
Les croisières et la location de yachts, symboles d'évasion et de luxe, sont de plus en plus critiquées pour leur impact environnemental significatif. En réponse, des propositions émergent pour instaurer des taxes écologiques visant à responsabiliser ces secteurs.
Des géants des mers aux émissions colossales
Les paquebots de croisière figurent parmi les navires les plus polluants au monde. En moyenne, un seul de ces navires émet chaque année 20 000 tonnes de CO?, soit l’équivalent des émissions annuelles de 10 000 voitures. En Europe, plus de 200 navires de croisière sont répertoriés, émettant autant en un an que 50 000 trajets Paris-New York en avion.
Malgré cet impact climatique, la croisière échappe à de nombreuses taxes sur le carburant, sur la consommation et sur les activités des entreprises, alors que ces taxes s’appliquent à la plupart des autres modes de transport et aux activités touristiques.
Des yachts de luxe aux avantages fiscaux discutables
Les yachts professionnels, souvent utilisés à des fins commerciales, bénéficient d'avantages fiscaux notables. Ils ne sont pas soumis à la taxe annuelle sur les engins maritimes à usage personnel (TAEMUP), qui s’applique aux yachts privés et est calculée en fonction de la taille et de la puissance du navire. De plus, la pratique des pavillons de complaisance les exempte de nombreux autres régimes d’imposition, tels que des exonérations et réductions de TVA, de droits de douane, de taxe sur les carburants marins et d’impôt sur les revenus pour le personnel à bord.
Pourtant, leur impact climatique est loin d’être négligeable. Par exemple, un yacht émet en une journée autant de CO? qu'une famille de quatre personnes séjournant cinq mois à l'hôtel.
Vers une fiscalité plus verte pour la navigation de plaisance
Face à ces constats, l'ONG Transport & Environment (T&E) propose l'instauration d'une éco-contribution sur les billets de croisière, similaire à la taxe de solidarité sur les billets d’avion. Selon leurs estimations, cette mesure pourrait rapporter 200 millions d’euros en 2025, sans fragiliser un secteur en pleine croissance.
Pour les yachts professionnels, T&E recommande une taxe écologique basée sur la capacité de passagers à bord et la durée de location. Cette mesure pourrait générer 12,6 millions d’euros par an, avec une contribution moyenne de 70 euros par passager et par jour.
Ces propositions visent à instaurer une justice fiscale dans le secteur maritime, en alignant la contribution de ces loisirs haut de gamme sur leur impact environnemental réel.