
Pour Matthieu Guilloto, délégué général de l’Association des Ports de Plaisance de l’Atlantique (APPA) : « la location à quai se développe mais demeure marginale. Les ports ne sont pas encore dans cette dynamique. Notamment parce que l’on tolère mal le fait de faire du business sur le domaine maritime public ». Selon les chiffres du Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, seuls 15 % des ports maritimes et 10 % des ports fluviaux autorisent effectivement l’hôtellerie et 0,5% des emplacements liés à la plaisance privée sont dévolus à ces usages. (source : MEEM_presentation_mer_pêche).
A la discrétion des ports
Pour l’association Legisplaisance, cofondée par Matthieu Guilloto, l’essor de cette nouvelle pratique pose divers problèmes aux autorités. Sécurité, fiscalité, environnement, règles d’urbanisme… rien n’est adapté aujourd’hui. Ainsi, en l’absence d’un cadre juridique précis, les ports ont toute discrétion pour accueillir ou refuser l’activité commerciale de location d’un navire à quai. (source : Location touristique de navires entre particuliers à titre d'hébergement à quai - Légisplaisance (legisplaisance.fr)
Le port de La Rochelle semble se tenir à la proue du sujet. « C’est le seul de la façade Atlantique, entre Pornichet et Hendaye, qui l’autorise officiellement », indique le délégué général de l’APPA. Le Vieux Port, situé en plein centre-ville, a d’indéniables arguments touristiques. Par ailleurs, la location offre un complément de revenus pour les propriétaires et leur permet de payer une partie de leur emplacement. « Même si nous demandons aux personnes de déclarer leur activité à la capitainerie, beaucoup ne le font pas. Mais nous savons que la pratique est en forte croissance », souligne Philippe Rouger, chargé de communication.
Xavier Vanhecke, maitre de port principal à La Rochelle, estime « à une centaine le nombre de bateaux utilisés pour la location à quai. Ce qui représente pour chacun 60 à 90 jours d’occupation par an. Il prévient : Mais les ports n’ont pas été conçus pour ça. Des gens peuvent facilement tomber à la mer, l’utilisation des toilettes à bord peut poser des problèmes de salubrité publique. Des soucis de nuisances sonores sont également à craindre… »
Pour l’heure, le port rochelais incite les propriétaires à la prudence et les encourage à prendre leurs précautions au niveau assurance. Le contrat doit couvrir les dommages matériels au bateau, aux bateaux voisins et infrastructures (rupture d’amarre, voie d’eau, incendie…). Les locataires quant à eux doivent veiller à être assurés en cas de dommages corporels lors du séjour (blessures sur un ponton, chute du bateau …).
Préserver l’usage marin
La croissance de la location à quai semble aller dans le sens de l’histoire. « La pratique peut même se présenter comme un avenir pour les ports dont la fréquentation passe doucement de celle de marins à celle de consommateurs », estime Matthieu Guilloto. Afin de ne pas trop dénaturer l’usage maritime et de faciliter les contrôles, la solution pourrait être de réserver un emplacement spécifique à l’habitation, ponctuelle ou permanente. Sellor, la société d’économie mixte qui gère l’animation du port de Lorient est allée plus loin. « Nous avons choisi de créer le concept Sealoft et de le confier à un privé. Il s’agit de regrouper des habitats flottants haut de gamme. Ils offrent le plaisir de séjourner sur l’eau dans de meilleures conditions de confort qu’une cabine de bateau », explique Brieuc Morin, son responsable.

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