La Méditerranée : un oasis de vie

Il y a d’autres habitats qui attirent la curiosité du plongeur. Certains ne semblent passionner que les chercheurs comme les récifs artificiels immergés avec ou sans succès pour servir de maison à poissons voire pour « reconstituer » un écosystème. Il y a également les épaves sous-marines, témoins de naufrages, de sabordages ou des périodes de guerre. Les épaves éveillent toujours la curiosité du plongeur. C’est l’histoire d’un bateau, de son capitaine, de son équipage, de sa cargaison et de ses passagers. C’est aussi un lieu historique quand l’épave nous ramène au temps de la navigation commerciale de l’époque romaine.
Les épaves comme refuges de biodiversité
Mais si une épave attire, au-delà de l’ambiance mystérieuse qu’elle représente, c’est parce que très souvent, elle est un lieu de vie extraordinaire qui abrite une vie marine exubérante, parfois plus belle que pour les roches naturelles. Cela peut vous paraître paradoxal si vous ne l’avez jamais constaté, mais il suffit d’une plongée sur le Donator ou bien encore son voisin le Togo pour vous rendre compte que vous êtes dans un haut lieu de biodiversité marine. Les espèces sont nombreuses et en nombre, qu’elles soient de pleine eau comme les lyches ou les dentis, qu’elles soient abritées dans les nombreuses cachettes du navire comme les mérous, les murènes ou les langoustes ou bien fixées tout simplement à la coque comme pour les gorgones. Cela peut-être tellement spectaculaire qu’il est parfois difficile de reconnaître que l’on est sur un milieu artificiel.
Certains travaux de chercheurs britanniques expliquent que la vie fixée sur une épave en métal se développe plus vite que dans le milieu naturel. Le fer qui serait libéré par l’érosion de la tôle serait propice à une plus forte concentration de phytoplancton, la base de la chaîne alimentaire. Ce niveau biologique étant « boosté », il induirait une chaîne trophique plus importante que sur une zone rocheuse. Avec un peu de recul, on peut se dire effectivement qu’une épave posée sur du fond sableux offre un logement à la faune et la flore par sa structure favorable pour attirer la vie (l’effet récif artificiel) et si, de plus, le métal booste la chaîne alimentaire, on peut se retrouver face à un beau spectacle vivant lors de sa plongée.
Un cadre privilégié pour le comportement animal
Certaines plongées sur épave permettent d’observer des reproductions de poissons comme pour les dorades grises dont le bleu électrique que ces poissons endossent lors de cette période importante de leur vie est très rarement observée en milieu naturel. Est-ce un effet d’opportunité ? Peut-être qu’une épave offre un lieu plus tranquille et serein pour la reproduction qu’un petit fond côtier où nos activités maritimes et nos usages sont très présents ?
Si majoritairement épave = intérêt pour le plongeur = vie marine, parfois, la vie ne semble pas vouloir s’y réfugier ou du moins elle apparaît moins florissante. La situation géographique, la profondeur, la proximité avec des zones riches et l’ancienneté de son immersion sont autant de facteurs qui interagissent sans d’ailleurs que l’on appréhende tous ses liens et cette complexité.
Le navire-récif : un outil sous-exploité
Parler des épaves, c’est forcément parler des navires-récifs, c’est-à-dire d’un navire immergé spécifiquement pour en faire un lieu de visite et de pratique pour les plongeurs et, de fait, un lieu de vie pour la nature. Si partout sur la planète et y compris sur nos départements et territoires d’outre-mer le recours à un navire récif pour créer un site de plongée, soutenir l’économie locale, diminuer la fréquentation des sites naturels est une évidence et une réalité, l’immersion volontaire d’un navire-récif n’est pas encouragée sur notre territoire métropolitain et particulièrement en Méditerranée. Pour autant, aucune réglementation ne semble l’interdire, pas même la convention de Barcelone.
Immerger un navire-récif, ce n’est pas se débarrasser d’un objet encombrant. Au contraire c’est valoriser un produit destiné au démantèlement et à la ferraille et c’est faire perdurer son histoire. Immerger sur un lieu approprié, dépollué, sécurisé, géré, c’est un produit économique qui va permettre d’accueillir pendant des dizaines d’années des générations de plongeur et permettre à la vie marine de s’installer et se développer sur le long terme.
Pour une approche concertée et durable
A une époque où on a accepté d’immerger un récif en béton fait de sable, d’eau et d’énergie pour offrir un site de substitution pour les plongeurs et soulager les zones naturelles du littoral de la ville d’Agde, il est peu compréhensible de ne pas encourager la même démarche basée sur le recyclage d’un navire en métal, plus attirant pour le plongeur et plus propice à la vie marine. Bien évidemment, il ne s’agit pas d’immerger partout des navires-récifs, mais de le faire de façon singulière et pragmatique, en accord avec les autorités locales et les usagers locaux comme les pêcheurs professionnels.
A une époque où réduire la fréquentation des sites naturels est une préoccupation et où une grande majorité des épaves existantes se désagrègent et perdent de l’intérêt pour les plongeurs entraînant un report sur les sites naturels, il est temps d’ouvrir le dialogue pour définir les modalités de recours à cette solution de développement économique et de soutien à la biodiversité.
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