
De report en report et de jour en jour, la 34e Coupe de l’America réserve son lot de surprises inattendues. Ce samedi l’élément perturbateur demeurait le vent, non plus sa force mais sa mauvaise direction.
Trop de vent puis pas assez, puis dans le mauvais sens... Les éléments se déchaînent depuis cinq jours et reportent le sacre attendu des Néo-Zélandais à seulement un point de ramener l'aiguière d'argent dans leurs bagages. Habituellement calé comme une horloge suisse, le vent de la baie de San Francisco souffle de la partie ouest, c’est à dire du pont du Golden Gates. Chaque jour, à partir de 11h30, il ne cesse de monter en intensité jusqu'à se stabiliser vers 15h au dessus des 20 nœuds. Ce samedi un front pluvieux a déréglé l'horloge, douchant les Américains pendant près de deux heures sous une dizaine de nœuds orientés au sud.
Les deux équipes ne voulaient pas régater
Là, réside le problème: un vent de secteur sud rend la mise en place d'un parcours quasi impossible à cause de la l’espace qu'il prendrait dans la baie et de la gène qu'il occasionnerait sur le trafic maritime. Par vent d'ouest, le parcours est idéalement placé le long des quais où les spectateurs s'amassent en nombre. Mais venant du sud, ceux-ci ne verraient qu'un sixième de la régate. Autre point non négligeable, l'avis des premiers concernés : les marins. Que ce soit le defender ou le challenger, les deux finalistes de la 34e Coupe de l'America avaient émis "leurs réticences à régater sur un parcours différent et dans des conditions piégeuses", avouait Iain Murray, le directeur des courses, avant d'ajouter: "et ce, pour conserver l'équité sportive". À 14h30 heure locale le comité de course tranchait : courses reportées. Kinley Fowler, équipier remplaçant d'Oracle Team USA confirma le phénomène exceptionnel sur son compte Twitter : "en deux ans à San Francisco je n'ai jamais vécu une situation pareille".
Pour convenir aux retransmissions de la NBC
Cette semaine, Iain Murray, le directeur de course, a essayé tant bien que mal de lancer les courses dans de bonnes conditions. Mais des vents, d'abord trop forts, l'ont contraint à annuler la journée de mardi, avant de reporter deux fois de suite (mercredi et jeudi) les deuxièmes courses prévues en partie à cause du fort courant qui abaissait la limite initialement fixée à 23 nœuds. Vint ensuite le manque de vent de vendredi où le temps limite de la course - établi à 40 minutes pour convenir aux retransmissions de la NBC - joua de mauvais tour aux Kiwis: ils étaient en tête de la manche numéro 13, la Coupe de l'America presque entre leurs mains et à quelques centaines de mètres de la ligne d’arrivée, lorsque la manche fut stoppée.
Les tribunes se vident
Pendant ce temps, les Américains tirent profit de la situation: ils restent sur deux victoires de rang face aux Néo-Zélandais, un peu déboussolés par cette météo capricieuse. Cependant le public commence aussi à se lasser. Jour après jour les responsables de l'organisation multiplient les appels au micro pour faire revenir les curieux mais la tâche paraît compliquée: les tribunes du Marina Green affichent un taux de remplissage de plus en plus faible, faisant craindre une finale déserte. Beaucoup de supporters repartent également dans leur pays ce weekend, frustrés et sans connaître le nom du vainqueur. La fin officielle de la Coupe était prévue ce 21 septembre.
Que retiendrons-nous de cette 34e Coupe ? "Des bateaux et des marins d'exception", assure Iain Murray, serein sur la météo annoncée ce dimanche. Pas de chute de neige en vue mais un tsunami n'est pas à exclure.