
L’envie de sentir les embruns vous fouetter le visage devient irrépressible ? La première des erreurs serait de sauter sur la barre de votre bateau, laissé au repos depuis quelques mois et en avant Guingamp ! A l’instar du petit check-up que l’on fait dans sa maison secondaire avant d’envisager d’y passer le premier week-end, il faut faire le tour du propriétaire pour tout remettre en ordre… le notion de sécurité au large en plus. « Pendant des années la plaisance a négligé ces aspects d’entretien mécanique, on ne voulait pas parler des choses qui fâchent. C’est en train de changer », observe Laurent Marion, fondateur d’EFT (Escale Formation Technique) à Rezé (44) qui organise des stages partout en France.
« L’idée était de donner le maximum d'outils aux plaisanciers. Quand ils vont se retrouver en mer, il va leur falloir faire des choses par eux-mêmes. Il s’agit de les rendre autonomes au maximum. » À l’instar des champions de la course au large, les navigateurs amateurs doivent savoir où se trouve tel équipement et comment il fonctionne. Il ne faut pas attendre d’être en mer pour découvrir son navire. La phase de remise en route, au port et en sécurité, est une bonne occasion pour observer les rouages de son engin. « Je pense que cette démarche d’entretien permet aux gens de sortir du simple esprit de consommateur, estime Kevin Hénaf, expert maritime à La Rochelle. Et plus ils acquièrent de l’autonomie, plus ils font baisser les coûts d’entretien de leur bateau. Si un doute persiste sur le bon fonctionnement d’un équipement, mieux vaut faire appel à un voisin de ponton connaisseur, voire un professionnel, plutôt que de laisser courir. »
Comme tous les moteurs
Après un stage chez EFT, « les plaisanciers savent se débrouiller de leur vidange, purger le circuit de carburant si de l’air est entré dans le moteur, nettoyer le circuit de refroidissement… Tout ce qui peut les mettre en difficulté en mer et qui, faute de connaissance, peut se transformer en appel à la SNSM », précise Laurent Marion.
Kévin Henaf confie « un petit truc tout bête : vidanger le préfiltre décanteur dans un bocal. Observer le liquide au bout de quelques minutes pour voir s’il y a des dépôts ou de l'eau dans votre carburant. »
L’expert conseille par ailleurs de vérifier la tension des batteries, avant et après démarrage du moteur.
Après avoir démarré le moteur, il s’agit de vérifier sa montée en température. Augmenter le régime jusqu'à atteindre celui de croisière durant au moins 5 minutes et chercher les fuites éventuelles.
Les voiles : « on peut faire des choses par soi-même »
Nicolas Hoog est l’un des deux gérants de la voilerie Clipper voiles à Frontignan (34). Il se déplace dans les ports pour diagnostiquer les problèmes et réparer les gréements endommagés. Mais on peut faire des choses par soi-même. « Il faut commencer à vérifier une voile quand elle atteint les quatre ans de service. Les endroits névralgiques sont : les points d’écoute (pour régler l’angle de la voile), de drisse et d’amure. »
Le génois, la voile d’avant : la dérouler une première fois et vérifier l’émérillon (élément tournant faisant le lien entre le point de drisse et la drisse de génois). « S’il bouge trop de droite à gauche, le plus simple est de descendre la voile et le vérifier une fois à hauteur d’homme. »
Le génois descendu il faut l’observer « sous toutes les coutures », notamment au niveau de la bande UV. Si certaines coutures commencent à se défaire, il ne faut pas attendre pour la confier à un voilier et s’éviter des coûts plus importants.
Il faut ensuite s’assurer que l’étai (câble de maintien du mât) est bien tendu.
Sur la grand-voile on surveillera en priorité : la têtière et le point d’écoute qu’il faut bien protéger du soleil lorsque l’on couvre sa voile. Vérifier l’état des coulisseaux (petite pièce assurant la liaison mat / voile qui sert à son guidage le long du mât).
Il faut veiller à bien tendre ses lattes (qui donnent sa forme à la voile), mais sans excès. Surveiller ses barres de flèches (perpendiculaire au mât) et faire poser des renforts si besoin pour prévenir l’usure des coutures.
Repérer les déchirures sur les spis. Il est possible de poser des pièces autocollantes à moindre coût sur les petites déchirures.
« Si un plaisancier se sent de monter au mât, il va pouvoir dépister lui-même pas mal de choses : les sertissages hauts, les ancrages au niveau du mâts (comme les barres de flèches), les haubans (câbles fixés sur le mât). »
La sécurité d’abord
S’il ne devait y avoir qu’un sujet, ce serait celui de la sécurité. Commencer par tester les pompes de cale qui permettent de vider l’eau en cas d’avarie de la coque : repérer les tuyaux et contrôler leur état et leurs fixations. Les points de puisage sont-ils au plus bas ? Le plaisancier prudent profite de l’occasion pour vérifier que son matériel de signalisation (feux et fusées) est en bon état et non périmé. C’est d’ailleurs l'occasion de se remémorer où sont rangés les éléments. En cas d’avarie il faudra réagir vite.
Sur le pont
- Accastillage : vérifier le bon état des points d'ancrage des pièces inox fixées sur le pont.
- Vérifier le bon fonctionnement du guindeau (pour mouiller ou lever l’ancre), l’état de la ligne de mouillage, les points de liaison entre l'ancre, la chaine et le textile.
- Un pont glissant est un réel danger, vérifier la qualité de votre anti-dérapant.
Les aménagements
- Vérifier l’état de fonctionnement de tous les équipements à bord.
- Manœuvrer chacune des vannes et les asperger avec un produit de protection. Vérifier visuellement s’il y a un début d'oxydation ou un début de fuite. C'est également l'occasion de contrôler l'état des tuyaux et de leurs colliers. Une vanne sous le niveau de la mer doit avoir un tuyau serti de deux colliers en montage tête-bêche.
- Essayer la pompe de WC, clapet ouvert et fermé, vérifier l'absence de jeux ou de fissure sur la pompe.
Si vous pouvez sortir le bateau de l’eau
- Vérifier l’état des anodes et leurs fixations à proximité de l’hélice.
- Vérifier l'absence de jeu du système de barre. Les vibrations sont désagréables et entrainent des desserrages.
- Vérifier le bon état du joint de propreté de la quille et l'absence de coulure de rouille. Le problème pris à temps, évitera de déposer l’équipement.
- Vérifier le bon état de l'embase, le pied du moteur et le système d'aspiration d'eau du moteur. Elle ne doit pas être obstruée.
- Vérifier l'absence de jeu depuis l'hélice. Elle doit tourner librement, sans déformation, et ne présenter aucun jeu lorsqu'elle est soumise à une pression manuelle dans les trois axes.
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