Arkema flirte avec Ophélia

Par Eric Mas

Ils ne manquent pas d’expériences nos skippers, pros de la course au large, mais c’est une obligation, avant chaque course transatlantique, ils doivent passer par l’étape « qualification ». La Transat Jacques Vabre, dont le départ sera donné le dimanche 5 novembre au Havre, n’échappe à la règle. Lalou Roucayrol, skipper du trimaran ARKEMA, avait effectué cette qualification cet été mais, coup dur, sa brillante co-skipper Karine Fauconnier a dû déclarer forfait pour blessure. Qualif à refaire donc avec le nouveau binôme de Lalou, Alex Pella, un des navigateurs les plus expérimentés sur multicoques.

Les contraintes des calendriers des deux navigateurs ont laissé un créneau de disponibilité qui tombait ces 14, 15, 16 octobre. Nous, les co-skippers à bord et le météorologue en son bureau, avons donc profité des conditions météo variées sur le Golfe de Gascogne pour tester, encore et encore, les performances du bateau dans des jeux de vagues compliqués. L’occasion était belle puisque le cyclone Ophélia passant au large du golfe de Gascogne allait envoyer une énorme houle d’W qui irait se superposer aux vagues du vent de sud.

Même si les logiciels de routage, explorant une multitude de route rejoignant un point de départ à un point d’arrivée afin de sélectionner la plus rapide, sont très efficaces en trouvant les vents les plus favorables, il faut bien admettre que l’état de la mer peut dégrader considérablement les performances normales d’un bateau aussi léger qu’un multi50. Le beau plan de route établi sur une chronologie des vents peut alors s’avérer totalement faux. On doit donc bien prévoir l’état de la mer et ses effets dévastateurs sur les polaires. La polaire d’un voilier est son potentiel de vitesse en fonction de la vitesse du vent et de l’angle que fait celui-ci avec le cap donné au bateau. Et pour que ce soit plus amusant, comme le bateau se déplace, il crée un vent relatif qui se cumule avec le vent réel. C’est ce qu’on appelle le vent apparent, qui peut être plus fort si l’on va face au vent, moins fort si l’on va dos au vent. Dans de bonnes conditions, un bateau de course peut aller plus vite que le vent réel… en créant son propre vent.

Bien joli. Mais la vague est là pour donner son grain de sel. Elle peut, plutôt rarement, être favorable comme une longue houle de l’arrière qui multiplie, vague après vague, des petites poussées supplémentaires. Elle peut, trop souvent, venant d’en face et  renouvelant sans cesse des coups de boutoir sur la coque et les flotteurs, contrarier la glisse du bateau. Les architectes ont beau inventer des formes « perce-vagues », impossible d’effacer totalement l’impact néfaste du paquet de mer offensif. Et que dire des vagues croisées, impossibles à négocier, qui chahutent le bateau en un tangage et un roulis incontrôlables.

Alors le parcours « qualification » devient « voyage d’étude ». Un de plus, pour expérimenter l’apport des foils récemment adoptés. L’aller-retour vers l’W depuis l’embouchure de la Gironde permettait de rencontrer des conditions très variées mais ce n’était pas le moment d’aller se mettre en danger à proximité de cette tempête tropicale qui infligeait des vents de plus de 60 nœuds à cette pauvre mer vite démontée. Ophélia est passée rapidement mais elle a eu le temps de créer des vagues de 7 m qui, perdant un peu de leur superbe, arrivent ce lundi soir avec une hauteur de 5 m au fond du golfe de Gascogne. Ophélia n’a pas fait que nous envoyer des vagues. La vaste remontée d’air chaud qu’elle a offert aux Français pour ce week-end se traduisait par un temps instable et orageux sur le golfe de Gascogne. Là aussi de quoi faire chuter les vitesses escomptées.

Prudence étant mère de sureté, nous avons choisi de rentrer rapidement, comme en surfant devant le front de vagues de 5 m qui suit Arkema vers la Gironde. Tant pis si la collecte n’est pas suffisante. Toute sortie est déjà riche d’instruction.

 

Diaporama
Arkema
Arkema
L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
Max Billac
Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…