
40 000 plaisanciers attendent actuellement une place pour amarrer leur navire. Heureusement, les ports de plaisance ne manquent pas d'idées pour accueillir les bateaux.
Avec près d'un bateau de plaisance pour 65 habitants, la France est un géant du nautisme qui se sent à l'étroit tout au long de ses 6 000 kilomètres de côtes. Selon le dernier relevé de l'Observatoire des ports de plaisance, 40 000 plaisanciers patientent actuellement sur une liste d'attente afin de trouver un anneau où amarrer leur navire.
La situation est particulièrement tendue en Méditerranée: 33 % des places manquantes se trouvent en région Paca, 24 % sur le littoral atlantique, 16 % en Bretagne, 9 % en Languedoc-Roussillon, 9 % en Corse et 9 % sur le littoral de la Manche. Or ces soucis logistiques freinent le secteur de l'industrie nautique. «Avant la crise économique, c'était même le principal problème de notre secteur», commente Jean-François Fountaine, président de la Fédération des industries nautiques et créateur d'un des chantiers leaders du catamaran de loisir.
«La filière vend des bateaux là où il y a des places», rappelait ainsi Frédéric Charpail, président de la régie du port de plaisance de La Rochelle, lors de la mise en chantier du port charentais. Avec un projet final de 4 800 anneaux, La Rochelle deviendra le plus grand espace de plaisance d'Europe. Est-ce pour autant impossible de trouver une solution pour une nouvelle acquisition? Dominique Hérisset, l'un des porteurs du projet Passeport Escales, qui mutualise les places de 85 ports, souhaite nuancer l'importance des listes d'attente: «Il est toujours délicat de manier ces données car certains demandeurs sont inscrits depuis plus de dix ans et ils n'ont plus forcément besoin de cette place lorsque nous la leur proposons.»
À titre d'exemple, les trois premiers plaisanciers de la liste des Bas-Sablons, à Saint-Malo, se sont inscrits en 1998 tandis que le 1 913e a déposé son dossier le 1er février. Paradoxalement, les capitaineries du réseau Passeport Escales doivent donc parfois faire plusieurs propositions avant d'attribuer une place vacante. «Pour les ports les plus demandés, nous estimons qu'il faut faire une dizaine de propositions pour accorder une place, poursuit-il. Un sur deux pour les ports très demandés.»
D'autre part, les gestionnaires des ports se sont lancés dans des démarches d'optimisation des surfaces disponibles pour satisfaire chaque marin. Dominique Hérisset assure trouver une solution pour chaque nouveau plaisancier en misant en premier lieu sur le développement du Passeport Escales, né il y a trente ans dans le Morbihan.
Ce système, qui réunit désormais 85 ports européens et espère franchir la barre symbolique des 100 cette année, permet aux plaisanciers de faire escale gratuitement dans les ports partenaires en échange de l'anneau qu'ils libèrent dans leur port d'attache. La capitainerie de ce dernier peut alors rapidement trouver un remplaçant temporaire et encaisser plus de nuitées. 1 300 places ont ainsi été «créées» en période estivale.
Le Passeport Escales est fortement implanté sur la façade atlantique, de Granville à Port-Médoc, mais le bassin de navigation méditerranéen développe également cet esprit de mutualisation via des dispositifs locaux. Au niveau national, les ports de plaisance ont décidé de prendre le problème à bras-le-corps en cherchant à rentabiliser chaque espace disponible. «Nous avons lancé une commission d'étude pour identifier tous les espaces disponibles, que ce soit sur le domaine fluvial, lacustre ou maritime, et nous attendons les premiers résultats avant le mois de juin», annonce Serge Pallarès, président de la Fédération française des ports de plaisance. «Nous envisageons ainsi l'occupation d'une partie des ports de commerce en période de faible activité marchande ou l'exploitation de tout le potentiel du canal du Midi.» Le responsable national est également patron du port de Saint-Cyprien dans les Pyrénées-Orientales.
«Il ne faut pas oublier non plus les ports à sec, un dispositif idéal pour les petites vedettes de moins de 10 mètres», ajoute Dominique Hérisset. Les contrats qui assurent le stationnement du navire toute l'année au sec avec des mises à l'eau pendant quinze jours en période estivale ou pour un nombre déterminé de sorties quotidiennes se développent sur tout le littoral.