Algues vertes : un combat toujours en cours en Bretagne
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Grâce aux conditions hivernales très agitées en Bretagne, entre le vent et la houle, les quantités d’algues présentes sur de nombreuses plages fin 2023 ont pu être dispersées. L’observation des côtes et des plages bretonnes par le CEVA (Centre d’étude et de valorisation des algues) confirme le caractère tardif de l’arrivée de ces algues et de leur prolifération. Cependant, elles sont en très grand nombre dans la baie de Saint-Brieuc. La prolifération des algues dans la baie avait déjà été observée en 2019, 2021 et 2023. Les observations les plus récentes dans cette baie montrent cependant un certain tassement des algues. La maire d’Hillion, commune en baie de Saint-Brieuc, a néanmoins fermé encore une fois la plage de Saint-Guimond. Annie Guennou, maire d’Hillion, témoigne à France 3 Bretagne : « Ces odeurs sont insoutenables, personne n'accepterait d'avoir cela dans sa commune. » Depuis de nombreuses années, la maire est obligée chaque année de fermer la plage de sa commune car le seuil d'hydrogène sulfuré, émanant des algues vertes en putréfaction, est dépassé.
En 2022, un joggeur est décédé sur la commune d'Hillion, la cause de la présence des algues vertes sur la plage était celle préconisée. Depuis le début de l’observation et de la prolifération des algues vertes sur les côtes bretonnes mais aussi sur les côtes atlantiques, plusieurs décès ont été constatés, preuve que ces algues sont plus que nocives pour la santé. En baie de Saint-Brieuc, ce sont plus de 60 tonnes d’algues vertes qui sont récoltées chaque jour sur les plages.
Des mesures prises à tous les niveaux
Cette année encore, un dispositif de surveillance a été lancé. Soutenu par l’ARS, ce réseau de surveillance vient d’être déployé. Cette année, le dispositif comporte 17 points de mesure (3 de plus que l’an dernier) et concerne les 7 baies particulièrement impactées l’année dernière par ce phénomène. L’ensemble des résultats des mesures est disponible sur le site de l’ARS ainsi que sur le site Air Breizh. Ces données sont ensuite mises à disposition des autorités locales afin de mettre en œuvre des mesures en cas d’alerte de dépassement de seuil.
Cependant, pour de nombreux habitants, les mesures prises ne sont pas à la hauteur. Le Plan algues vertes 2022-2027 mis en place par le gouvernement prévoit de faire encore mieux. Une barge a été construite afin de renforcer et d’augmenter le nombre de ramassages des algues sur l’ensemble de la région. Cette barge a pour mission de collecter directement les algues en mer, avant qu’elles ne s’échouent sur les plages. Après une période de test, ce navire devrait être en fonction d’ici l’automne. L’État est ouvert à d’autres propositions de ramassage, par le biais d’aspirateurs ou d’engins plus polyvalents.
Mais d’où viennent ces algues vertes ?
Il y a plusieurs hypothèses sur la présence de ces algues sur les plages de Bretagne depuis de nombreuses années. La hausse de la température de la mer est évoquée, mais beaucoup accusent les exploitations agricoles. En effet, en Bretagne, il y a deux fois plus de cochons que d’habitants. Il est déjà prouvé que certaines des exploitations intensives sont extrêmement polluantes. Les excréments des cochons sont composés de nitrates, qui sont ensuite injectés sur les plantations en très grandes quantités. Ces nitrates se retrouvent ensuite dans les nappes phréatiques ou sont emportés par les pluies et se déversent dans les rivières et les océans. Le nitrate est un accélérateur de croissance et les algues vertes en raffolent. Ainsi, cette plante sous-marine pousse beaucoup plus vite que d’autres et s’étend sur l’ensemble des fonds sous-marins de certaines zones en Bretagne, dont la baie de Saint-Brieuc.
Lors des marées, les algues vertes s’échouent en nombre sur les plages. En pourrissant, les algues vertes dégagent de l’hydrogène sulfuré, un gaz mortel pour les êtres vivants. En très grande quantité, ce gaz peut provoquer des arrêts cardiaques, des comas ou des évanouissements ; en plus faible quantité, le gaz provoque des gênes respiratoires et des picotements aux yeux. Afin de limiter au maximum la présence des nitrates dans les nappes phréatiques ou leur emportement par les fortes pluies, il faudrait, juste après une récolte, planter une culture intermédiaire. En effet, si des plantes poussent dans les sols, elles pourraient absorber le surplus de nitrates et ainsi éviter que cette toxine se retrouve dans les océans et provoque la prolifération des algues vertes. Il est devenu obligatoire de couvrir les sols par ce procédé dans la plupart des régions en France, mais c’est une pratique encore inconnue de nombreux agriculteurs.
D’autres procédés ont émergé avec la profusion des algues. Une usine de traitement des algues a ouvert dans les Côtes-d’Armor, afin de sécher les algues et de les transformer en terre, sans danger, éliminées de toute pollution.
Grâce à la prise de conscience des institutions et aux actions prises par l’État et appliquées par les collectivités locales, la multiplication des algues est contrôlée. Mais le chemin est encore long pour que les plages de Bretagne et ses habitants en soient totalement débarrassés.
N'hésitez pas à consulter le site de AirBreizh afin d'être informé de l'évolution de la situation, en cliquant ici.