Transat Jacques Vabre 2023 : comme un lundi matin, au nord et au sud de l'océan…

Par Figaronautisme.com

Ce lundi, les affaires reprennent de plus belle sur l’échiquier de l’Atlantique. Notamment pour les Sudistes, qui en IMOCA, comme en Class40, se régalent dans l’alizé bien établi. D’autant que pour ne rien gâcher, avec des bateaux très proches les uns des autres, le plaisir de régater au beau milieu de l’océan est au rendez-vous. Mais pour les occupants des quartiers nord aussi, les conditions, moins idylliques, n’en garantissent pas moins aujourd’hui de donner lieu à une compétition océanique qui ne manque pas de panache. Avant l’arrivée dans quelques jours d’un prochain système dépressionnaire qu’il faudra esquiver au mieux sur cette route engagée...

« Le soleil se lève dans le tableau arrière, on a un alizé bien sympa pas trop fort, une mer plate, et ça attaque sévère, car For People a bien charbonné cette nuit, donc nous aussi on met du charbon ». À bord de Parec Arkéa, Yann Eliès apprécie à sa juste mesure ce début de semaine sur l’autoroute du sud. Avec le joli score de 415 milles parcourus sur les dernières 24 heures et des vitesses de 23-24 nœuds au speedo, les chiffres, affichés au classement de 9 heures par le duo du bateau rouge et bleu, parlent d’eux-mêmes. Pas de répit, même s’il faut aussi,  comme en convient le co-skipper de Yoann Richomme : « ménager la monture, pour arriver de l’autre côté avec un mât et deux foils ».  Le mot du jour, donc : « attaquer en bonne intelligence, en profitant d’avoir un peu d‘air dans des conditions idylliques pour nos bateaux ».

« On se tire la bourre avec deux autres bateaux (Charal et For People, NDR) et à chaque classements on regarde à combien de milles, de nœuds on fait en moins ou en plus, c’est super excitant », poursuit Yann qui ne manque pas non plus de suivre avec attention la progression de teamwork.net au nord, dont il salue la course. « Ce n’est pas facile de connaître leurs capacités à maintenir les routages, on les trouve courageux. Julien (Villion) est un météorologue hors pair, et il a compris qu’il avait mangé dans la dorsale et qu’il n’avait qu’une solution, c’était d’aller dans le nord. C’est une route dure pour les bonhommes et les bateaux. On espère qu’ils vont arriver après nous, la tendance est qu’on arrive derrière eux, mais moins qu’avant. Cette dernière semaine va être hyper excitante. Pour l’instant on joue avec nos copains du sud ; et c’est sympa. »

Et au nord, alors ?

« … On n’est pas si mal ! Je viens de vivre un super lever de soleil, Pierre (Le  Roy) est en train de se reposer, on a papoté un peu à la VHF avec Bilou et Guirec (de freelance.com) »,  confirme  Benjamin Ferré, à bord de Monnoyeur Duo For a Job, premier des bateaux à dérives, l’un des plus rapides de sa catégorie. « J’ai vu que les foilers ont mis la pédale sur l’accélérateur. Mais nous, on se tire la bourre aussi. On file vers le grand ouest. On est sur un long bord de près en bâbord depuis plusieurs jours ; et c’est chouette de voir les copains à l’AIS (Automatic Identification Système). On fait un long speed test ; et c’est marrant. » La cartographie en atteste. La régate est aussi très serrée dans les rangs du deuxième peloton du nord, où progressent  Five Group - Lantana Environnement, Medallia, ainsi que  Foussier - Mon Courtier Energie, qui s’accroche.

D’autant plus que les choses promettent de se corser sur une « route engagée ». « Le gros enjeu est pour jeudi à l’arrivée d’une dépression secondaire qui se créée dans le sud du passage d’une dépression tropicale », qui passera plus au nord. «  Il faudra bien la négocier pour ne pas tout casser et ne pas nous mettre en danger », poursuit Benjamin qui s’est fait une raison et accepte, bon joueur, de ne pas beaucoup envoyer le pépin sur les chemins qu’il emprunte. « C’est marrant de se dire qu’on a fait que du près depuis le début et que c’est possible qu’on ne fasse pas un seul empannage jusqu’à l’arrivée, c’est cocasse pour une transat. On savait que l’option nord passerait par le passage de cette dépression tropicale, en tous les cas on la jouera safe », rassure-t-il.  Pour l’heure, il profite des conditions maniables, dans 16-17 nœuds de sud-est, pour emmagasiner du sommeil et des bonnes forces - « pastas avec du pesto et du parmiggiano » à la clé.

Nord ou sud ? C’est toujours la question...

Plus au sud, chez les Class40, qui ont touché l’alizé au large des côtes africaines après le passage hier des Canaries, le débat nord/sud reste ouvert. « Il y a deux manières d’arriver en Martinique, une route sud et une au nord. À ce stade je ne sais pas laquelle on va prendre. On essaye de retarder au max le moment de faire ce choix tranché », explique Nicolas d’Estais, toujours bien positionné aux avant-postes, après une semaine de course. « Dans deux jours, il faudra se décider : aller au nord avec des phénomènes qui balayent la zone et avec une très grosse dépression, qui va sûrement avoir un nom. Ce phénomène permet d’aller vite, mais il est assez inquiétant. Donc la question est : est-ce que tu mises dessus, ou est-ce que tu choisis la sécurité », explique le co-skipper de Café Joyeux. Un bateau qui porte bien son nom ce matin lundi à l’heure du petit-déjeuner : « en terrasse, dans le cockpit avec une superbe vue, un beau lever de soleil, le bateau au portant et tous les indicateurs au vert. »

Preuve s’il en est, que le bonheur est toujours dans l’alizé. Et ce ne sont pas les Ocean Fifty qui diront le contraire, qui progressent au pas de trois à  21-23 nœuds de vitesse constante…

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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