
1. Décrypter les listes INCI : apprendre à identifier les suspects
L’INCI (International Nomenclature of Cosmetic Ingredients) est la liste officielle des ingrédients d’un produit cosmétique. Si elle peut ressembler à une formule de chimie, c’est pourtant là que tout se joue. Plusieurs substances sont connues pour leur effet nocif sur la faune marine, même à très faible dose.
Voici quelques ingrédients à éviter en priorité :
o Oxybenzone (benzophenone-3) et octinoxate (ethylhexyl methoxycinnamate) : deux filtres UV chimiques très utilisés dans les crèmes solaires, interdits à Hawaï depuis 2021 car responsables du blanchissement des coraux.
o Octocrylène, homosalate, avobenzone : d’autres filtres UV soupçonnés d’agir comme perturbateurs endocriniens chez les espèces marines.
o Silicones volatils comme cyclopentasiloxane (D5) : peu biodégradables et persistants dans les milieux aquatiques.
o Triclosan, un antibactérien présent dans certains dentifrices et gels mains, très toxique pour les algues et invertébrés aquatiques.
Astuce : des applications comme Yuka, INCI Beauty ou Clean Beauty peuvent aider à identifier rapidement les ingrédients problématiques.
2. Bannir les microplastiques et polymères solubles
De plus en plus de produits de soin et de maquillage intègrent des microplastiques solides ou des polymères dits "solubles" mais non biodégradables, comme épaississants ou texturisants. Une fois évacués par les canalisations, ces résidus ne se dégradent pas et s’accumulent dans les chaînes alimentaires marines.
À éviter :
o Polyethylene (PE), polypropylene (PP), polymethyl methacrylate (PMMA) : microplastiques solides, souvent utilisés dans les exfoliants ou les dentifrices.
o Acrylates copolymer, carbomer, PVP (polyvinylpyrrolidone) : polymères solubles non biodégradables.
Bon réflexe : privilégier les exfoliants à grains naturels (noyaux de fruits, sucre, marc de café) et les produits portant la mention "sans microplastiques", à condition qu’elle soit certifiée.
3. Rechercher les labels crédibles et les certifications sérieuses
La jungle des logos cosmétiques peut être difficile à décoder. Voici ceux qui méritent votre attention pour leur sérieux environnemental :
o Cosmos Organic / Cosmos Natural (Ecocert, BDIH, Soil Association...) : interdiction des ingrédients pétrochimiques les plus controversés, critères sur la biodégradabilité des formules.
o Nature & Progrès : un des labels les plus exigeants, avec des engagements sur la provenance des ingrédients, l’absence totale de substances de synthèse, et une démarche globale respectueuse de la planète.
o Reef Safe ou "Respectueux des coraux" : attention, ce n’est pas encore un label officiel. Certains l’utilisent à bon escient, mais mieux vaut vérifier les filtres UV utilisés en complément.
À éviter : les mentions vagues du type "éco-conçu", "naturel", "bon pour la planète" sans certification visible.

4. Opter pour des filtres minéraux non nano dans les solaires
En matière de protection solaire, les filtres minéraux sont à privilégier, en particulier le dioxyde de titane (TiO2) et l’oxyde de zinc (ZnO), à condition qu’ils ne soient pas sous forme nanoparticulaire. Les filtres nano peuvent traverser les barrières biologiques des organismes marins.
Pour éviter les nanoparticules, cherchez la mention "non-nano" sur l’emballage, ou consultez les tests indépendants. Certaines marques vont jusqu’à publier les résultats de leurs études de biodégradabilité en milieu marin.
5. Choisir des marques transparentes et engagées
Certaines entreprises n’hésitent pas à afficher clairement leurs choix :
o Formules 100 % biodégradables en eau douce et eau salée.
o Ingrédients sourcés localement ou issus de filières durables.
o Emballages recyclés et recyclables, ou rechargeables.
o Objectif zéro déchet ou émissions compensées.
Des marques comme SeventyOne Percent, Laboratoires de Biarritz, EQ Love, ou encore Odyskin mettent en avant une vraie démarche éco-consciente adaptée aux milieux marins.
6. Réduire aussi l’impact de l’emballage
Dernier point à ne pas négliger : un soin éco-responsable ne l’est vraiment que si son contenant l’est aussi. Tube en plastique multicouche, flacon non recyclable, suremballage inutile... tous ces choix alourdissent l’empreinte environnementale du produit.
Privilégier :
o Recharges et formats solides (shampoings, savons, déodorants).
o Verre, aluminium, plastiques recyclés ou biosourcés.
o Produits sans étui, ou avec emballages compostables (carton certifié, encre végétale).
Un cosmétique respectueux de l’océan, ce n’est pas qu’un slogan marketing : c’est une formule sans polluants persistants, testée pour sa biodégradabilité, emballée intelligemment, et soutenue par une marque qui joue la transparence. Faire ce choix, c’est prolonger le geste de protection bien au-delà de la douche ou de la plage.