chacune une salle de bains privative, une cuisine aménagée avec plaques au gaz, un frigo et un congélateur séparé, une grande table avec banquette
- Le pont supérieur : plancha, cockpit, banquette en U, grands bains de soleil... un réel espace de vie
- L'espace et la circulation à bord (6 personnes à bord pour un bateau prévu pour 8+1)
- La formation conduite et manoeuvres avant le départ
Les -
- Le cockpit intérieur : visibilité très faible avec cette taille de bateau
- Manque d'infos techniques et pratiques pour gérer des pannes simples comme celle du frigo, qui semble assez fréquente
- La formation sur les différentes écluses, trop légère pour une étape pourtant cruciale sur le trajet
Le budget
Il faut compter environ 6 000 euros pour une location la première semaine d'août. A ce prix s'ajoute le carburant : il faut verser un acompte (275 euros) puis au retour, payer la différence à savoir dans notre cas 356,58€, soit un total carburant de 631,58 euros. Ensuite, il y a les frais lors des nuits dans les ports, et le plus cher a été Châlon-sur-Saône : 53,40 euros pour deux nuits (eau et électricité incluses). Enfin, si vous souhaitez louer des vélos, il faut compter 49 euros par vélo.
Pour conclure
La navigation fluviale est, malgré ce que l'on pourrait croire, facilement accessible à tous. Le Boat propose plusieurs vidéos explicatives sur leur site sur les différents types de situation que l'on peut rencontrer lors de la navigation. Cela permet d'être serein lors des premières heures de prise en main. Le passage de la première écluse reste le moment le plus stressant mais une fois passée, on devient plus confiant pour la suite. Il y a certaines règles à connaître et à respecter, mais globalement on se rend compte au fil de l'eau, qu'il s'agit surtout de bon sens.
En ce qui concerne la région Bourgogne Franche-Comté, nous avons choisi de nous arrêter dans des villages avec une histoire (constructions Vauban, port d'hiver de Jules César...). Malgré tout, nous avons été légèrement déçus du manque de vie lors de nos escales à terre. Est-ce une conséquence de la crise du covid-19 ? ou bien une question de calendrier, tout est fermé au mois d'août ? Cette région est idéale si vous souhaitez être le plus au calme possible et croiser très peu de monde à terre et même sur l'eau (surtout avec la situation actuelle).
Nous sommes sûrs de renouveler l'expérience avec Le Boat, en Alsace ou en Bretagne la prochaine fois !