
Observer la mer : bouées dérivantes et bouées ancrées
Il existe deux grands types de bouées météorologiques : les bouées dérivantes et les bouées ancrées. Les premières se déplacent au gré des courants. Elles sont principalement utilisées pour étudier les mouvements océaniques et les interactions entre l’océan et l’atmosphère. Les secondes, fixées par une ligne d’ancrage qui peut atteindre plusieurs kilomètres de profondeur, restent positionnées à un point précis en mer.
Les bouées ancrées sont conçues pour résister aux conditions extrêmes en mer. Hautes de six à sept mètres, pesant jusqu’à quatre tonnes, elles sont dotées de capteurs capables de mesurer la température de l’air et de la mer, la pression atmosphérique, la vitesse et la direction du vent, l’humidité de l’air, mais aussi des paramètres océanographiques comme la hauteur, la direction et la fréquence des vagues, la houle ou encore la salinité de l’eau. Les données qu’elles transmettent alimentent les modèles de prévision numérique et permettent d’affiner les scénarios météorologiques en temps réel. Lors des briefings marines personnalisés* proposés par nos météorologues, les données météo horaires observées par les bouées permettent de connaître en temps réel l'évolution des conditions de vent et de mer et sont un complément utile pour ajuster ou compléter les prévisions.

Un réseau limité mais en progression sur le territoire français
En France, les bouées météorologiques sont peu nombreuses. Celles de l’Atlantique - Brittany, Gascogne et Golfe du Lion - ont été mises en service entre 1995 et 2004. La bouée Côte d’Azur a quant à elle été installée en 1999 en Méditerranée. Ces dispositifs étaient jusqu’ici les rares points d’observation en mer, complétés ponctuellement par des satellites ou des radars côtiers, qui fournissent des données utiles mais parfois incomplètes ou trop espacées dans le temps.
Depuis 2023, un programme national a permis d’élargir cette couverture, avec l’implantation de cinq nouvelles bouées ancrées en Méditerranée. L’objectif : renforcer les capacités d’anticipation des phénomènes météorologiques avant qu’ils n’atteignent les côtes. La première bouée a été installée en juin 2023 au large d’Ajaccio. La deuxième a suivi en juin 2024 entre la Corse et l’Italie, au large de Porto-Vecchio. En novembre 2024, une troisième a été déployée entre l’Espagne et la Corse, afin de mieux capter les perturbations en provenance de l’ouest. La quatrième bouée a été installée en décembre 2024 au large de Calvi, et la cinquième en mars 2025 à l’ouest de la Sardaigne, dans les eaux italiennes.

Ces bouées intègrent des innovations notables. Elles sont désormais équipées de deux stations météo indépendantes alimentées par panneaux solaires. La structure flottante comprend un flotteur jaune, une quille en acier, et une mâture équipée de capteurs. Les modèles les plus récents disposent d’une cabine fermée protégeant les équipements électroniques, ce qui facilite leur maintenance. Autre amélioration : la bouée peut être transportée dans un conteneur standard, et sa conception fait appel à des matériaux recyclables et écoresponsables.
Un dispositif multi-acteurs pour des données stratégiques
La mise en oeuvre de ce réseau d’observation repose sur plusieurs niveaux de responsabilité. La conception, la préparation, le fonctionnement et l’entretien des bouées sont assurés par les équipes de Météo-France, via le Centre de Météo Marine basé à Brest. Cette unité, créée en 1971, développe des bouées météo-océanographiques ancrées et dérivantes pour répondre aux besoins opérationnels et de recherche.
Les bouées Brittany et Gascogne, en Atlantique, font l’objet d’une coopération bilatérale entre Météo-France et le Met Office britannique, illustrant une collaboration internationale dans la surveillance de l’espace marin.
Le programme de déploiement en Méditerranée est financé majoritairement par le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, via la Direction générale de la prévention des risques. Le Secrétariat d’État chargé de la Mer, à travers la Direction générale des affaires maritimes, de la pêche et de l’aquaculture, pilote les opérations logistiques. Celles-ci sont réalisées par la Direction interrégionale de la mer Méditerranée et l’Armement des phares et balises.
Les informations transmises par ces bouées ne se limitent pas à la météo du jour. Elles sont cruciales lorsqu’un épisode dangereux se prépare. Orages, tempêtes, épisodes méditerranéens : les données de surface permettent d’affiner les scénarios, de confirmer ou d’écarter certaines hypothèses, et surtout d’adapter les messages d’alerte en fonction de l’évolution réelle des conditions. Ce sont autant d’éléments qui contribuent à une meilleure anticipation, au bénéfice des populations et des usagers de la mer.
À terme, ce réseau d’observation permettra non seulement d’améliorer la précision des bulletins côtiers et des alertes météo, mais aussi de soutenir la recherche scientifique sur les interactions entre l’atmosphère et les océans. Un enjeu crucial, à l’heure où les phénomènes extrêmes se multiplient et où la mer reste un espace encore largement sous-observé.
* Le briefing Marine est un dialogue avec un prévisionniste autour du bulletin, sur rendez-vous, basé sur une étude personnalisée, pour préparer vos sorties en mer en toute sécurité.
Il est préparé en fonction du potentiel de votre bateau, pour préciser les conditions que vous rencontrerez au cours de votre progression et vous aider dans le choix de la fenêtre de départ la plus sûre. Le briefing est disponible pour toutes vos navigations en Europe.
Attention : ce service est réservé aux plaisanciers. Pour toute demande relative à une activité professionnelle, les conseils de route en compétition et les navigations hors Europe, contactez-nous au 01 39 28 00 28. Le service est disponible en français ou anglais, sur rendez-vous de 9h00 à 18h00 pendant les jours ouvrés.
Et avant de partir en mer, ayez les bons réflexes en consultant la météo sur METEO CONSULT Marine et en téléchargeant l'application mobile gratuite Bloc Marine.