
Les cadors en alerte face au petit temps annoncé
Sur le papier, Tschüss 2 fait figure d’épouvantail. Ce VO70 mené par Christian Zugel et Johnny Mordaunt a déjà remporté la Transatlantique RORC, la Caribbean 600 et la Transatlantic Race entre Newport et Cowes cette année. Pourtant, les conditions s’annoncent peu favorables à ce type de machine taillée pour le vent fort. « Ce sera difficile. Le bateau aime le reaching dans le vent. Là, ce sont plutôt les TP52 ou les grands maxis qui pourraient tirer leur épingle du jeu », confie Zugel, qui prendra le départ pour la première fois, non sans émotion : « Enfant, je lisais des récits sur la Fastnet. Pouvoir la faire aujourd’hui, c’est fabuleux. »
De la légende à la jeunesse montante
Dans un tout autre registre, Kialoa II, maxi signé Sparkman & Stephens de 1963, revient avec un équipage mené par Paddy Broughton. Pour cette troisième participation, le bateau affiche 45 tonnes et un objectif clair : rallier Cherbourg avant la bascule du vent. Parmi les équipiers, quelques figures solides comme Lindsay May, triple vainqueur de la Sydney Hobart, et des jeunes venus chercher de l’expérience.
Chez les moins de 30 ans, c’est le projet Griffin du RORC qui incarne la relève. À bord d’un Sun Fast 3600, sept jeunes marins de 21 à 27 ans, dont la skipper Nicole Hemeryck, s’aligneront pour leur première Fastnet, épaulés par le coach Hugh Brayshaw. Une initiative portée par Jim Driver pour favoriser l’accès à la course au large. « C’est une chance incroyable de progresser, de gérer une campagne et de naviguer au large sur un vrai projet d’équipe », explique Hemeryck, venue de la voile légère irlandaise.
Autre visage fort de cette édition : celui de Pamela Lee, engagée en Class40 à bord de #EMPOWHER. Récente 14e de la Les Sables-Horta-Les Sables, elle arrive à Cherbourg avec un message clair : promouvoir l’empowerment par le sport, l’égalité et les modèles de leadership féminin. Soutenue à 50 % par DFDS, elle cherche encore des partenaires pour finaliser son budget. C’est sa cinquième participation à la Fastnet, mais la première en tant que skippeuse, et la première sur Class40. « La flotte est déjà dense à Cherbourg, les IMOCA arrivent, et tout le monde se prépare », explique-t-elle, déterminée à franchir une nouvelle étape avec son Pogo S4.

Revanche, découverte et nouveaux défis
Certains viennent pour en découdre après un épisode douloureux. C’est le cas de Yann Jestin, dont le Sun Fast 3600 Vari a coulé au départ de l’édition 2023. Il revient cette année avec Papillon IV, un JPK 1010, bien décidé à « terminer l’histoire ». À ses côtés, Romain Baggio, pour un duo complémentaire bien décidé à rallier Cherbourg.
D’autres, comme François Charles, s’alignent avec un nouveau bateau pour viser plus haut. Après sa victoire en IRC Four avec Sun Hill III, il revient avec Sun Hill IV, un J/133 bien plus performant. À bord, cinq équipiers âgés de 22 à 65 ans et, jusqu’à peu, les conseils de Nicolas Troussel, passé depuis sur Sodebo Ultim. « Ce sera un gros saut par rapport au Dehler 33, mais on a déjà eu de bons résultats cette saison », explique Charles, soutenu par le cabinet Bourhis.
À deux jours du départ, l’ambiance est électrique. Des voiliers de légende aux jeunes pousses ambitieuses, des solitaires déterminés aux équipages affûtés, cette 100e Rolex Fastnet Race s’annonce comme un concentré de passion, de stratégie et de vent léger. Tous les ingrédients sont là pour écrire un nouveau chapitre de cette course de légende.