La Corogne, escale obligée après le golfe de Gascogne
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Une épreuve d'envergure qui peut aussi offrir des instants inoubliables par temps maniable : nuits étoilées, quarts paisibles… Dès la latitude de l'île d'Yeu, viennent les premiers dauphins en troupe serrée, ponctuant leurs sauts de ces cris singuliers, semblables à des jappements, parfois à de brefs caquètements, qui signalent leur présence au petit matin dans la vague d'étrave. Puis apparaissent bientôt sur l'écran du radar AIS les pêcheurs basques, suivis de leurs collègues galiciens, qui tracent des routes erratiques. La veille se fait plus attentive : chaud devant.
Puis voici les hautes falaises du cap Ortegal nimbées de brume et la Tour d'Hercule, immense amer datant de la présence romaine. C'est le plus ancien phare du monde, inscrit par l'Unesco au Patrimoine mondial de l'humanité. Construit au début du IIe siècle en forme de croix sur trois niveaux, il s'élève toujours à 55 mètres au-dessus de la baie de La Corogne.
La Marina Coruña
Située au pied de la vieille ville, un peu comme si on débarquait directement à Concarneau dans la Ville Close ou à Saint-Malo intra-muros, la Marina Coruña est idéalement placée pour visiter la Corogne quand on est un plaisancier résolument piéton. Ruelles pavées de grandes dalles anciennes, maisons de pierres taillées, bodegas sans chichis fréquentées par les locaux, la ville ancienne débouche sur la ville plus récente, qui n'est pas sans charme. Car un peu partout subsistent de nombreux immeubles Art déco et Art nouveau aux façades ornées de guirlandes de fleurs exotiques et de faïences pastel. Sur la Plaza de Lugo, deux de ces immeubles attirent particulièrement le regard. L'un est décoré de faïences représentant des joncs et des cygnes, en souvenir de cadeaux rapportés par les marins. L'autre bâtiment, repeint en vert bouteille, est un subtil mélange de marqueterie et de fer forgé sculpté en forme de feuilles de chêne et de châtaignier, les deux arbres emblèmes de la Galice.
Autre style, le long du bord de mer, les façades des immeubles sont recouvertes de galeries vitrées, apparues vers la fin du XIXe siècle. Une originalité savamment conservée qui a valu à la capitale galicienne son surnom de « ville de verre ». De retour dans le centre, les visiteurs s'arrêteront Plaza Mayor, devant la statue de Maria Pita. Cette Jeanne d'Arc locale y est représentée, lance en main, en train de piétiner le corps d'un Anglais. C'est elle qui bouta les Britanniques hors de La Corogne en 1589. Un musée lui est consacré dans le centre historique.
Tapas, poulpe grillé et « patxaran »
Il ne faut pas hésiter à déambuler dans les ruelles bordées de bougainvilliers et à s'arrêter dans l'un des nombreux petits bars de la Plaza Mayor, en face de l'imposante mairie. C'est l'occasion de découvrir les spécialités de la région en picorant des tapas : poulpes grillés, poivrons farcis de morue, calamars à la sauce verte… Le tout accompagné d'un verre de vin blanc, le Rueda.
À la nuit tombée, les bars de la vieille ville s'illuminent. Dans certaines tavernes, les musiciens font résonner leur gaïta ou cornemuse de Galice. Les chants celtes-ibères sont alors repris en chœur par le public qui sirote un patxaran, un digestif aussi ancien, paraît-il, que la tour d'Hercule.
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