Fabrice Amedeo : « Mon objectif est le Vendée Globe 2028 »

Le Figaro Nautisme : Quel bilan tirez-vous de votre troisième Vendée Globe ?
Fabrice Amedeo : "Terminer un deuxième Vendée Globe est toujours une consécration dans une vie de marin et ça l’est à plus forte raison dans une vie d’ancien journaliste. Donc à cet égard, le bilan de mon Vendée Globe est très positif : je suis parti des Sables d’Olonne le 10 novembre dernier avec pour seul objectif de terminer la course et quand c’était difficile dans les mers du sud cet hiver, je me disais toujours à moi-même de me concentrer sur l’objectif qui était de terminer. J’ai franchi la ligne d’arrivée donc le bilan est positif. Il n’empêche que je suis un peu déçu de la manière et que j’aurais aimé faire mieux sportivement."
Lors de votre arrivée, vous avez parlé d’un tour du monde au bout de la résilience
"Oui effectivement, j’ai vécu deux années très compliquées avant le départ mais la fierté est d’autant plus grande aujourd’hui d’avoir terminé ce tour du monde en solitaire. J’ai connu un naufrage en 2022, de gros problèmes d’équipe en 2023 avec des vols et un travail qui n’a pas été fait, et donc par ricochet une préparation qui a été compliquée et tardive. Franchir cette ligne d’arrivée a été un immense soulagement et me permet de regarder vers l’avenir en me disant que la vie est faite de cycles de réussite et de cycles plus compliqués et que maintenant je vais pouvoir attaquer une nouvelle aventure avec passion et une envie toujours intacte."
Alors justement, quels sont vos projets pour l’avenir ?
"J’ai passé les mers du sud à me dire que c’était mon dernier Vendée Globe, la remontée de l’Atlantique à me dire que franchir la ligne d’arrivée serait un magnifique accomplissement mais que je n’étais pas satisfait de la manière et que ce ne serait peut-être pas absurde d’y retourner pour faire mieux, et les dernières 24 heures à me dire que pour ressentir à nouveau une telle joie dans ma vie, j’étais prêt à y retourner et à affronter à nouveau toutes les difficultés d’un entrepreneur durant les quatre années de préparation à cet Everest sportif et personnel. Donc mon objectif est le Vendée Globe 2028, avec un bateau plus récent que mon bateau actuel pour être davantage dans la performance et moins dans l’aventure. Et évidemment, l’idée est de continuer à naviguer au service de la Science et de la préservation des océans. Nous avons embarqué un dispositif inédit très complet cet hiver. J’ai navigué autour du monde avec un capteur de CO2, de salinité et de température, un capteur d’ADN environnemental, et j’ai pu lâcher dans les mers du sud un flotteur Argo dans le cadre du partenariat entre l’IMOCA et l’Unesco ainsi que 16 balises de la startup brestoise Eodyn pour mesurer les vagues et les courants aux latitudes australes. Ce projet est très utile à la connaissance scientifique des océans et absolument passionnant. Je serai très fier de boucler un nouveau tour du monde dans quatre ans et de rééditer cette campagne de mesures."
On voit que des navigateurs du Vendée Globe ont annoncé la perte de leurs partenaires et cherchent des fonds pour s’aligner sur les prochaines courses du circuit IMOCA, le tout dans un contexte économique compliqué. Vous restez confiant ?
"Quand on se lance dans un projet Vendée Globe, c’est pour réussir, donc évidemment que je suis confiant. C’est la vie d’un projet sportif. Des partenaires s’en vont comme ça peut être le cas aussi au sein de mon projet et d’autres arrivent comme FDJ United qui m’a rejoint au départ du dernier Vendée Globe. Il est certain qu’au retour d’un Vendée Globe, il y a peu de temps pour partir en vacances et beaucoup de travail pour construire la suite. C’est un grand challenge et il est passionnant."