
Interconnexion électrique, centrale photovoltaïque, parc éolien en mer: la Grèce, pays du vent et du soleil, veut accélérer la transition "verte" de ses îles, territoires fragiles menacés par l'activité touristique intense et les effets du réchauffement climatique.
Les centaines d'îles que compte la Grèce "sont confrontées à des défis" de taille et notamment au manque d'eau, a diagnostiqué jeudi Dimitris Lianos, maire de Naxos, la plus grande île de l'archipel des Cyclades.
C'est sur cette île de quelque 20.000 habitants, frappée par la sécheresse qui menace son important secteur agricole, que le gouvernement grec a signé jeudi un partenariat avec l'Union européenne et la Banque européenne d'investissement pour financer des projets de décarbonisation des îles.
Ce fonds doté de 1,6 milliard d'euros vise notamment à fournir de l'électricité propre et bon marché aux îles grâce à deux de leurs principaux atouts : le vent et le soleil.
Grâce à des investissements dans des sources d'énergie "vertes", il "va permettre aux îles de réaliser leur transition" écologique, a assuré le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, accompagné dans ce déplacement par des journalistes dont une de l'AFP. "Les énergies renouvelables vont permettre au pays d'acquérir une autonomie énergétique et contribuer à réduire les coûts de l'énergie", a-t-il insisté alors que le mouvement d'opposition aux éoliennes connaît un essor, à l'instar d'autres pays européens.
Les îles grecques dépendent, dans une large mesure, des combustibles fossiles liquides pour leur approvisionnement en électricité, ce qui pèse sur l'environnement et augmente considérablement le coût de l'électricité.
Stockage d'énergie
Athènes mise désormais sur le développement des sources d'énergie renouvelables comme des parcs éoliens en mer, des systèmes de stockage d'énergie et sur l'interconnexion électrique des îles avec le continent. En première ligne du réchauffement climatique dans le pourtour méditerranéen, la Grèce connaît des étés caniculaires et des incendies de forêt désastreux.
Sur de nombreuses îles, c'est le manque d'eau et la sécheresse prolongée qui inquiètent les habitants. Les associations de défense de l'environnement agitent en outre la menace que fait planer le développement touristique excessif, notamment dans cet archipel des Cyclades, prisé pour ses eaux cristallines et ses villages blancs et bleus. Naxos, située au sud de Mykonos et à l'est de Paros, gagne en popularité chaque été.
Mais en 2023, cette île célèbre pour ses fromages et ses pommes de terre, n'a reçu que 270 mm de pluie, contre une moyenne de 306 mm, selon l'Observatoire national d'Athènes, qui fait référence en matière de météorologie. Pour mener ses îles vers une lente autonomie énergétique, la Grèce a jusqu'ici donné la priorité aux plus petites, non connectées et éloignées dans l'archipel de Dodécannèse, comme Chalki près de Rhodes (sud-est), qui dispose désormais d'une centrale photovoltaïque.
Voitures électriques Dans cette même zone, Tilos produit désormais la quasi-totalité de son électricité à partir d'énergies renouvelables, grâce à 11 millions d'euros de fonds européens et 4 d'investisseurs privés grecs.
A Astypalée, autre terre reculée, des voitures électriques ont fait leur apparition en 2021. En octobre, la Grèce a présenté des objectifs plus ambitieux pour développer l'énergie solaire et éolienne afin de parvenir à des émissions de gaz à effet de serre nettes nulles d'ici à 2050. Selon le ministre de l'Environnement et de l'Énergie Theodoros Skylakakis, Athènes va viser une part de 82% d'énergies renouvelables dans sa production d'électricité d'ici 2030, contre 66% dans son plan de 2019. La Grèce entend porter la réduction de ses émissions à 58,6% d'ici à 2030 après les avoir déjà réduit de 45% par rapport à 2005, a rappelé M. Mitsotakis lors de son intervention, à la mi-novembre, à la COP29 à Bakou.
Il a également assuré que l'énergie éolienne et solaire comblait "près de la moitié des besoins en électricité" de la Grèce, tandis que la contribution du lignite n'était "plus que de 6%".