Pour gagner maintenant je vais devoir compter sur ma bonne étoile
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Le Blog de JP Dick : chaque semaine, le skipper de Virbac Paprec 3 nous envoie des nouvelles du large.
Les conditions sont bonnes sur Virbac Paprec 3. Il fait beau, la mer est belle, nous voici revenus dans l'Alizé et ça fait bien plaisir. La mer est belle avec de belles couleurs bleu marine, les embruns sont tièdes. On peut de nouveau aller à l'avant et se faire mouiller sans que ce soit une souffrance. Les conditions sont vraiment sympa.
J'ai joué la courbure de l'anticyclone de Sainte Hélène comme mes deux petits copains de devant. Je suis tribord amure depuis deux jours avec le vent qui adonne et le bateau qui accélère. J'ai quand même eu quelques sueurs froides avec Alex Thomson qui a remarquablement bien joué le coup avec son option plus à l'ouest. Mais le problème de ces options, c'est qu'il faut aller dans la dépression et qu'il n'est pas facile de passer devant le front. Assez rapidement, j'ai été confiant et vu que j'allais repasser à la troisième place mais il y a eu quelques heures désagréables où je ne pouvais plus contrôler car j'étais dans l'Est. Un décalage Est dû à la défaillance de mon loop d'étais. Je crois pouvoir dire que j'ai vécu là la journée noire de mon Vendée Globe.
L'incident s'est produit vers 2 heures du matin et j'ai pu relofer vers 18 heures. C'est terrible tout ce temps en travers de la route au vent arrière. Devoir abattre pour réparer a été comme un haut le coeur: c'est un peu comme quelqu'un qui déclarerait forfait ! Mais il fallait en passer par là pour poursuivre la course sereinement. Le Vendée Globe est un mixte de régate et d'esprit marin. Le bon marin a dû prendre le dessus sur le régatier : le régatier aurait sans doute fait une réparation de fortune pour poursuivre sa route mais avec, à mon sens, un risque de démâtage et donc d'abandon.
J'ai choisi de réparer en bon marin pour poursuivre avec un bateau indemne. Cette réparation m'a éloigné de la tête de course, à un moment où j'étais précisément en train de revenir. Mais la course n'est pas complètement finie. Il va y avoir du jeu après l'Equateur. L'anticyclone des Açores peut réserver des surprises en bloquant les premiers. On peut aussi avoir un anticyclone bloqué qui engendre du près pour les premiers avec les autres qui reviennent par derrière. Il va falloir de la réussite, un bateau à 100% tout le temps et pour gagner maintenant je vais devoir compter sur ma bonne étoile.
JP sur Virbac Paprec 3