Transat Jacques Vabre : le bonheur des premiers arrivés en attendant le sacre des Ultimes
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Primonial vainqueur
Rogues et Souben, vidés mais heureux. Le tandem, associé pour la seconde fois sur la course en double, a laissé éclater sa joie après avoir été le premier des 75 bateaux encore en course à couper la ligne dans la baie de Fort-de-France, à 21h54 lundi heure locale (2h54 heure de Paris).
Ils remportent ainsi la course dans la catégorie des Ocean Fifty (multicoques de 15 m), l'une des quatre classes de voiliers engagées sur la course. Les organisateurs ont mis en place trois parcours différents en fonction de la classe du bateau pour permettre une arrivée relativement groupée.
"C'est beaucoup de bonheur, on est heureux des efforts qu'on a fournis pendant quinze jours. C'est génial ! C'est des moments rares dans une vie, et ça, ça n'a pas de prix", a lancé un large sourire aux lèvres Rogues, qui répondait aux journalistes depuis son bateau amarré au ponton éclairé par la pleine Lune et en l'absence de public en raison du couvre-feu en vigueur en Martinique.
Les deux marins sont arrivés avant les bateaux les plus rapides du monde, les Ultimes, qui ont un parcours un tiers plus long que les Ocean Fifty, et dont l'actuel leader, le tandem Franck Cammas/Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild) est attendu à partir de la mi-journée mardi (heure de Paris).
"Ca fait toujours plaisir d'arriver avant les Ultimes, faut le dire! Ils n'avaient vraiment pas le même parcours que nous et, de toutes façons, ça reste les plus beaux bateaux du monde avec les meilleurs marins du monde. Ça, ça ne changera pas. Mais il y a peu de chance dans la vie où tu peux gagner la Jacques Vabre et encore moins la gagner devant les Ultimes alors peut-être que celle-là, ce sera la seule de notre vie", s'est réjoui Rogues.
La course a été éreintante, physiquement mais aussi psychologiquement en raison de la dimension stratégique qui a prévalu dès le départ du Havre et pour l'ensemble de la flotte de cette quinzième édition.
"Cette Transat Jacques Vabre a été plus longue que prévue, on s'est tous fait un peu surprendre, c'était beaucoup d'engagement psychologique. On n'a pas eu les grandes tempêtes de novembre à traverser dans le golfe de Gascogne mais par contre ça a été très stratégique, le jeu d'échecs sur l'Atlantique a commencé dès Ouessant, donc très tôt. Du coup, on a laissé énormément d'énergie là-dedans", a résumé Souben.
Erwan Le Roux et Xavier Macaire s’offrent une 2e place avec panache !
À 5h22 (heure de Paris), c’est au tour d’Erwan Le Roux et Xavier Macaire de franchir la ligne d’arrivée. Le duo a bouclé les 5 800 milles du parcours, terminant ainsi deuxième dans leur catégorie des Ocean Fifty au terme d’une course haletante. Le Trinitain signe ainsi son sixième podium (dont trois victoires) sur l’épreuve tandis que son co-équipier, Figariste de talent, s’octroie un premier succès en multicoque.
« Une transat, ce n’est pas une normalité. Ça reste une épreuve éprouvante pour le corps. La fatigue s’accumule vite : dans des conditions humides et chaudes les efforts à fournir dans les manœuvres sont difficiles et il faut parallèlement mener des réflexions stratégiques. Pour autant, nous arrivons lucides et frais et je pense que c’est ce qu’il faut un résultat », a relaté le Morbihannais qui n’a jamais cédé non plus sous la pression du duo Sam Goodchild – Aymeric Chappellier revenu très fort peu avant le passage de l’archipel de Fernando de Noronha. « Pour qu’il y ait une belle régate, il faut des bons concurrents et je pense qu’avec Leyton, Primonial et Solidaires en Peloton - ARSEP et toute la classe de manière générale, c'était assez serré. Il n’y a pas eu de gros écarts et la régate a été intense. Cette deuxième place nous va à merveille. Je remercie mon équipe et celle qui a construit le bateau. Je remercie également l’ensemble des collaborateurs de Koesio dont le soutien a été précieux à chaque instant », a ajouté Erwan, alors rejoint par son acolyte : « Je suis très content de cette participation avec Erwan. Ça a été une belle aventure à bord d’un beau bateau, avec des supers partenaires et un beau skipper ».
Leyton s’empare de la 3e marche du podium
C’est à 6h42 (heure de Paris) que le trimaran Leyton, skippé par Sam Goodchild et Aymeric Chappellier a franchi la ligne d’arrivée. Sam et Aymeric décrochent la 3e place en Ocean Fifty et n’auront rien lâché depuis le départ du Havre. Ils terminent seulement trois heures et 48 minutes derrière le vainqueur, Primonial.
Sam et Aymeric, accompagnés de leur routeur, Marcel Van Triest, ont réalisé une magnifique remontée malgré un démarrage de course compliqué. 5e aux Canaries puis au Cap-Vert, le duo qui a dominé la saison lors du Pro Sailing Tour reste concentré et commence à amorcer une belle attaque à la faveur d’une bonne lecture du plan d’eau au passage du Pot-au-Noir. “ Nous avons trouvé un bon trou de souris pour passer le Pot-au-Noir, ce qui nous a permis d’avoir un meilleur angle par rapport aux autres, ça nous a ramené dans le match ” explique Sam.
Sam et Aymeric sont les deuxièmes à enrouler l’archipel Brésilien de Fernando de Noronha. Ils ne sont alors qu’à une cinquantaine de milles de Primonial, leader depuis Les Canaries. L’archipel franchi, il reste encore 2 000 milles devant les étraves de Leyton… Tout reste possible. Koesio, Erwan le Roux et Xavier Macaire, est lui aussi dans le jeu pour le podium et le match s’intensifie entre les trois bateaux. Un match que les compétiteurs de Leyton adorent !
Une longue bataille d’empannages se dessine alors le long des côtes brésiliennes. Peu après Fernando de Noronha, Koesio réussit à se glisser devant Leyton. Au coude-à-coude avec Erwan Le Roux et Xavier Macaire jusqu’à l’arrivée, Sam et Aymeric prennent finalement la troisième place de cette Transat Jacques Vabre. Ils commencent à bien se connaître et ont fonctionné au diapason pendant ces presque 16 jours de course. Au ponton, les deux hommes tout sourire avouaient leur satisfaction d’avoir vécu une course intense à la barre d’une magnifique machine de course. Leyton est un bateau rapide et sensible à la barre, un bateau exigeant aussi. C’était la première transat de Sam et Aymeric en Ocean Fifty et visiblement, ils ont tous les deux apprécié l’exercice ! “Ce sont des bateaux extraordinaires qui peuvent aller très vite, donc il faut faire attention. Nous avons appris énormément de choses." conclut Sam avant de quitter le ponton pour savourer, avec l’ensemble du Team Leyton, cette superbe troisième place.
Une fois les marins débarqués, les bateaux sont mis en sécurité dans un autre endroit que le village de la course à la suite d'une décision prise lundi soir par la directrice générale Caroline Caron.
"Nous avons eu une alerte émanant d'un possible rassemblement qui pourrait potentiellement voir des dégradations qui peut-être n'existeront jamais parce que, comme on voit, c'est très calme, on n'a pas de signaux d'urgence", a expliqué Mme Caron.
La décision a été prise à la suite de la manifestation qui s'est déroulée, sans incident, sur l'île lundi, à l'appel d'organisations syndicales protestant notamment contre l'obligation vaccinale des soignants. Certains manifestants sont notamment entrés dans le village de la course.
L'installation du village d'arrivée de la Transat Jacques Vabre à Fort-de-France avait fait l'objet de critiques de la part de mouvements anticolonialistes.
Après les Ultimes, les projecteurs seront sur les Imoca (les bateaux du Vendée Globe, monocoque de 18 m), dont le podium se jouera a priori dans la journée de jeudi, puis sur les Class 40 (monocoques de 12 m), attendus le 30 novembre.
Pour retrouver l'intégralité du classement, c'est par ici !
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