Dominique Wavre : «Le bateau est plus fatigué que le skipper»

Course au large
Par Mathieu, Edouard

INTERVIEW. Septième jeudi, Dominique Wavre est au coeur d'une mini course avec les skippers de la 5e à la 9e place. Une course dans la course que le skipper de Mirabaud espère bien remporter.

VENDEE GLOBE 2012/2013 - SKIPPERS PHOTOS ©La Chaîne Météo
INTERVIEW. Septième jeudi, Dominique Wavre est au coeur d'une mini course avec les skippers de la 5e à la 9e place. Une course dans la course que le skipper de Mirabaud espère bien remporter.

Figaro Nautisme. - Vous disputez une course dans la course avec 4 autres skippers (Mike Golding, Jean Le Cam, Arnaud Boissières et Javier Sansó), cela maintient-il la concentration?

Dominique Wavre. - Ça aide dans la motivation bien sûr. Sur la manière ou la qualité de la navigation, ça ne change pas grand-chose. Par contre, on devient plus attentif aux classements pour voir ce qu'on a pris ou perdu par rapport à ceux qui nous entourent. C'est aussi un intérêt supplémentaire au niveau de la stratégie. Il faut imaginer ce qui peut arriver aux autres, voir si on peut les récupérer et, si oui, comment le faire. On cherche aussi les petites options plus intelligentes pour arriver à gagner du terrain. Ce resserrement, c'est surtout de la nourriture pour la tête.

L'objectif est donc de finir en tête de ce groupe de 5 bateaux...

Evidemment. Maintenant, les bateaux de tête sont beaucoup trop loin, on ne peut plus les rattraper, et ceux de derrière ont visiblement moins de potentiel. C'est intéressant de se battre avec des personnes qui sont dans le même système météo, ça permet de voir l'intelligence des stratégies et des tactiques.

Vous aviez déjà passé le Cap Horn plusieurs fois, les émotions sont-elles toujours les mêmes?

Oui bien sûr. Le caillou est toujours aussi gros et placé dans un endroit où la météo est toujours aussi pourrie. La dangerosité n'a pas non plus changé et on a sans cesse l'impression qu'on succède à des centaines de bateaux qui ont déjà fait naufrage à cet endroit-là. C'est un endroit vraiment difficile et le passer donne la sensation d'être libéré des Mers du sud qui sont dures, sauvages. C'est un retour à quelque chose de plus civilisé.

Donc selon vous, le pire est derrière...

Oui, je pense, du moins au niveau du danger objectif. Après, c'est vrai que dans l'Atlantique les systèmes météo sont bien plus complexes. Les conditions changent très souvent et ça rend la navigation plus intense. C'est compliqué de remonter vers le nord avec les anticyclones et les passages de fond, qui provoquent des situations délicates. On est dans une zone où il y a plein de cargos, des avions, mais on est en terrain connu. Même si le vent peut être fort dans l'Atlantique, ça n'a rien de commun avec les tempêtes qu'on peut rencontrer dans les Mers du sud.

Voir Alex Thomson rivaliser avec le podium avec un bateau de même génération que le votre, ça vous laisse des regrets?

Il n'est pas impossible de penser qu'il y avait mieux à faire. Il faut surtout voir qu'Alex navigue extrêmement bien et qu'il arrive à tirer des vitesses de son bateau que je n'imaginais pas. Ce qu'il fait en ce moment est remarquable. Je ne fais pas trop d'analogies avec moi dans le sens où on est dans des systèmes météo tellement différents que ça fait longtemps qu'on n'a pas le même vent et on ne peut donc pas comparer.

Après 60 jours de course, comment vont le bateau et le skipper?

Moi, je suis en pleine forme. Physiquement, j'ai vraiment tout le potentiel et j'ai une bonne pêche. Le bateau, lui, sent un peu plus la fatigue. Le grand gennaker est au fond d'un trou et je n'ai pas encore pu le récupérer et donc je n'ai pas pu travailler avec. C'est vraiment handicapant. Quand on est privé d'une grande voile comme ça, c'est très embêtant, il faut absolument que j'arrive à le ressortir. Autrement, il y a quelques points d'usure, des poulies qui ne tournent plus, des boutes qu'il faut soigner mais rien de très grave. Il est clair que le bateau est plus fatigué que le skipper.

Est-ce qu'à l'image de Mike Golding, vous avez passé hier votre dernier Cap Horn sur le Vendée Globe?

Je n'en sais rien du tout. Pour l'instant, je gère au jour le jour, voire sur trois jours avec les prévisions météo, mais je dois avouer que je n'ai pas le recul nécessaire pour savoir ce que je vais faire l'année prochaine ou dans 10 ans.

Au début de la course, vous annonciez que les contacts avec les autres concurrents seraient probablement plus nombreux dans les Mers du sud. Est-ce que ce fût le cas?

Oui j'ai eu quelques contacts, que ce soit par mail, ou par iridium, mais c'était assez peu par rapport à ce que je pensais. On est tous assez stimulés par les médias donc on n'a pas de temps supplémentaire dans le nord. Au contraire, dans les Mers du sud, les journées sont inversées donc la nuit en Europe, les médias dorment, et nous, skippers, pouvons échanger plus. Maintenant, on est de nouveau synchronisés avec l'Europe donc les contacts vont redevenir plus rares.

Vous déclariez aussi que le Vendée Globe était l'expérience ultime pour repousser ses limites. Êtes-vous satisfait des sensations sur cette édition?

Absolument. On va jusqu'au bout de l'investissement physique et de la gestion du stress. On pousse énormément tout en cherchant à rester intelligent. On va toujours chercher ses limites et je suis toujours très content de voir que malgré les années, on réussit encore à travailler sur ces limites-là et à en sortir indemnes.

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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