Essai Targa 27.2 : l'élève parfait progresse encore

Bateaux à moteur
Par François Tregouet

Les « 4x4 des mers », ainsi présente ses bateaux le Finlandais Targa. Il faut dire qu’en 35 ans, ses modèles successifs ont acquis auprès des connaisseurs une réputation inégalée en termes de comportement marin et de sérieux de la construction. S’ils conquièrent régulièrement des marchés professionnels exigeants, la grande majorité des acquéreurs de Targa restent des particuliers. En marins avertis, ils retrouveront dans le nouveau Targa 27.2 toutes les qualités historiques de la marque, plus quelques touches de modernité accentuant la tentation.

©SNIP Yachting
Les « 4x4 des mers », ainsi présente ses bateaux le Finlandais Targa. Il faut dire qu’en 35 ans, ses modèles successifs ont acquis auprès des connaisseurs une réputation inégalée en termes de comportement marin et de sérieux de la construction. S’ils conquièrent régulièrement des marchés professionnels exigeants, la grande majorité des acquéreurs de Targa restent des particuliers. En marins avertis, ils retrouveront dans le nouveau Targa 27.2 toutes les qualités historiques de la marque, plus quelques touches de modernité accentuant la tentation.

Lorsqu’un chantier présente comme une nouveauté la troisième génération d’un modèle, il s’agit souvent de modifications à la marge. Mais non, le bureau d’études du chantier finlandais n’a pas hésité à revoir sa copie en profondeur pour améliorer dans toutes les dimensions un modèle pourtant déjà best-seller. Si les Targa sont retenus partout dans le monde par des stations de pilotage, des polices maritimes ou des bateaux-taxis, c’est d’abord et avant tout pour leurs qualités marines. Avec une longueur (+13 cm) et une largeur (+ 6cm) de coque accrues, le V des oeuvres vives encore plus prononcé, le passage dans la mer, la stabilité en ligne droite comme en virage, même à haute vitesse, du Targa 27.2 sont tout simplement bluffants. Nous avons pu en juger par une fraîche matinée de début de printemps chez l’historique importateur français SNIP Yachting à Ouistreham. Coincé entre la berge, un Targa 46, et les bateaux du ponton suivant, le Targa 27.2 démontre tout de suite qu’il sait aussi être à l’aise dans les petits espaces. Certes, il est équipé d’origine par Snip Yachting d’un propulseur d’étrave, mais les nouvelles embases Volvo Penta Aquamatic DPI font preuve d’une progressivité encore jamais vue à faible vitesse. L’évolution est aussi importante que celle amenée par le DSG sur les boîtes automatiques dans l’industrie automobile. La combinaison moteur, inverseur silencieux, embase, propulseur rend les manoeuvres de port, et maintenant d’écluse en ce qui nous concerne, vraiment faciles. Il n’y a quasiment que des bateaux de pêche avec nous dans l’écluse en ce matin d’avril. Le regard des marins présents à bord des chalutiers hésite lorsqu’il se porte sur le Targa. L’architecture, les caractéristiques techniques ressemblent bien à un bateau professionnel.

Mais quelques détails flatteurs, ardemment souhaités par l’importateur français, indiquent que nous pouvons aussi être des plaisanciers. Par petites touches, le chantier adopte un look plus contemporain, à l’image des montants du roof, qui se confondent désormais avec les vitrages. Cela sans rien retirer bien sûr à la qualité de construction intrinsèque de leurs coques. Entre échantillonnages généreux, qualité des matériaux employés et structure serrée, la rigidité de la coque infusée en verre polyester ne sera jamais prise en défaut. Une qualité qui se retrouve en navigation quand, à pleine vitesse (35,8 noeuds) nous passons les vagues, pas un bruit n’alerte nos oreilles. Sur la forme, cela permet au constructeur de proposer une belle épaisseur de gelcoat, et donc une tenue des couleurs dans le temps très appréciable. L’absence de bruit qui peut faire oublier la vitesse est également à mettre au crédit de l’isolation complète de la coque. La mousse qui assure également une réserve de flottabilité est bien sûr aussi un excellent isolant thermique. Conçue et fabriquée par 63° Nord, à Malax, à 400 kilomètres au nordouest d’Helsinki, elle préserve bien sûr l’habitacle du froid, mais aussi du chaud. Un avantage certain pour les clients méditerranéens toujours plus nombreux, car cette option est incluse d’origine dans les modèles livrés en France.

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Une maniabilité réjouissante

Mais reprenons les commandes du Targa. Avec la console intérieure réglable en hauteur, on trouve toujours une bonne position pour piloter. Avec les commandes électroniques de direction et de gaz, le trim automatique qui peut bien sûr être modifié à la demande et le cruise control, manier le Targa 27.2 est d’une simplicité réjouissante. Calée sur ses redans, la coque file comme sur des rails, en ligne droite comme en virage, même dans le plus court des rayons. Quelle que soit la vitesse, les mouvements sont doux, le déjaugeage est progressif – bienfaits de la propulsion inboard et d’un centre de gravité savamment positionné. Si les conditions météo du jour sont idylliques à l’exception de la fraîche température, ce 27.2 est paré pour affronter des conditions bien plus musclées, tout équipé d’essuie-glaces et d’un système de désembuage, appréciable héritage de ses racines scandinaves. Si nous n’étions pas raisonnables, le bateau filant à 26 noeuds en vitesse de croisière (2 750 rpm), en quatre heures nous serions à l’île de Wight en ayant consommé 42 l/h.

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© MULTI.media - François TREGOUET

Des aménagements intérieurs bien pensés

Nous pourrions profiter du Solent quelques jours tant l’habitabilité du Targa 27.2 est surprenante. Dans la cabine principale, depuis laquelle la vision sur la mer est à 360 degrés, la hauteur sous barrot ne descend pas en-dessous des 2 mètres. Il n’y a pas une telle hauteur bien sûr dans la cabine arrière en contrebas, mais elle propose cependant une très belle couchette double (140 x 200), et même deux couchettes simples (80 x 370 au total) pour accueillir toute une famille.

Si la cuisine, en vis-à-vis du poste de pilotage, est minimaliste, n’oublions pas que nous ne sommes « que » sur un 27 pieds. Une indulgence qui prévaudra également au moment d’accéder à la salle d’eau située très bas sur l’avant. Elle offre en revanche de très belles dimensions. Enfin on ne peut pas en terminer avec les aménagements intérieurs sans relever la qualité perçue et intrinsèque des matériaux utilisés comme des équipements intégrés. De l’épaisseur des menuiseries, aux stores pare-soleil, en passant par la baie vitrée aluminium ou le détail d’un interrupteur, tout fleure bon le haut de gamme et rassure quant à sa longévité.

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Un bateau pour tous les programmes

Rien de moins à l’extérieur, où les mains courantes, qu’elles soient de teck ou d’inox, respirent la solidité. Les passavants sont suffisamment larges pour une circulation aisée, et les garde-corps assez hauts pour que l’on ne s’inquiète pas de voir les enfants déambuler à leur guise ou profiter du joli cockpit avant et de sa table ingénieusement rangée. Toute la partie extérieure arrière est modulable.

Avec ou sans flybridge, en version classique ou « Coupé » sans baie vitrée, avec poste de pilotage extérieur ou pas, le Targa 27.2 s’adapte à de nombreux programmes : croisière familiale, sports nautiques, plongée et bien entendu pêche. Aux côtés des incontournables porte-cannes latéraux et râtelier de casquette, il propose en option des coffres à poisson et vivier encastrés dans le pont, ou encore des assises rabattables dans les angles arrière.

Pour ceux dont la passion pour la pêche prédomine, la version « Tarfish » propose un cockpit agrandi, et donc une cabine réduite, pour aménager un meuble évier et vivier supplémentaire, intégré au poste de pilotage extérieur. Toutes les variantes possèdent en revanche l’ingénieux panneau ouvrant dans la plage arrière qui, embase relevée, permettra de retirer un filet ou un cordage qui s’y serait malencontreusement accroché. Pour des campagnes de pêche éloignées, ou des traversées plus longues, le Targa sait se faire frugal avec une consommation relevée de 1,6 litre au mille, très stable de 16 à 26 noeuds. Seul l’état de la mer déterminera alors de combien vous pourrez anguler la manette des gaz. Mais si le plan d’eau est favorable, comme lors de notre essai, et qu’un impératif horaire – un sas d’écluse par exemple – vous oblige, vous pourrez compter sur une vitesse entre 30 et 35 noeuds, la consommation grimpant vite de 1,7 à 2,2 litres au mille. Par nécessité ou juste pour le plaisir, la navigation sera toujours aussi sereine, quelle que soit la vitesse.

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Une réputation qui n'est plus à faire

De retour à la concession, nous nous amusons de la présence d’une magnifique Porsche 911 classique à côté des bateaux du hall d’exposition. Elle est bien sûr magnifique, mais quel véhicule terrestre ferait le meilleur parallèle avec l’ADN de Targa ? D’aucuns penseront immédiatement à Land Rover et j’en fais partie. J’irais même filer la métaphore jusqu’au modèle. Moins rustique que le Defender, beaucoup plus polyvalent que le Range, je crois que le Discovery serait le complément de route idéal d’un Targa 27.2. Si vous voulez en juger par vous-même, ne tardez pas trop, les vocations de marins n’ont jamais été aussi nombreuses.

Les créneaux de livraison disponibles sont donc de plus en plus éloignés. Il est important de noter à ce stade, qu’à l’instar de quelques grandes marques du nautisme, il convient au sujet de Targa de parler d’investissement.

Le véritable coût d’un bateau on le connaît le jour de sa revente, quand on soustrait le montant de celle-ci de son prix d’achat. Or, la cote des Targa sur le marché de l’occasion reste élevée. L’offre est bien inférieure à la demande, et la réputation de la marque f nlandaise inversement proportionnelle aux températures hivernales du côté d’Helsinki !

On a aimé :

- Comportement marin

- Sérieux de la construction

- Modularité et polyvalence

On a moins aimé :

- accès un peu raide à la salle d'eau

- pas de véritable assis/debout au poste de barre

Fiche technique

Longueur de coque : 8,34 m

Longueur HT : 9,19 m

Largeur : 3,10 m

Tirant d’eau : 1,10 m

Déplacement : 4100 kg

Réservoir carburant : 530 l

Vitesse maximale : (340-600 CV) 35-44 noeuds

Vitesse de croisière : (380 CV) 23-30 noeuds

Consommation (380 CV) : 1,6 l / mille

Prix de base : à partir de 211 270 € H.T.

- Version « Coupé » : - 4 320 € H.T.

- Version « Tarfi sh » : + 10 170 € H.T.

Version essayée : 247 612 € H.T.

PRINCIPALES OPTIONS :

Pack Raymarine 1 : 10 970 € H.T.

Second poste de pilotage extérieur : 7 970 € H.T.

Couleur de coque spécifique : 2 360 € H.T.

Finition Black-Line : 4 220 € H.T.

Chauffage cabine Eberspächer D2 : 3 400 € H.T.

Béquilles inox pour échouage : 2 080 € H.T.

Armement de sécurité semi-hauturier : 2 530 € H.T.

Retrouvez cet essai et bien d'autres dans notre nouveau hors-série Collection 2021 !

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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