
Pourquoi des labels pour la pêche ?
La surexploitation des stocks de poissons est une réalité préoccupante. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), plus de 35 % des stocks mondiaux sont exploités au-delà de leur capacité de renouvellement. Par ailleurs, certaines techniques de pêche non sélectives entraînent la capture massive d’espèces non ciblées, perturbant tout l’écosystème marin.Les labels de pêche ont donc pour vocation de guider le consommateur vers des produits issus d’une pêche plus durable, respectueuse des ressources et des écosystèmes. Mais encore faut-il savoir ce qui se cache derrière chaque certification…Les principaux labels à connaître
Si de nombreux labels existent, tous ne se valent pas en termes d’exigences environnementales et sociales. Voici les principaux à retenir.
1. MSC (Marine Stewardship Council) Créé en 1997 par le WWF et Unilever, le label MSC (reconnaissable à son logo bleu) est sans doute le plus connu au niveau mondial. Il garantit que le poisson provient d’une pêcherie répondant à trois grands critères :- Stock de poissons exploité de manière durable- Minimisation de l’impact environnemental- Gestion efficace de la pêcherie
Toutefois, certaines critiques ont émergé, notamment sur la certification de pêcheries industrielles utilisant des techniques controversées comme le chalutage de fond. De plus, le fait que les audits soient financés par les pêcheries elles-mêmes soulève des questions d'indépendance. Certains experts relèvent également l'absence de prise en compte du changement climatique dans les critères du label.

2. ASC (Aquaculture Stewardship Council)
Moins connu que le MSC, l’ASC concerne exclusivement les poissons et fruits de mer issus de l’aquaculture. Il garantit une réduction de l’impact environnemental (alimentation, pollution de l’eau, gestion des déchets) et une meilleure traçabilité.
Toutefois, certaines critiques portent sur les densités d'élevage autorisées, qui peuvent favoriser les maladies et l'usage d'antibiotiques. Par ailleurs, l'alimentation des poissons labellisés repose encore en partie sur des farines issues de la pêche sauvage, soulevant des interrogations sur la durabilité globale de la filière.

3. Friend of the Sea
Moins connu que MSC, Friend of the Sea certifie aussi bien des produits issus de la pêche que de l’aquaculture. Si le label revendique un engagement en faveur de la durabilité, ses critères sont souvent jugés moins stricts et moins transparents que ceux de MSC. Certaines entreprises certifiées par ce label ont été pointées du doigt pour des pratiques peu respectueuses de l’environnement. Certaines pêcheries pratiquant le chalutage de fond ont été labellisées sans contrôle approfondi.
De plus, les audits ne sont pas toujours réalisés sur site et le label ne prend pas en compte les conditions sociales des travailleurs du secteur. Ces éléments peuvent susciter des interrogations sur son niveau d'exigence.

4. Label Rouge
Ce label français n’est pas spécifiquement axé sur la durabilité mais plutôt sur la qualité gustative des produits. Il s’applique à certains poissons et fruits de mer élevés ou capturés dans des conditions strictes, comme le saumon Label Rouge d’Écosse ou la truite des Pyrénées.
Toutefois, il ne prend pas en compte l’impact écologique des élevages ou des pêcheries. Certains produits labellisés proviennent d’élevages intensifs ou de techniques de pêche non sélectives. Bien qu’il ne garantisse pas directement une pêche durable, il s’associe souvent à des pratiques plus respectueuses de l’environnement.

5. Pêche Durable (France)
Lancé en 2017 par le ministère de la Mer, le label “Pêche Durable” vise à offrir une alternative française à MSC, avec des critères spécifiques à nos pêcheries locales. Il repose sur trois piliers :- Durabilité des ressources halieutiques- Impact environnemental limité- Responsabilité sociale des pêcheries
Cependant, il reste encore peu connu et peu présent en grande distribution, limitant son influence face aux labels internationaux. Il reste un bon indicateur pour les consommateurs soucieux de privilégier des produits issus de la pêche française responsable.

Comment mieux choisir ses produits de la mer ?
Au-delà des labels, quelques réflexes simples permettent d’adopter une consommation plus responsable :- Privilégier les espèces non menacées : éviter le thon rouge ou le cabillaud de l’Atlantique Nord, privilégier le maquereau, la sardine ou encore les moules.- Se renseigner sur la saisonnalité des poissons : comme pour les fruits et légumes, certains poissons sont à privilégier à certaines périodes de l’année pour éviter la surpêche.- Privilégier la pêche locale et artisanale : les circuits courts garantissent souvent une meilleure traçabilité et une empreinte carbone réduite.- Faire attention aux modes de pêche : préférer la pêche à la ligne, au casier ou au filet plutôt que le chalut de fond, qui détruit les fonds marins.
Si les labels permettent d’avoir des repères, aucun ne garantit une pêche 100 % durable et éthique. Il est donc essentiel d’aller plus loin en adoptant une consommation raisonnée, en se renseignant sur l’origine des produits et en favorisant les circuits courts. Finalement, la clé d’une pêche responsable repose autant sur les certifications que sur la vigilance des consommateurs.Et vous, quels sont vos critères pour choisir vos poissons et fruits de mer ?