
Ce yacht futuriste semblable à une île privée, présenté en 2009 par la société Wally et la maison Hermès, attend toujours le milliardaire capable de dépenser au moins 60 millions d’euros pour l’acquérir.
WHY : Wally Hermès Yacht. Un nom à la fois clinquant et élégant qui sentait bon le luxe, la création, la démesure. Le luxe car c’était la première fois que la maison de couture Hermès investissait la mer. « Hermès vient du voyage, ce n'est pas une diversification, mais une prolongation », expliquait alors Patrick Thomas, gérant de la célèbre maison lorsque le projet du super yacht a été présenté en 2009 au Monaco Yacht Show. La création car Wally, la société initiatrice du projet, fondée par le riche homme d'affaires italien Luca Bassani en 1994, était reconnue dans le monde entier pour ses yachts futuristes, comme le 118 WallyPower apparu dans le film « The Island ». La démesure enfin, car le yacht WHY devait atteindre des proportions gigantesques : 58 mètres de long pour 38 de large, ce qui correspondait à l’espace occupé par trois grands yachts. Conçu avec trois ponts, ce giga-yacht devait posséder 3 400 m2 habitables au design signé Hermès, soit assez pour accueillir douze passagers et vingt membres d'équipage. À savoir que la suite «propriétaire» s'étendait sur 200 m2 donnant sur une terrasse privée. À cela étaient ajoutés un pont-promenade de 390 m2, un spa-salle de gym, trois patios dont l'un planté d'un arbre, un hélipad, deux bateaux annexes… et une piscine de 25 mètres déroulée en arc de cercle autour de la proue. Le tout en faisait la parfaite « île flottante » rêvée par Luca Bassani. Une île alimentée par 900 m2 de panneaux solaires et propulsée par un moteur hybride diesel-électrique conçu pour avancer jusqu’à 14 nœuds.
« Ce bateau est trop avancé pour le marché actuel »
Le prix aussi sentait bon le luxe et la démesure. Entre 60 et 100 millions d’euros selon les aménagements, était-il annoncé au moment de la présentation de la maquette grandeur nature du WHY dans le chantier du constructeur italien à Ancône. Deux ans et demi de fabrication seraient nécessaires. « Si nous en vendons un, ce sera un succès, si nous en vendons trois, ce sera un miracle, annonçait alors Patrick Thomas, de la maison Hermès. Il ne peut pas y avoir pire moment pour faire ça, mais notre histoire est jalonnée de coups d'audace.»
Seulement voilà, cinq ans plus tard, l’audace n’a toujours pas payé et le super-yacht WHY attend toujours de voir le jour. Car sans commande de client, sa construction n’a jamais commencé. La seule trace existante de ce projet délirant est sa maquette.
Pas question cependant pour Wally de faire marche arrière et créer un modèle similaire moins démesuré et plus « abordable ». « Son coût est sur la même ligne que celui des giga-yachts, martèle-t-on chez le fabricant de yachts. Il faut seulement avoir un client visionnaire car le bateau est très, voire trop avancé pour le marché actuel ! C’est passé comme ça avec toutes les innovations Wally ! ».
En attendant la venue du propriétaire visionnaire, Hermès a semble-t-il rangé ses rêves de démesure au placard. La maison de luxe, qui avait investi 4 millions dans le lancement et la commercialisation du WHY, « n’est plus partenaire du projet », indique la société Wally.