
Des défis personnels aux grandes ambitions
Sous la bannière IRC Four, certains sont là pour cocher une case dans leur bucket list, d’autres rêvent très sérieusement de remporter la prestigieuse Fastnet Challenge Cup. Et parfois, les deux se croisent, comme avec Pierrick Penven, océanographe et marin aguerri. À bord du Zephyrin, un Sun Fast 3200 mené en double avec le voilier Fanch Le Guern, il disputera sa première Fastnet avec une solide expérience derrière lui : vainqueur de la Transquadra en 2014 et de l’AZAB 2019, Penven pourrait bien jouer les trouble-fêtes.
Mais l’équipage à battre, c’est Cora, autre Sun Fast 3200 mené par Tim Goodhew et Kelvin Matthews. Multi-titrés depuis 2018, les deux hommes enchaînent les succès en double et visent clairement la victoire : « Nous avons laissé passer la classe en 2023 sur les derniers milles. Cette année, on veut finir plus fort », annonce Tim, qui vivra son neuvième Fastnet.
Une classe généreuse en histoires humaines
D’autres bateaux partagent une ambition plus personnelle, à l’image de Maori III, engagé par le doyen de la flotte, Jacques Loup, 77 ans. Le Sun Fast 3200 basé au Havre embarquera des marins seniors unis par l’envie de vivre une expérience unique, « avec un esprit d’équipe solide et de la lucidité dans les manœuvres malgré la fatigue ».
Même enthousiasme du côté de la Bretagne : Yann Jallu, installé à La Trinité, réalise un rêve d’enfant avec son Selenite (Archambault A35) : « C’est ma première participation, je veux simplement finir et apprendre. » Il naviguera en équipage complet, avec quelques habitués de la Fastnet à bord.

La force des monotypes et des équipages soudés
Autre classe bien représentée cette année : les J/109, avec pas moins de 18 inscrits. Parmi eux, Just So, le fidèle bateau de la famille McGough, qui rêve simplement de finir la course après deux abandons consécutifs. De son côté, Lesley Brooman, propriétaire de Jumunu, vise un top 50 % et, pourquoi pas, une météo plus clémente que lors de ses précédentes éditions.
Du côté des JPK 1010, on retrouve des références : Night and Day, victorieux au général en 2013, ou Jangada de Richard et Sophie Palmer, anciens lauréats du RORC Season’s Points Championship. Le père et la fille vivent ici leur deuxième Fastnet ensemble : « Un départ propre et une bonne sortie du Solent, c’est la clé », glisse Richard.
Mention spéciale pour l’équipage jeune et ultra motivé de Jetpack, en tête du classement RORC IRC Four cette saison. Skipper Mark Brown s’appuie sur un groupe d’amis très soudé, issu du mouvement Generation JOG : « Tous les membres savent barrer et régler, il n’y a aucun passager à bord. »
Passerelles générationnelles et rêves en grand
Dans cette flotte foisonnante, l’éclectisme est roi. Astrid, un Swan 44 de 1972 dessiné par Sparkman & Stephens, embarque un équipage 100 % jeune et universitaire autour de Patrick et Thomas Moriarty. Leur but : finir en sécurité et savourer l’instant mythique du passage au Fastnet Rock.
Même frisson du côté turc, avec l’équipage de First 35 Express, intégralement composé de marins de Bodrum. Leur participation est déjà historique : « C’est un rêve devenu réalité. Nous voulons inspirer les jeunes navigateurs turcs à croire en leurs chances », explique le skipper Yi?it Ero?lu.
Et pour finir, cap au nord : Fever, un J/35 néerlandais de 1984, comptera à son bord des amis du Jachtclub Scheveningen et un certain Simeon Tienpont, vétéran de la Volvo Ocean Race. Leur credo ? « Bien naviguer du début à la fin... et prendre du plaisir ! »
À travers ces histoires, IRC Four rappelle que la Rolex Fastnet Race ne se résume pas à des performances spectaculaires : c’est un creuset d’expériences, de passions et d’aventures humaines. Une classe à taille humaine, mais au cœur d’un monument de la voile.