C'est plus vivant à côté du cœur...

Les Irlandais disent : "si vous n’aimez pas notre climat, patientez cinq minutes, ça va changer..." Et cela se vérifie parce que l’Irlande est proche de la trajectoire favorite du cœur des dépressions. Là, à proximité du centre du cercle que forment les isobares, le vent bascule beaucoup plus rapidement que si l’on en est éloigné. En Irlande, c’est en une poignée d’heures que la girouette tourne sur 180°. Ainsi le vent de sud, apportant douceur et humidité, tourne à l’ouest avec son lot d’éclaircies et d’averses, puis au nord pour livrer air frais et sec, tout cela en une demi-journée. Le vent convergeant vers le cœur de la dépression, il n'a d'autre choix que de s'élever et de favoriser le développement des nuages.
Cinq cents kilomètres plus au sud, en Bretagne par exemple, les mêmes types de temps ont beaucoup plus de distance à parcourir et les bascules du vent sont plus lentes à venir. Et si l’on descend encore cinq cent kilomètres vers le sud pour arriver en Aquitaine, la perturbation met encore plus de temps à passer. C’est qu’elle a plus de chemin à faire et qu’elle se déplace plus lentement puisque les vents sont moins forts pour la pousser. Il faut reconnaître que, loin du centre dépressionnaire, elle est aussi beaucoup moins active… parfois même elle passe inaperçue. Loin du cœur, loin des yeux. En Aquitaine, le vent est un peu paresseux et se contente le plus souvent de faire varier sa direction du sud-ouest au nord-ouest.
Sous les tropiques les dépressions sont d’une autre nature et porte le nom de cyclone. Le cyclone a un oeil mais pas de cœur. Structurée différemment, cette dépression est constituée d’un mur circulaire fait d’énormes cumulonimbus. Au centre, l’œil se forme quand des courants descendants s’établissent et assèchent l'air et dissipent les nuages.
En résumé, dans le cœur des dépressions des latitudes tempérées l’air s’élève, se refroidit, s’humidifie. Dans l’œil du cyclone tropical l’air descend, se réchauffe, s’assèche. Il pleure dans le cœur mais pas de larmes à l’œil.