Le moteur in-board va-t-il disparaître ?
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Il y a peu de temps, le mot « hors-bord » désignait encore aux yeux du grand public, un bateau à moteur aux dimensions réduites, c’est-à-dire mesurant un peu moins de huit mètres, facilement transportable par la route et au programme d’utilisation limité à une sortie à la journée. Au programme : balade rapide, séance de pêche de quelques heures, ski nautique en famille, pique-nique entre amis ou cabotage. Pour les plaisanciers avertis, il s’agissait encore du «moteur fixé à l'arrière d'une embarcation, à l'extérieur du tableau arrière », dixit notre bon vieux dictionnaire Larousse. Tout le monde se souvient encore du hors-bord deux temps à barre franche dont la fumée s’échappait au démarrage…
Des unités de plus de 10 mètres propulsées par deux voire trois moteurs hors-bord !
Mais aujourd’hui cette époque est complètement révolue. Les progrès en matière de fiabilité, de réduction des rejets polluants et la baisse de la consommation moyenne de ce type de moteur ont poussé les chantiers à monter ce type de propulsion. Une tendance bien connue aux Etats-Unis avec des chantiers américains qui n’ont jamais vraiment hésité à aligner une collection de puissants hors-bord sur les tableaux arrière de leurs fishings, offshores ou autres coques open. Des bateaux rapides et gourmands en essence pilotés par des plaisanciers peu enclins à naviguer sur des embarcations à propulsion in-board diesel. D’autant plus que les ventes de moteurs essence type sterndrive sont en baisse sur le territoire nord-américain au profit du hors-bord. En 2017, Seven Marine a été racheté par le géant Volvo Penta, leader mondial du moteur marin de plaisance. Seven Marine devrait développer une nouvelle gamme et produit à ce jour les deux plus puissants blocs moteur au monde, sur une base General Motors : 557 et 627 chevaux !
Economie, fiabilité et performances au rendez-vous
En Europe, les constructeurs européens proposent depuis peu des unités hors-bord dont la taille et la puissance totale ne cessent d’augmenter. Ainsi, au dernier salon Nautic de Paris, Jeanneau (Groupe Bénéteau) a lancé en avant-première mondiale une Merry Fisher 1095 motorisée par deux fois 300 chevaux hors-bord et doté de trois cabines pour la croisière en famille. Une combinaison qui semblait impossible jusqu’à maintenant ! D’après le chantier tricolore, « ce type d’embarcation est promise à un bel avenir car il privilégie l’économie d’utilisation et des performances élevées ». Dans le même esprit, le chantier Fjord a sorti un open de 36 pieds en version hors-bord, de manière à améliorer sa vitesse de pointe et réduire de plusieurs milliers d’euros la note finale par rapport à son équivalent in-board…
Des moteurs de plus en plus puissants et connectés !
Au chapitre des nouveautés, les fortes cylindrées sont au rendez-vous, répondant à la demande du marché mondial de la plaisance dont la puissance moyenne ne cesse d’augmenter. On parlerait de 100 chevaux contre 50 chevaux il y a encore quelques années. Ainsi, poursuivant ses concurrents directs, comme Yamaha et son V8 hors-bord de 350 chevaux ou encore Mercury et son Verado 400 R, le japonais Suzuki vient de sortir un bloc V6-4 temps de 350 chevaux et s’apprête à présenter un autre modèle au salon de Düsseldorf courant janvier. Dans le sillage de ces fortes puissances, les motoristes proposent également des systèmes électroniques d’aides au pilotage pour les plaisanciers. Evinrude et son système de joystick iDock qui se connecte sur le circuit hydraulique de chaque moteur. Le motoriste américain propose également sa fonction E-Link, un tableau de bord virtuel qui permet de consulter et de commander, via votre smartphone, les fonctionnalités importantes du moteur par connexion WiFi. De son côté, le nouveau VesselView de Mercury permet d'afficher simultanément les informations d'un maximum de quatre moteurs sur un écran tactile simple d'utilisation et dispose d'un écran de description des pannes et affiche des informations actualisées de plus de 30 paramètres du moteur, comme le niveau de carburant, l’autonomie, la température et la pression de l’huile, etc. Des progrès en lien avec les améliorations apportées sur les modèles de dernière génération : traitement anticorrosion, niveau sonore et vibrations réduites, injection directe, poids à la baisse, etc.
Enfin, dernière évolution des moteurs hors-bord, l’esthétisme. Ce derniers arborent des designs aboutis, plus modernes et racés à l’image de la gamme G2 signée Evinrude ou encore des série spéciales imaginées par les motoristes. Pour son 70eme anniversaire, Honda Marine a ainsi présenté plusieurs prototypes de capots moteur lors du dernier salon Nautic de Paris…
La tendance va-t-elle se confirmer lors du prochain Nautic, du 8 au 16 décembre 2018 ?