L'association écologiste Robin des bois a réclamé lundi la "purge" d'une quarantaine de sites de stockage de résidus de marées noires, situés à proximité du littoral breton. "Ces dizaines de sites, il est urgent de les purger. Sinon, un jour ou l'autre, ils vont être éventrés, débourrés - comme on le dit dans le jargon des spécialistes -, et ça va se répandre dans la mer et provoquer des marées noires dominos", a lancé Jacky Bonnemain, directeur de l'association Robin des Bois, lors d'une conférence de presse à Brest.
L'association a répertorié 11 sites dans le Finistère et 32 dans les Côtes-d'Armor qui jouent un rôle de "décharges de déchets de marées noires en bordure littorale", selon un communiqué de presse. Certains sites sont proches d'habitations et en zone protégée, selon elle.
A la suite d'un article du quotidien Le Télégramme, les déchets des marées noires stockés dans un blockhaus sur la Pointe du Raz (Finistère), labellisé "Grand Site de France", ont relancé le débat sur ces sites de stockage.
L'accès au blockhaus, qui contient 3m3 de déchets pétroliers depuis un demi-siècle, va être fermé, a annoncé la semaine dernière la préfecture du Finistère, assurant que ces déchets "ne présentent pas de danger pour l'environnement". "Il y a des dizaines de sites (...) qui sont d'une certaine manière encore plus dangereux, parce qu'ils sont, non pas en haut d'une falaise, mais en bordure littorale, dans des marais, à côté des dunes, et donc soumis à l'érosion du trait de côte, soumis aux vagues de submersion, soumis à l'élévation qu'on nous promet du niveau de la mer", a assuré M. Bonnemain.
Entre 1967 et 1988, la Bretagne a été touchée par les marées noires du Torrey Canyon, du Gironde, de l'Olympic Bravery, du Boehlen, de l'Amoco Cadiz, du Tanio et de l'Amazzone, "soit 370.000 tonnes environ d'hydrocarbures", selon l'association. "Il n'y a pas que les déchets qui sont à terre. Il y a ceux qui sont en mer. Par exemple, les 5.000 m3, au moins, qui sont dans la partie avant du Tanio, une épave qui se fissure, qui rend l'âme, qui est complètement rouillée (...) Il est important de vidanger l'épave du Tanio", a ajouté M. Bonnemain.
Le Tanio, un pétrolier long de 192 m, s'était brisé en deux sous la violence d'une tempête le 7 mars 1980 au large de l'île de Batz, dans le Finistère.