
Partir pour une traversée n'est jamais anodin. Se retrouver seul bateau au milieu de la mer, sans autre horizon que celui des vagues à l'infini, est un moment exceptionnel dans la vie d’un marin. Et quand il s’agit de partir d’Europe pour arriver, au choix, au Brésil, aux Antilles ou en Amérique du Nord, c’est souvent un rêve qui se concrétise.
Un bon timing pour une belle traversée !Une traversée de l'Atlantique va durer en moyenne entre deux et quatre semaines, selon vos points de départ et d’arrivée, la météo rencontrée, le type de votre bateau et bien sûr les motivations de l'équipage et de son capitaine… 15 à 30 jours en mer : voilà qui peut faire peur aux novices. Comment être certain de partir avec suffisamment de nourriture, d’eau et de gasoil ? Comment éviter les coups de vent ? Les vagues scélérates ? Et quid des risques de collisions ? Sans oublier, bien sûr, l’appréhension de se retrouver dans un espace limité, sans échappatoire, avec des coéquipiers qui peuvent, parfois, devenir envahissants.
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Commençons par la météo. Les prévisions sont aujourd’hui très précises et les moyens techniques de la recevoir à bord nombreux et accessibles financièrement, tout comme le recours à un routeur pour vous aider à y voir clair, même au beau milieu de l’Atlantique. En partant des Canaries entre la fin novembre et début janvier, vous éviterez les cyclones qui suivent la même route à partir de juillet/août jusqu’en octobre. Les Alizés seront bien établis et vous pousseront, au portant, vers l’autre côté.

L’abordage par un autre bateau est un risque réel sur une transatlantique, tout comme le risque de « taper » dans un OFNI. Un danger qui reste statistiquement très improbable sur une zone aussi gigantesque. La veille doit tout de même être attentive et systématique à bord, d’où l’importance de l’organisation des quarts et de l’équipage embarqué. Radars, AIS et autres systèmes tels que celui proposé par SEA.AI permettent de vous avertir en cas de route de collision avec un autre bateau ou d’un objet flottant entre deux eaux.
Captain forever…Le bon capitaine doit savoir choisir le bon équipage – CQFD ! En famille ou entre amis, il faut que tous, à bord, aient la même envie. Celle de vivre une aventure commune et partagée. Evitez, tant que faire se peut, de partir pour une transatlantique avec un équipage qui n’a jamais navigué ensemble. Partez avec suffisamment de monde pour que vous n’ayez pas à vous exténuer en quarts trop nombreux et/ou qui n’en finissent plus. Enfin, soyez très clair avec les objectifs de la transat . Si vous partez en mode « régate » ou au contraire plutôt « contemplatif », ce n’est pas la même histoire que vous allez écrire, et l’équipage doit savoir à quoi s’attendre…
Et un bateau bien équipé !Nul besoin d’un bateau de 15m pour se lancer dans une traversée de l’Atlantique. Chaque année, la Mini Transat le prouve avec des bateaux de… 6,50m ! Pour le confort en mer, un minimum de 8/9 m de longueur est tout de même recommandé. Un bateau qui devra – bien sûr – être homologué pour une telle navigation, assuré et équipé correctement pour la sécurité et le confort de tous à bord.Même si vous partez avec un rallye comme ceux de l’ARC ou des Iles du Soleil, un principe doit prévaloir : une fois au large, vous êtes seuls et ne devez compter que sur vous-même. La préparation de votre bateau ne doit donc souffrir d’aucune négligence.

Moteurs, gréement, écoutes et drisses doivent être impeccablement révisés, et tous les éléments douteux changés. Il faut particulièrement soigner la caisse à outils et les pièces de rechange indispensables à embarquer. Par exemple, en plus des outils habituels (clés diverses, marteau, tournevis…), ayez toujours à bord assez d’huile pour effectuer une vidange, sur le moteur, l’inverseur et le sail drive. Idem pour les filtres et pré-filtres. Ayez aussi un jeu complet de courroies, et de turbines de pompe à eau. Prévoyez un petit livre de vulgarisation sur la mécanique diesel ou mieux une formation avant d’appareiller. Dans la caisse à outils, vérifiez la présence d’une clé à filtres, de même que pour la pompe à vidange. Prévoyez du papier absorbant type Sopalin en grande quantité, ainsi que du produit vaisselle, le top pour absorber les odeurs de gazole. D’une vidange à l’autre, gardez les vieux bidons, pour vous débarrasser de l’huile usagée. Vous les conserverez à bord jusqu’à trouver un container de récupération approprié. Prévoyez un ou deux jerricans de gazole en supplément, pour ne pas vous retrouver à sec de carburant. Une durite de remplissage automatique à billes évitera d’en mettre partout au moment de transvaser.Prévoyez aussi un échantillonnage assez large d’axes, goupilles et autres boulons et vis, toujours utiles quand il faut mécaniquer ou bricoler. Une avarie de gréement est toujours possible : embarquer une longueur de câble souple – et les serre-câbles correspondants - suffisante pour sécuriser un hauban ou l’étai. Des ridoirs, des bobines de bouts en Vectran de différents diamètres peuvent rendre d’innombrables services à bord, comme la réalisation d’un brelage pour remplacer une manille défaillante…
La cambuse, l'élément essentiel en traversée ?Vous pouvez facilement l’imaginer : en navigation hauturière on mange beaucoup et souvent. Et quelle que soit la nationalité de l’équipage, la qualité des repas, des apéros, des goûters et des petits-déjeuners sont essentiels à la bonne ambiance sur le bateau ! Il est donc crucial de préparer soigneusement son avitaillement et de ne pas partir sans avoir préalablement vérifié et re-vérifié que tout est à bord en quantité et en variété suffisantes.

A chacun sa technique pour réussir un bon avitaillement. Mais, à moins d'avoir un cuisinier attitré dans l'équipage, le plus simple est de se réunir et de faire la liste des recettes que chacun aime faire et qui sont faciles à gérer en mer. Il suffit ensuite de faire la liste des ingrédients nécessaires à la création des repas, pour tous les membres d'équipage et la durée prévue de la traversée. A ce sujet, il est bon de rappeler que certaines traversées sont beaucoup plus longues que prévu initialement ! Il est aussi important de dresser un plan des menus, en commençant par les aliments les plus périssables, en finissant par les plus “durables”. Enfin, n'oubliez pas qu'en mer on grignote souvent et beaucoup, et que l'organisme a besoin d'au moins 1,5 litre d'eau par personne et par jour. Et puisque nous parlons d'eau, au même titre qu'il faut emporter du gasoil supplémentaire pour éviter la panne sèche, il serait criminel d'imaginer partir pour plusieurs jours en mer en ne faisant confiance qu'à son seul dessalinisateur. Donc, partir avec les pleins d'eau est tout simplement indispensable.
Et pour une traversée réussie, pensez aussi à embarquer : de quoi pêcher pour améliorer l’ordinaire, des films, des livres et de la musique pour occuper le temps et… un bon casque pour se déconnecter lorsque l’envie d’être seul se fait sentir !
Et avant de partir en mer, ayez les bons réflexes en consultant la météo sur METEO CONSULT Marine et en téléchargeant l'application mobile gratuite Bloc Marine.