Les cordages : bien choisir les drisses et les écoutes

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Il n’existe pas de cordage universel. Chaque utilisation est un cas particulier. Les techniques de fabrication ont peu évolué, en revanche, de nouvelles fibres sont apparues d’abord en course et maintenant en plaisance. Lors du renouvellement, un choix s’impose.

Il n’existe pas de cordage universel. Chaque utilisation est un cas particulier. Les techniques de fabrication ont peu évolué, en revanche, de nouvelles fibres sont apparues d’abord en course et maintenant en plaisance. Lors du renouvellement, un choix s’impose.

Comprendre les matériaux
En théorie, pour la fabrication des cordages, deux matériaux sont employés : le polyester et le Dyneema. En pratique, ces appellations prennent des noms différents suivant les fabricants et peuvent donc correspondre à des produits identiques. En effet, certains utilisent le nom du matériau, d’autres le nom commercial. Pour l’utilisateur suivant ce qu’il va en faire, l’important à connaitre, sont : l’allongement à la rupture, la résistance aux U.V. et celle à l’abrasion.

La fabrication
Il existe quatre techniques de fabrication pour les cordages. Ils peuvent être toronnés, à tresse creuse, à âme tressée ou à âme parallèle. Le cordage toronné est le plus ancien. Il est principalement utilisé pour l’amarrage et le mouillage. La tresse creuse est constituée d'une simple tresse 16 ou 24 fuseaux polypropylène ou polyester. Cette technique permet d’obtenir un cordage léger mais qui a ses limites. Il ne peut pas être utilisé sur un winch, un bloqueur ou un coinceur. Ces principales utilisations sont comme gaine de protection ou comme écoute, dans le petit temps, sur les bateaux de régate où la recherche de poids minimum s’impose. L’âme tressée est comme son nom l’indique un cordage constitué d’une âme tressée qui est la partie active. Ce tressage fait appel à des groupes de torons (8 à 24) appelés fuseaux. Pour les protéger, la tresse extérieure est constituée d’un nombre important de fuseaux qui peut atteindre 32. Il est bien adapté aux drisses et aux écoutes. L’âme parallèle, cette technique ne fait pas appel au tressage pour la partie active. L’âme est simplement constituée de fibres parallèles recouvertes de deux gaines, l’une de compactage pour retenir les fibres, recouverte d’une autre gaine extérieure de protection. Cette fabrication permet d’obtenir un cordage avec un allongement minimum.

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Drisses renvoi du mat

Ce qu’il faut retenir sur la fabrication
- Cordage à âme tressée : son point fort facile à épisser, son point faible un allongement suivant le matériau utilisé.
- Cordage à âme parallèle : point fort allongement minimum, bien adapté pour les drisses. Point faible les épissures ne sont pas évidentes.
- Cordage toronné : point fort facile à épisser, point faible peut former des cloques. Bien adapté pour la ligne de mouillage et l’amarrage.
- Tresse creuse : point fort sa légèreté, point faible une utilisation limitée. Réservé pour des manoeuvres de tout petit temps (écoute sur bateau de régate) ou pour surgainer un cordage.


Bien s’équiper en drisses
La qualité première que l’on demande à une drisse, est d’avoir un allongement minimum. Sur les bateaux de croisière, on est moins exigeant que sur les bateaux de régate cependant il existe des produits mieux adaptés que d’autres. Sur les bateaux de croisière, le cordage le mieux adapté est une construction réalisée avec une âme en fibres parallèles polyester, recouverte d’une gaine tressée polyester. La résistance d’un tel assemblage est élevée (diamètre 10 mm rupture 1950 kg) pour un allongement qui reste de l’ordre de 4% à la charge de travail. Les régatiers ont de plus en plus tendance à se tourner vers des drisses réalisées en produit exotique tel que le Dyneema (polyéthylène). Dans ce domaine, on trouve, par exemple, des drisses qui peuvent également être utilisées comme écoutes. A titre indicatif, une drisse réalisée avec une gaine extérieure tressée de 24 fuseaux polyester sur une âme parallèle en Dyneema HMPE (High Modul Polyéthylène) pour un diamètre de 10 mm a une charge de rupture de 4500 kg et un allongement de moins de 1% soit, à diamètre égal, deux fois plus résistante qu’une âme parallèle polyester avec un allongement 4 fois moindre. Reste le prix, il est au minimum trois fois supérieur. La solution à résistance égale est de prendre un diamètre inférieur, par exemple du 6 mm (rupture 1800 kg) 50% moins onéreuse. Cette solution permet d’avoir des performances supérieures en allongement et en poids (seulement 26 g/m). Le seul point à vérifier est la compatibilité au niveau des réas et des bloqueurs. Pour éviter l’usure au niveau de ceux-ci, on peut surgainer le cordage.

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Fabrication cordages


Bien s’équiper en écoutes
Pas de différence fondamentale entre une écoute et une drisse. Les matériaux sont identiques : polyester et fibres exotiques. La différence est au niveau de la fabrication. Une écoute doit avoir une bonne tenue en main et sur un winch et être relativement souple. Quant à l'allongement, il est moins critique que sur une drisse. Pour concilier tous ces points, la gaine extérieure tressée est bien souvent discontinue (aspect cotonneux) et l'âme câblée ou tressée. Si on recherche du haut de gamme spécifique écoute, on peut s’orienter vers une réalisation avec une âme câblée en polyester recouverte d’une gaine extérieure tressée en polyester discontinue (touché coton). L’allongement est de l’ordre de 6% pour une charge de rupture de 2550 kg (diamètre 10 mm). Plus technique, vous en trouverez à âme tressée Dyneema recouverte d’une gaine tressée en polypropylène. Pour un diamètre de 10 mm, vous n’avez que 1% maximum d’allongement pour une charge de rupture de 3500 kg. Pour la voile légère, on peut prendre une monotresse constituée d’un mélange de Dyneema et de polyester. Bien souvent, pour la croisière, on s’oriente vers un cordage mixte qui peut tout aussi bien convenir pour les drisses que pour les écoutes. L’avantage est de n’avoir qu’un seul produit pour les deux usages. Dans ce domaine, on trouve des cordages avec double tresses tout polyester, avec des âmes parallèles en polypropylène recouvertes d’une gaine tressée en polypropylène. On peut estimer qu’un cordage mixte (écoute/drisse) réalisé avec une gaine extérieure polyester et une âme trois torons polyester, a un allongement maximum de 10% à 50% de la charge de rupture. Il offre les avantages d’avoir une bonne tenue sur les bloqueurs et coinceurs et est facile à épisser. Le même cordage polyester avec cette fois une âme parallèle a un allongement moindre 6% mais l’épissure est plus technique.

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Surgainage pour passage coinceur


L’entretien des cordages
Les cordages sont plus ou moins sensibles aux rayons U.V., mais aucun n’est insensible. Pour l’hivernage, il est conseillé de retirer ceux qui peuvent l’être, par exemple, les écoutes, hale-bas, palans, etc. Mais avant de les ranger dans un endroit sec, il faut les rincer abondamment à l’eau douce. Pendant la saison, si vous avez également l’occasion d’avoir de l’eau douce, n’hésitez pas à les rincer pour ôter le sel. Pour les drisses, c’est plus délicat car, généralement, elles restent à poste. Mais cela n’empêche pas de les rincer. Pour l’hivernage, il ne faut pas les laisser sous tension. Ce qu’il ne faut pas faire : rincer les cordages dans une machine à laver, cela leurs donnent peut-être un bel aspect mais cela a l’inconvénient de casser les fibres. Une inspection régulière des différents cordages permet de déceler les problèmes, par exemple, une gaine extérieure abimée due peut-être à un réa ou une poulie défectueuse. Un conseil n’hésitez pas à retourner les drisses et les écoutes, cela évite que ce soit toujours les mêmes zones qui frottent sur les réas et les poulies. Le budget cordage sur un voilier n’est pas négligeable d’où l’importance de les entretenir, mais ils restent toutefois un produit consommable que l’on est amené à changer. On estime que sur un voilier de 10 mètres, on a environ 200 mètres de cordages divers. Lorsqu’il faut les changer, déterminer la longueur des écoutes est simple car on prend en comparaison les anciennes, c’est moins évident pour les drisses. On doit tenir compte de la hauteur du mât (2 fois) et des retours au cockpit (suivant la configuration). N’hésitez pas à prendre quelques mètres en plus, cela vous permettra éventuellement de les couper périodiquement de quelques centimètres pour déplacer les points de ragages.

Les principaux matériaux
On trouve principalement sept matériaux retenus pour la fabrication des cordages modernes. Toutefois, les noms donnés dans les catalogues sont bien souvent des interprétations des constructeurs, souvent pour en justifier le prix. Pour vous y retrouver, nous vous donnons dans le tableau les équivalences de noms et les principales caractéristiques.

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Notre avis

Les différents cordages que l’on utilise sur un bateau, ont des fonctions bien définies. Bien souvent, on voit des bateaux amarrés avec d’anciennes drisses ou avec des écoutes réalisées avec des cordages toronnés. Ce n’est pas sérieux voire dangereux. Dans la plupart des catalogues des équipementiers, les cordages sont décrits en fonction de leur utilisation avec les principales caractéristiques. Il est conseillé de s’y référer. Un cordage ne s’achète pas en fonction de son prix mais en fonction de l’utilisation que l’on veut en faire.

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Rincage des cordages

Choisir le bon cordage, c’est avant tout comprendre l’usage que l’on va en faire. Chaque matériau, chaque type de fabrication, chaque construction répond à un besoin spécifique, que ce soit en termes de résistance, d’allongement ou de tenue dans le temps. Si les fibres modernes permettent des gains notables en performance, elles exigent aussi une vigilance accrue sur l’usure et la compatibilité avec les équipements existants. Prendre le temps d’évaluer ses besoins, de comparer les solutions, et d’entretenir régulièrement ses cordages, c’est garantir la fiabilité de ses manoeuvres et la sécurité à bord.

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L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...