Le Phare de Nividic : l'ultime sentinelle
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« Qui voit Ouessant voit son sang ». Ce proverbe breton illustre bien les difficultés de navigation que rencontrent les marins au large du Finistère. Finistère : la fin de la terre. Au-delà, c’est l’inconnu. L’océan Atlantique étale sa gigantesque masse inhospitalière sur plus de quatre-mille kilomètres, jusqu’aux cotes de Terre-Neuve. Cependant, le vaste océan semble bien calme comparé à la proximité de la Bretagne. La remontée du plateau continental, les courants, les hauts-fonds, les écueils et les bancs de brume ont fait la réputation de la mer d’Iroise. La simple évocation du Raz de Sein, du Passage du Frommeur et du Chenal du Four fait trembler les marins les plus aguerris. Afin de sécuriser l’approche du Finistère, l’Etat va ordonner la construction de plusieurs phares dont les noms sont entrés dans la légende : le Créac’h (1863), les Pierres noires (1872), Tévennec (1875), Ar-Men (1881), la Vieille (1887), la Jument (1911), Kéréon (1916) …. Mais il manque encore un élément à ce maillage. A l’Ouest de Ouessant, le rocher de Leurvaz an Ividig reste un danger redoutable pour la navigation. C’est donc ici qu’un ultime phare sera construit : le Nividic.
L’élévation du phare de Nividic est décidée en 1910, alors que la construction du phare de la Jument, trois kilomètres plus au Sud, est sur le point de s’achever. A l’été 1912, les travaux commencent dans un milieu particulièrement hostile, sur une roche extrêmement difficile d’accès. Ils avancent très lentement : il faudra trois ans pour que le soubassement soit achevé et attendre 1929 pour que la tour s’élève à trente-trois mètres au-dessus des flots. Conçu pour être le premier phare non habité, commandé depuis le phare du Créac’h sur l’île d’Ouessant, la question de l’alimentation et de l’entretien du phare va vite se poser : un câble sous-marin ? Trop cher. Un feu au gaz ? Trop compliqué. Et l’accès pour les techniciens ? Trop dangereux par bateau. C’est la construction d’un téléphérique soutenu par deux pylônes plantés en mer et supportant un câble électrique va être retenue. Finalement, après vingt-quatre années de travaux, le phare de Nividic émet pour la première fois son signal lumineux en 1936. Cependant, il est éteint quatre ans plus tard par l’occupant allemand et, en 1943, les câbles d’alimentation et du téléphérique, rongés par la rouille, s’effondrent dans la mer. Après la guerre, la remise en service du phare va poser des difficultés : en 1952, un feu provisoire au gaz est installé et l’année suivante un nouveau câble électrique est tendu de l’île jusqu’au phare. En 1958, une plateforme d’hélitreuillage est construite à son sommet pour faciliter l’entretien. Finalement, en 1996, des panneaux solaires et des batteries sont installés sur la tour afin d’assurer l’alimentation continue de la lanterne. Ils permettent de remplacer le câble aérien qui était à l’origine de pannes récurrentes. Le phare de Nividic fonctionne ainsi depuis plus de vingt-cinq ans.
Bien qu’il ne soit pas possible de le visiter, le phare de Nividic est aujourd’hui une attraction de l’île d’Ouessant. Située à moins d’un kilomètre de la Pointe de Pern, la tour est parfaitement visible depuis la terre où restent les ruines de l’abri du téléphérique. Sur les roches au large de la pointe, les deux anciens pylônes se dressent toujours entre l’île et le phare, témoins de son histoire passée. Si vous faites escale à Ouessant, n’hésitez pas à vous rendre, par le sentier du littoral, au chevet du phare de Nividic admirer cette prouesse de l’ingénierie humaine.
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